La tor­ture se porte bien oui. C’est une vieille dame en forme, vio­lente et cru­elle, injuste et effroyable.

Il y a des endroits qu’elle affec­tionne. Des peu­ples sur lesquels elle s’acharne. Des dic­tatures aux­quelles elle adore offrir ses charmes monstrueux…

Elle a pris longtemps ses quartiers dans la prison rouge, à quelques kilo­mètres de Souley­manieh, au Kur­dis­tan d’Irak. Et s’exerçait aux pires sup­plices là, dans ce bâti­ment aujourd’hui vide, sur des opposants au régime de Sad­dam, aujourd’hui encore han­tés par les cris et les cauchemars.

De 1985 à 1991, le bâti­ment en béton grossier a vu défil­er dans ses geôles des cen­taines de mil­i­tants kur­des, accusés de “sub­ver­sion” par le régime.

Pesher­aw, un ancien détenu, revient sur les lieux. La caméra, sen­si­ble et dis­crète, d’Ismaeel Omar Ali l’accompagne dans ses sou­venirs ter­ri­bles. Depuis 1996, le lieu est devenu un musée con­sacré aux hor­reurs de la tor­ture sous le dic­ta­teur et les errances de Pesher­aw dans les couloirs vides nous mènent au fil des pas dans le passé pas si loin­tain de cette prison où chaque pièce était dédiée à une tor­ture dif­férente. Et pas besoin de beau­coup d’imagination pour enten­dre les cris réson­ner dans le silence. Pour voir les corps enchaînés s’entasser dans des cel­lules minuscules.

Il faut faire un effort, cepen­dant, mais il est essen­tiel, pour ramen­er avec nous ces images au présent, dans les geôles turques ou syri­ennes, où les dic­tatures con­tin­u­ent sans relâche d’user des pires vio­lences, avec sadisme et acharne­ment, con­tre les Kur­des, les opposants, les mil­i­tants, les innocents.

Et pour pren­dre la mesure du futur si dif­fi­cile à recon­stru­ire quand on garde en soi, sur soi, le sou­venir des sup­plices et les séquelles de la torture.

Un court métrage doc­u­men­taire dur et néces­saire, filmé avec retenue et sen­si­bil­ité par un des appren­tis réal­isa­teurs for­més par Alter­doc dans le cadre des ate­liers DOKU, une belle ini­tia­tive menée entres autres par Bau­douin Koenig et Ful­via Alber­ti, pas­sion­nés d’image et de transmission.


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