Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV, un retour sur la semaine du 20 au 26 novem­bre 2016. Il s’ag­it de l’émis­sion régulière en langue française, que vous trou­verez aus­si ici, chaque semaine.

Vidéo et texte en français

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Les gros titres :

Min­bij — Agres­sion des forces turques
Min­bij et Bab — Analyse de la situation
Sur la fron­tière de Roja­va — AKP, DAESH, Al Nos­ra, Ahrar Al Sham
Qamish­lo — Ouver­ture d’une université
Coup d’é­tat de l’AKP — Les purges se poursuivent
Sela­hat­tin Demir­tas — HDP — Début du procès à Mardin
Kur­dis­tan du Nord — Bakur  — Mépris du pou­voir pour les pop­u­la­tions kurdes
Europe — Gel des négo­ci­a­tions avec la Turquie
25 Novem­bre — Journée du refus de la vio­lence con­tre les femmes


MINBIJ
AGRESSION DES FORCES TURQUES

La ville de Min­bij avait été libérée du Daesh au mois d’aout grâce à l’effort des Forces Démoc­ra­tiques Syri­ennes et du Con­seil Mil­i­taire de Min­bij. Aujourd’hui, les forces armées turques attaque­nt les habi­tants et ces forces armées qui avaient repoussé le Daesh.

Le com­man­de­ment général du con­seil mil­i­taire de Min­bij a par­lé d’une attaque lâche : c’est depuis les airs que les forces armées turques bom­bar­dent les vil­lages à l’est de Min­bij depuis dimanche dernier. Les vil­lages de Şex Nasir, de Qert, de Wer­an et de Elan ont tous été bom­bardés. Un com­bat­tant a été tué et trois autres blessés lors de la pre­mière vague d’attaques.

Le lende­main, les mil­i­taires turcs pilon­naient à l’artillerie et aux mis­siles les posi­tions des com­bat­tants du con­seil mil­i­taire de Min­bij à hau­teur du vil­lage de Şex Nasir. Le vil­lage de Ilan, où vivent de nom­breux civils, a lui aus­si été visé par les tirs de mis­siles turcs.

Mar­di soir, une nou­velle frappe aéri­enne de la Turquie tuait 6 habi­tants du vil­lage de Subil Weran.

Les forces armées turques ten­tent de pro­gress­er en com­pag­nie des dif­férentes ban­des armées qu’elles ont réu­nies au sein de l’opération « colère de l’Euphrate ».

Mer­cre­di, les ban­des armées et les sol­dats turcs attaquaient le vil­lage de Qirtwer­an et de Cibildemê. De nou­veau, c’est avec les avions que les mil­i­taires turcs appuient leurs troupes au sol.

Jeu­di, c’était au tour des vil­lages de Mediq, Box­az et Ulaşli d’être bombardés.

Mais la résis­tance des com­bat­tants du Con­seil mil­i­taire de Min­bij est vigoureuse : 5 tanks turcs ont été détru­its au cours des opéra­tions mil­i­taires autour de Min­bij lors de cette semaine. Les sol­dats turcs ne parvi­en­nent pas non plus à pass­er les lignes défen­sives mis­es en place par les com­bat­tants de Min­bij, déjà forts de leur vic­toire con­tre Daesh en août.

Les habi­tants de tous ces vil­lages situés à l’ouest de la ville de Min­bij s’enfuient. Ils sont des cen­taines à avoir été recueil­lis par les com­bat­tants du CMM qui les emmè­nent vers des zones sécurisées.

MINBIJ ET BAB
ANALYSE DE LA SITUATION

Les vil­lages à prox­im­ité de Min­bij sont sous les bombes turques. Plus à l’est, à Bab, les forces turques ten­tent sans suc­cès de pren­dre la ville et, selon les com­men­taires du prési­dent Erdo­gan, de repar­tir de là vers la ville de Min­bij, qui serait prise en étau.

Mais que veut la Turquie dans la région de She­h­ba et le long de la ligne qui s’étend depuis la ville de Jarablus à Azaz ? Le pro­jet d’Erdogan est d’empêcher à tout prix que les forces démoc­ra­tiques syri­ennes ne parvi­en­nent à ouvrir un cor­ri­dor dans la région, un cor­ri­dor qui per­me­t­trait de désen­claver le can­ton kurde d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, et de le reli­er ain­si au can­ton de Kobani.

Le pre­mier objec­tif mil­i­taire de la Turquie est donc la ville de Bab, tou­jours entre les mains du Daesh. Une fois Bab reprise, l’armée turque et toutes les ban­des armées qu’elle a réor­gan­isées pour­raient par­tir vers la ville de Raqqa ou vers la ville de Minbij.

Pour men­er son attaque sur Bab, la Turquie a dû con­va­in­cre la Russie de lui laiss­er le pas­sage en échange de la ville d’Alep. Cet accord pré­sumé entre la Russie et la Turquie passe mal auprès des autorités de Damas ain­si que du côté iranien. Des forces loy­al­istes syri­ennes ont d’ailleurs tiré sur les sol­dats turcs, leur faisant com­pren­dre qu’il ne faut pas venir à Bab.

Du côté améri­cain, on tente de ménag­er la chèvre et le chou : Les Etats-Unis ont claire­ment fait com­pren­dre qu’ils n’accepteraient pas d’avancée des forces démoc­ra­tiques syri­ennes à l’ouest de Min­bij, afin de respecter leur accord avec la Turquie. Les com­bat­tants du con­seil mil­i­taire de Min­bij qui ten­tent de rejoin­dre Bab ont d’ailleurs été bom­bardés par les avions turcs sans qu’il n’y ait de réac­tion américaine.

Enfin, il y a entre les zones d’exclusion aéri­ennes améri­caines, russ­es et irani­ennes un couloir d’une pro­fondeur de 18 km en plein milieu de la région de She­h­ba. Dans ce couloir, les rap­ports de force et les équili­bres poli­tiques et stratégiques se mod­i­fient d’heure en heure.

En atten­dant, l’approbation par les Etats-Unis de l’attaque turque sur Min­bij a provo­qué la qua­si fin de l’opération des FDS menée con­tre le Daesh sur la ville clé de Raqqa. C’est déjà un suc­cès pour la Turquie qui parvient ain­si à pro­téger son allié. Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes ont en effet dû annon­cer ce ven­dre­di qu’elles se remet­taient à la dis­po­si­tion du con­seil mil­i­taire de Min­bij alors que les derniers sol­dats YPG avaient quit­té la ville il y a une semaine.

Mil­i­taire­ment, la prise de Bab ou de Min­bij par la Turquie est cepen­dant vouée à l’échec : toutes les offen­sives menées par les forces armées turques et par les ban­des armées (Ahrar al sham, Brigade sul­tan Murat, Brigade Nurredin Zen­ki, Al nos­ra..), sont blo­quées par la résis­tance des forces démoc­ra­tiques syri­ennes et par le con­seil mil­i­taire de Min­bij, que ce soit à Bab ou près de Min­bij, mal­gré le sou­tien des avions de guerre turcs. Et même si les forces turques soutenues par toutes ces ban­des armées arrivaient à pren­dre Bab, elles auraient bien du mal à con­serv­er la ville.

SUR LA FRONTIÈRE DU ROJAVA
AKP- DAESH-AL NOSRA-AHRAR AL SHAM

Depuis le tout début de la révo­lu­tion du Roja­va, quand les villes du nord ont été repris­es au régime en juil­let 2012, la Turquie n’a jamais cessé ses attaques tout au long des 900 kilo­mètres de fron­tière qu’elle partage avec le Roja­va. Mais depuis le début de l’opération mil­i­taire turque « Colère de l’Euphrate », les agres­sions atteignent un niveau jamais atteint.

Petit rap­pel : le 8 novem­bre 2012, une attaque sur Sérikanié fai­sait 10 morts par­mi les civils. Depuis le poste fron­tière de Cey­lan­pinar, des cen­taines de mem­bres des ban­des armées ten­taient d’envahir la ville. Sur les corps des envahisseurs tués, on retrou­vait déjà des traces impli­quant le pou­voir AKP dans cette agression.

Lors de l’attaque du Daesh sur la ville de Kobani, en sep­tem­bre 2014, et jusqu’à la vic­toire finale des unités kur­des YPG et YPJ en jan­vi­er 2015, l’Etat turc a organ­isé le réap­pro­vi­sion­nement en armes et en com­bat­tants du Daesh. Des pho­tos avaient même émergé, mon­trant les sol­dats turcs prenant la pose avec les mem­bres de Daesh.

Le 25 juin 2015, le Daesh relançait une attaque sur Kobani, en avançant sur trois fronts, dont deux notam­ment depuis la Turquie. Un véhicule piégé de Daesh défonçait les lignes de sécu­rité kur­des devant le poste fron­tière, après avoir tran­quille­ment dépassé les mil­i­taires turcs en fac­tion de leur côté. Au total, 251 civils avaient été tués, dont 35 enfants.

Rap­pelons aus­si le sort de Gire Sipi, ce 27 févri­er. 291 mem­bres du daesh avaient été tués lors d’un nou­v­el assaut repoussé par les YPG, mais 23 civils et 43 mem­bres des YPG devaient y per­dre la vie. Juste avant l’attaque du Daesh, les sol­dats turcs avaient pré­paré le ter­rain en tirant sans arrêt pen­dant 4 jours avec des mitrailleuses lour­des de type DSHK sur les posi­tions des défenseurs YPG.

Après l’attaque, de nou­veaux doc­u­ments ren­dus publics ont encore per­mis de faire le lien entre cette attaque du Daesh et le MIT, les ser­vices de ren­seigne­ments turcs.

En plus de ces attaques mas­sives coor­don­nées par la Turquie et menées par le Daesh, les sol­dats turcs tirent à l’arme lourde sur tout ce qui bouge le long de la fron­tière, du côté syrien.

Or, les champs des vil­la­geois se trou­vent tout le long de cette fron­tière, et le tra­vail des agricul­teurs est devenu totale­ment impos­si­ble : même le bétail est visé par les sol­dats turcs. Les fer­miers et les berg­ers ne peu­vent plus aller nour­rir leurs bêtes sans se faire tir­er dessus.
Les chiffres sont élo­quents : pour l’année 2015, les sol­dats turcs avaient mené 22 agres­sions sur le sol du Roja­va. Pour l’année 2016, on en est déjà à 152 attaques.

L’espace aérien est per­pétuelle­ment vio­lé par des drones ou par des héli­cop­tères. Il y a eu aus­si une attaque aéri­enne menée directe­ment sur le can­ton d’Afrin, des travaux de con­struc­tion de murs et de fos­sés tout au long de la fron­tière, des destruc­tions mas­sives de ter­res agri­coles et de plants d’oliviers.

QAMISHLO
OUVERTURE D’UNE UNIVERSITÉ

L’université du Roja­va a été inau­gurée à Qamish­lo le week­end dernier. Cette uni­ver­sité for­mera les futurs ingénieurs et pro­fesseurs dans leurs dis­ci­plines, mais elle les pré­par­era égale­ment à la cul­ture de la démoc­ra­tie et de la coex­is­tence paci­fique entre les peu­ples de la région.

Dans la nou­velle uni­ver­sité, les étu­di­ants pour­ront se for­mer à la pétrochimie, aux tech­niques d’extraction du pét­role, à l’agronomie, à la péd­a­gogie, aux langues et à la littérature.

Cette uni­ver­sité est créée dans un pays où les habi­tants con­tin­u­ent de tomber sous les bombes. Elle con­stitue un espoir pour met­tre en place une société frater­nelle, où l’on dévelop­pera un nou­veau sens de la com­mu­nauté et une nou­velle cul­ture de la démocratie.

Comme l’a rap­pelé le min­istre de l’éducation du can­ton de Cezire, Sal­ih Abdo, le plus impor­tant des défis est celui de l’éducation, car c’est par là que l’on intro­duira les vrais changements.

COUP D’ÉTAT DE L’AKP
LES PURGES SE POURSUIVENT

Le rythme des arresta­tions menées dans les milieux poli­tiques ne faib­lit pas : les élus des par­tis HDP et DBP sont par­ti­c­ulière­ment visés. Lors de ces procès poli­tiques, les peines de prison sont très sévères.

Ahmet Turk, le co-bourgmestre de la métro­pole de Mardin a été arrêté lun­di chez lui et emmené auprès des ser­vices des unités anti-ter­ror­istes. Lors de cette rafle, les deux co-bourgmestres de Artuk­lu ont égale­ment pris le chemin de la prison : il s’agit de Emin Irmak et de Ley­la Sevinç.

A Van, la deux­ième haute cour crim­inelle a approu­vé la demande du par­quet con­cer­nant le par­lemen­taire du HDP Adem Gev­eri. Dans l’acte d’accusation, on lui reproche son appar­te­nance à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste et le fait qu’il rompe l’unité et l’intégrité de l’Etat. Il risque 35 ans de prison.

Mer­cre­di, ce sont les deux co-bourgmestres de Basver­im­li, dans le dis­trict de Silopi, qui ont été arrêtés. Les autorités judi­ci­aires reprochent à Rabia Takas et à Tahir Aytiş d’être mem­bres d’une organ­i­sa­tion ter­ror­iste, et même d’avoir fourni aux unités de résis­tance civile, les YPŞ, du matériel de con­struc­tion pour creuser des tranchées.

Jeu­di, c’est le co-bourgmestre de Bitlis, Hüseyin Olan, qui était arrêté dans le bureau de sa municipalité.

Ven­dre­di, les co-bourgmestres de Kiziltipi, Ismail Asi et Ley­la Salman, étaient eux aus­si arrêtés directe­ment sur leur lieu de tra­vail aus­si, à la municipalité.

Ahmet Türk, le co-bourgmestre de la métro­pole de mar­di, a sim­ple­ment tenu à rap­pel­er que ce que l’État turc n’avait pas pu réus­sir lors du coup d’Etat du 12 sep­tem­bre 1980 et lors des années 90, il ne pour­ra de nou­veau pas l’obtenir main­tenant. « Ils ne réus­siront pas, a dit Ahmet Türk, ils ne nous intimideront pas, nous n’avons jamais plié devant eux, et nous ne pli­erons jamais ! »

SELAHATTIN DEMIRTAS
HDP- DÉBUT DU PROCÈS À MARDIN

Le co-prési­dent du HDP, Sela­hat­tin Demir­tas, est tou­jours enfer­mé de l’autre côté de la Turquie, à la prison d’Edirne. Son procès a néan­moins com­mencé ce ven­dre­di, par vidéo-con­férence, sans qu’il puisse con­sul­ter ses avo­cats présents dans la salle d’audience.
La jus­tice turque, souhaite juger le co-prési­dent du HDP, Sela­hat­tin Demir­taş pour avoir dén­i­gré ouverte­ment l’Etat turc en évo­quant la sit­u­a­tion des habi­tants pris au piège des bâti­ments de l’horreur à Cizre.

Le 3 févri­er 2016, il aurait égale­ment ouverte­ment insulté la nation turque, la République et la grande assem­blée par­lemen­taire lors d’un dis­cours tenu à Mardin.

Deux jours avant son procès, Demir­tas a fait par­venir au prési­dent du par­lement turc une série de ques­tions par­lemen­taires. Nous en retien­drons quelques-unes :

  • Prenez-vous en con­sid­éra­tion le fait que 10 par­lemen­taires mem­bres de l’assemblée que vous dirigez, soient empris­on­nés sans la déci­sion du parlement ?
  • Allez-vous réa­gir au fait que ces 10 par­lemen­taires soient retenus dans des pris­ons de type F, en isolement ?
  • Con­sid­érez-vous que le silence qui entoure tous ces procès peu­vent être con­sid­érés comme un déshon­neur pour le par­lement, et que cela peut ren­dre nulles les poli­tiques démoc­ra­tiques et l’action de notre parlement ?
  • Envis­agez-vous de venir men­er une enquête sur place pour déter­min­er les con­di­tions d’emprisonnement sous lesquelles 10 par­lemen­taires de votre assem­blée sont retenus et de quelles façon ils sont traités ?

KURDISTAN DU NORD — BAKUR
MÉPRIS DU POUVOIR POUR LES HABITANTS KURDES

Vivre dans le Bakur, le Kur­dis­tan du nord, n’est pas facile. Les forces de l’ordre turc se com­por­tent comme des assas­sins et l’administration trou­ve toutes les occa­sions mis­es à sa dis­po­si­tion pour hum­i­li­er les habitants.

Nous évo­quions déjà son cas la semaine passée : Hediye Ata­man dor­mait chez elle avec son mari quand les policiers sont arrivés en tirant dans tous les sens. La police a alors arrêté son mari, Ahmet Ata­man, dont on est tou­jours sans nou­velle, avant de met­tre le feu à la mai­son, en y lais­sant Hediye brûler vivante. A chaque fois qu’Hediye voulait sor­tir, les sol­dats la repous­saient dans la mai­son en flammes. Et tous les voisins et proches de la vic­time qui se sont présen­tés sur les lieux ont été repoussés et tabassés.

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Elle s’appelle Mak­bule Kay­maz. Son fils de 12 ans et son mari ont été assas­s­inés le 21 novem­bre 2004 par la police. Le corps du petit garçon a été criblé de 13 balles, et les policiers ont pu jus­ti­fi­er ce crime en accu­sant le garçon­net d’être un ter­ror­iste. Per­son­ne n’a été pour­suivi ou con­damné. Seule avec ses trois autres enfants, Mak­bule a trou­vé un poste à l’entretien de la mairie de Kizil­te­pe pour nour­rir sa famille. Ce 21 novem­bre, jour anniver­saire du décès de son fils, elle a reçu en guise de jus­tice un avis de licenciement.

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Cette guerre sale menée par les autorités turques s’étend à tous les secteurs de la vie : les ban­ques Iş et Ziraat ont reçu l’ordre de ne plus financer aucun emprunt intro­duit par un employé des munic­i­pal­ités tenues par le par­ti DBP.

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Le député Ali Aslan, du HDP, a vis­ité la ville de Sir­nak. Les 7 quartiers de la ville où vivaient 80% de la pop­u­la­tion ont été entière­ment rasés. La police con­trôle tous les accès à la ville, et procède à des fouilles. A Sir­nak, 50.000 per­son­nes sont aujourd’hui sans foy­er. Leurs maisons ont été pil­lées et détru­ites. Comme le dit le député, on voit à Sir­nak l’esprit de pil­lage et de prise de guerre dans sa forme la plus absolue. Les insti­tu­tions char­i­ta­bles qui sou­ti­en­nent la pop­u­la­tion ont été fer­mées : l’objectif est de dépe­u­pler la ville.

EUROPE
GEL DES NÉGOCIATIONS D’ADHÉSION AVEC LA TURQUIE

Les vagues d’arrestations menées par le régime turc ont fini par indis­pos­er l’Europe. Deux délé­ga­tions de députés européens se sont ren­dues en Turquie cette semaine avant qu’un vote au par­lement ne mette pro­vi­soire­ment au fri­go les négo­ci­a­tions d’adhésion de la Turquie.

Il y avait d’abord eu dimanche dernier cette péti­tion signée par 44 députés européens, une péti­tion qui réclame la libéra­tion des élus du par­ti HDP.

Ensuite, lun­di, une délé­ga­tion de 5 députés du groupe social­iste s’était ren­due devant la prison d’Edirne pour y ren­con­tr­er Sela­hat­tin Demirtas.

A leur stupé­fac­tion, les représen­tants européens ont été refoulés à l’entrée de la prison. Ils ont donc dû organ­is­er une con­férence de presse dans un champ à 200 mètres de la prison.

Le prési­dent du groupe, Sergei Stan­i­shev, a dénon­cé l’inacceptable pres­sion que subit le par­ti HDP, un par­ti pour lequel des mil­lions de gens ont voté.

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A la prison de Silivri, la députée anglaise Julie Ward a voulu ren­con­tr­er la députée Ley­la Bir­lik. Le véhicule de la députée européenne a été arrêté et fouil­lé par la police et une fois arrivée à la prison, elle a été oblig­ée de repar­tir à un kilo­mètre de là, dans une ambiance fort pénible, où le groupe d’interprètes et de col­lab­o­ra­teurs qu’elle menait a été intimidé et harcelé.

Elle a dénon­cé les com­porte­ments désor­mais nor­maux en Turquie d’une police en habits civils, dans ce qu’elle décrit comme un État polici­er para­noïde, gou­verné par la peur.

Jeu­di, dans l’enceinte européenne, à Brux­elles, les députés européens ont voté à 479 voix con­tre 37 la sus­pen­sion des négo­ci­a­tions sur l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, à cause de la vio­la­tion par Ankara des stan­dards démocratiques.

D’autres députés s’inquiètent cepen­dant de ce que cette sus­pen­sion des négo­ci­a­tions ne soit pas suff­isante, et récla­ment des sanc­tions économiques con­tre la Turquie.

Ain­si, Arne Lietz, du SPD a affir­mé que la Turquie a déjà une rela­tion priv­ilégiée avec l’Europe et qu’il est temps de recon­sid­ér­er ces priv­ilèges. Lietz pense que l’on pour­rait don­ner à la Turquie une carte rouge ou orange et que l’arsenal des mesures que l’Europe peut pren­dre face à la Turquie est bien plus large que celui dont l’Europe dis­pose face à la Russie.

Sig­nalons aus­si que beau­coup d’écologistes et d’élus de gauche souhait­ent l’abrogation de l’accord sur les réfugiés, un accord util­isé par la Turquie pour faire chanter les européens.

Le prési­dent turc n’a d’ailleurs pas rompu avec ses habi­tudes. Dès le lende­main du vote du par­lement européen, il s’adressait aux respon­s­ables européens en ces ter­mes : « Ecoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces fron­tières s’ouvriront, met­tez-vous ça dans la tête ! », a lancé M. Erdo­gan lors d’un dis­cours à Istanbul.

Mal­gré ce cli­mat lourd de men­aces, les députés autrichiens ont cepen­dant déjà pris la déci­sion à l’unanimité de plac­er les ventes d’armes autrichi­ennes à des­ti­na­tion de la Turquie sous embar­go. Les fusils Steyr autrichiens ne seront donc plus ven­dus à la Turquie pour être mis entre les mains des unités des opéra­tions spéciales.

25 NOVEMBRE
JOURNÉE DU REFUS DE LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES

Le 25 novem­bre, c’est la journée mon­di­ale de l’élimination de la vio­lence con­tre les femmes. La révo­lu­tion kurde étant d’abord et avant tout une révo­lu­tion des femmes, cette journée a con­nu un écho tout par­ti­c­uli­er au Roja­va et au Bakur.

Les unités de défense féminines du Roja­va, les YPJ, ont été à la pointe du com­bat con­tre le Daesh lors de la reprise de la ville de Kobani. Elles sont de tous les com­bats qui se sont pour­suiv­is jusqu’à aujourd’hui pour libér­er les femmes du patri­ar­cat, de la soumis­sion, et de ce qui incar­ne leur oppres­sion : le régime AKP et Daesh.

Dans un com­mu­niqué, les YPJ rap­pel­lent qu’elles sont les héri­tières du com­bat mené par les sœurs Mira­bal, par Zilan, par Sakine et par Arin.

Elles mènent un com­bat sans répit con­tre toutes les formes de vio­lence portées con­tre les femmes.

Au Roja­va, une nou­velle société et une nou­velle réal­ité fémi­nine a été créée par la révo­lu­tion des femmes. La révo­lu­tion qui est née au Roja­va sous l’autorité des femmes a don­né une voix à toutes les femmes, d’où qu’elles soient.


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