Le journal quotidien Cumhuriyet avait décidé de publier une sélection de 4 pages du dernier numéro de Charlie Hebdo aujourd’hui mercredi 14 janvier.
Une descente de police a eu lieu cette nuit autour de 01h00, au Doğan Printing Center (DPC) d’Esenyurt appartenant au groupe Doğan Medya, qui imprime entre autres journaux, Cumhuriyet.
Une équipe de 8 policiers dont 3 civiles, ont empêché le départ des camions chargés de la distribution à Istanbul et alentours.
Les dirigeants de l’imprimerie DPC et du distributeur YAYSAT sont intervenus en précisant que dans les camions se trouvaient avec Cumhuriyet, plusieurs autres journaux et ont questionné les policiers :
“Où sont les mandats des juges ?”
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“Par qui, pourquoi, et quand cette opération a‑t-elle été décidée ? ”
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“L’Article 28 de la Constitution de la République Turque dit : La presse est libre et ne peut être censurée. Quelle sorte de censure s’agit-il donc là, qui serait constitutionnelle ? ”
La police n’a pas pu justifier l’opération avec une quelconque décision de justice, et a déclaré que les photos des pages de Cumhuriyet venaient d’être envoyées au procureur.
A la suite de ces retards la distribution des journaux a été gravement perturbée.
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Par ailleurs, les bureaux de Cumhuriyet à Istanbul sont mises sous cordon de sécurité ce matin et les rues ont été fermées à la circulation. Les mêmes précautions sont prises également à Ankara.
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Réelle protection du journal ou intimidation ?
Oui, en Turquie on est en droit de se poser la question.
Les lois sécuritaires qui contredisent en grande partie la Constitution prises ces derniers temps, après les événements de Gezi, donnent plein pouvoir à la police et met l’autorisation des juges sur la touche. Une fois de plus, la Turquie est bien dans l’air du temps européen.
Ajout : Un groupe d’une vingtaine de personnes se sont attroupées devant les bureaux de Cumhuriyet autour d’une banderole “Ne sois pas triste Grand Dieu, le peuple est avec toi”. Les protestateurs scandaient des slogans comme “les chiens sans Dieu vont donner des comptes”, “les frères Kouachi sont notre honneur”. Une personne portant une pancarte “l’injure au Prophète n’est pas la liberté” a brûlé un journal Cumhuriyet sur le véhicule blindé de la police. 5 personnes sont mises en garde à vue par la police.