Aujourd’hui 3 septembre, en début d’après midi, une deuxième vague de chars turcs est entrée en Syrie, dans le cadre de l’opération dite “bouclier de l’Euphrate”. Entrée par la zone frontalière de Çobanbay, l’opération est décrite comme une “deuxième étape” dans la lutte contre le “terrorisme”… dont on sait qu’elle vise surtout les combattants Kurdes de la région d’une part, et surtout à interdire toute jonction des cantons du Rojava entre eux, et les déstabiliser de fait à moyen terme. Les combats de ces derniers jours ont également cherché à diviser les FDS, et séparer les combattants arabes des YPG, en les opposant sur des conflits d’intérêts territoriaux, sur fond de chantage à l’aide du grand frère US, présent lui, des deux côtés à la fois…
L’attaque turque d’aujourd’hui est officiellement effectuée pour “stabiliser et occuper la région frontalière”… La fameuse “zone tampon” réclamée par le régime turc depuis deux ans et plus…(les distances sur la carte sont en dizaines de kilomètres).
Cette attaque ne peut qu’avoir l’aval des “puissances” régionales et internationales, et est, rappelons le, effectuée de fait par un membre de l’OTAN, au sein du bourbier syrien. Cela n’a pas l’air d’affoler outre mesure la dite “communauté internationale”. La dynamique politique du Rojava est réellement en danger… Puisqu’elle dérange tout le monde en Syrie et ailleurs.
La propagande va bon train dans toute la presse turque aux ordres d’Erdoğan, y compris celle dite “de centre gauche” liée encore au CHP.
“La Turquie nettoie le terrorisme à ses frontières”.
En pénétrant sur une bande de 25 km près de Jarablus, pour “effacer la ligne frontière” (c’est le terme employé), près de Kilis et Çobanbay, plusieurs dizaines de chars sont entrés dans une deuxième phase du plan “Euphrate”. Des roquettes ont été tirées sur les petites villes proches, des deux côtés…
“La force du turc”, ce slogan nationaliste, s’étale dans les commentaires des médias, même si les mots sont plus discrets, avec les images de chars en illustration. Pas de censure sur l’image, mais un seul communiqué qu’on retrouve en copié collé partout, pour justifier le “nettoyage” et la “sécurisation”. Une vidéo de chars, complaisamment diffusée, a pour fond sonore le crépitement des appareils photos, ce qui montre la “médiatisation” voulue à l’avance. Des amis à Istanbul nous ont confirmé cet aspect.
Daech est officiellement présent dans la zone… Mais on sait que déjà, pour Jarablus, les combats n’étaient guère dirigé contre eux, ceux-ci s’étant “repliés”… La carte ici, montre bien les distances entre les zones “tenues” par les uns et les autres. Elles sont très courtes, et peuvent varier très vite, dès lors où la noria de chars est entrée en lice.
Depuis quelques jours, l’offensive turque avait divisé le front des vainqueurs de Manbij. En réalité, les forces spéciales américaines, avaient largement contribué, sur fond de déclarations officielles, à casser l’unité crée. Rappelons que les Etats-Unis sont en période électorale, et temporisent. Voilà pourquoi “l’allié” turc de circonstances, après tout membre de l’OTAN, est une valeur sûre en ce moment, d’autant que la Russie acquiesce…
La troisième phase “bouclier de l’Euphrate”, sera celle de la “sécurisation”, donc de l’occupation. C’est dans le copié-collé “officiel” diffusé aujourd’hui par l’agence “officielle”, et que reprendrons sans doute les médias en Europe : Enfin une “zone de paix” en Syrie… On risque bien d’avoir des titres dans le genre d’ici peu, et peut être de “canards” qu’on attendrait pas là.
La campagne médiatique sur le thème “les YPG divisent” est arrivée jusqu’à nous, et a préparé le terrain à une acceptation du moindre mal à la frontière turque.
Le Rojava ? C’est quoi ça ?