Ahmet Davu­toğlu, le pre­mier min­istre se ren­dra bien­tôt à l’Assem­blée générale de l’Onu pour, dit-il « partager son expéri­ence avec les dirigeants de la com­mu­nauté inter­na­tionale, dans le but de ral­li­er des sou­tiens pour éviter que le Proche-Ori­ent ne devi­enne une région qui exporte du ter­ror­isme vers le monde entier. » (sic).

Il essaiera ain­si de démon­tr­er “grandeur nature”, que la Turquie peut jouer un rôle de pre­mier plan dans la lutte con­tre le ter­ror­isme et la pro­tec­tion de “l’Oc­ci­dent”», y com­pris face à Daesh, dont elle égratigne gen­ti­ment en ce moment quelques posi­tions aux côtés de la coalition.

Mais bien sûr, dans le “con­trat”, fig­ure une demande d’ une cer­taine com­préhen­sion pour ce qui est de sa lutte con­tre les “séparatistes kur­des”, qual­i­fiés de ter­ror­istes à leur tour.

On sait que le PKK fig­ure tou­jours sur les fameuses listes inter­na­tionales. Le petit min­istre ne man­quera pas de le rap­pel­er, alors que des déc­la­ra­tions con­tra­dic­toires ont été faites par un “dirigeant améri­cain” récemment.

L’ad­min­is­tra­tion améri­caine, tout en con­sid­érant le Par­ti des tra­vailleurs du Kur­dis­tan (PKK) comme une organ­i­sa­tion “ter­ror­iste”, voit pour­tant dans la mil­ice kurde syri­enne YPG, liée au PKK, son prin­ci­pal allié au sol dans la lutte con­tre l’EI en Syrie, au grand dam de la Turquie.

« Le Pre­mier min­istre soulign­era que cer­tains pays, cer­taines organ­i­sa­tions devraient s’ab­stenir d’en­cour­ager et de soutenir le PKK et cer­tains autres groupes(…) » , a déclaré un autre respon­s­able turc.

Les pro­pos sem­blaient vis­er les Etats-Unis. Le porte-parole du départe­ment d’E­tat améri­cain John Kir­by, cette semaine, a exprimé le désac­cord en ques­tion entre Wash­ing­ton et Ankara.

« Nous ne con­sid­érons pas l’YPG comme une organ­i­sa­tion ter­ror­iste » , a‑t-il tenu à dire lors d’un point de presse.« Et ils (les mili­ciens de l’YPG) ont mon­tré qu’ils enreg­is­traient des suc­cès face à l’EI, en ter­ri­toire syrien » , a ajouté John Kirby.

On peut remar­quer que le déplace­ment du petit min­istre turc va de pair avec celui d’Er­do­gan, qui lui, par­ti­ra faire une vis­ite du côté de Stras­bourg. Il en prof­it­era pour flat­ter la com­mu­nauté turque française et lui par­ler “d’u­nité de la nation con­tre la ter­reur”. Il va leur faire du Char­lie du coup.

Contre la terreur : L'Unité Nationale, Erdogan à Strasbourg

Con­tre la ter­reur : L’U­nité Nationale
Erdoğan à Strasbourg

Bien sûr, comme la ville reçoit aus­si beau­coup de lob­bies et d’hommes d’af­faires, en plus que d’être un des sièges de l’U­nion européenne, il fera un coucou à tous les cousins, c’est une affaire entendue.

Grosse activ­ité diplo­ma­tique donc, pour faire pass­er la pilule du triple jeu crim­inel de l’AKP, puisqu’on ne peut par­ler de gou­verne­ment, celui-ci étant en ce moment “pro­vi­soire” pour la pré­pa­ra­tion des élec­tions dont on ne voit guère leur déroule­ment en novem­bre sous la men­ace des fusils et des matraques… La con­trainte et la ter­reur con­tre le proces­sus poli­tique élec­toral, le règle­ment pro­vi­soire par la force et la guerre de la ques­tion kurde, le tout sous cou­vert de coali­tion anti ter­ror­iste, voilà la réal­ité, au delà des pos­tures. C’est cette réal­ité là qui inquiète quand même enfin les “européens” face à l’ex­ode des réfugiés, mais qui sera la doc­trine offi­cielle de l’Otan, quoi qu’il en coûte.

Grosse présence aus­si pour être recon­nu comme un parte­naire de “tablée”, dans l’éven­tu­al­ité de dis­cus­sions en couliss­es entre poten­tats du coin, super­visées par les « ayants droits » internationaux.

Le cœur du prési­dent Hol­lande va avoir là encore une fois une occa­sion de bat­tre la chamade. Entre copain Oba­ma et l’al­lié d’Ankara, il va fal­loir con­sul­ter l’Otan pour choisir.

On peut rap­pel­er qu’en juil­let, la France avait décidé de soutenir l’of­fen­sive turque et donc quelque peu refroi­di ses rela­tions avec les Kur­des de Syrie. Il faut dire qu’obtenir la cau­tion finan­cière des états du golfe pour la trans­ac­tion autour des bateaux Mis­tral avec l’E­gypte, demandait quelques sac­ri­fices, quitte à ce que des têtes tombent.…

La diplo­matie des boules puantes, des alliances con­tre nature, des aban­dons en rase cam­pagne des alliés d’hi­er, des revire­ments vis à vis de Bachar, rien ne sera épargné.

Les pop­u­la­tions elles, subis­sent les exac­tions, la répres­sion, la guerre con­tre les civils dans toute la région. Toutes les “minorités” où con­sid­érées comme telles, font les frais de cette guerre protéiforme.

L’Onu, qui vient de recevoir un pape, recevra la semaine prochaine, celles et ceux qui se con­tre­foutent des dis­cours sur les “pau­vres et les discriminés”.

C’est pas encore demain qu’on va amélior­er les croquettes.

Daniel Fleury on FacebookDaniel Fleury on Twitter
Daniel Fleury
REDACTION | Auteur
Let­tres mod­ernes à l’Université de Tours. Gros mots poli­tiques… Coups d’oeil politiques…