Aujour­d’hui, alors que la com­mu­nauté kurde de France com­mé­morait l’as­sas­si­nat à Paris, le 9 jan­vi­er 2013, des mil­i­tantes kur­des Sakine Can­sız, Fidan Dogan et Ley­la Sayle­mez, nous apprenons que trois mil­i­tantes fémin­istes kur­des ont été tuées dans la soirée du lun­di 4 jan­vi­er, par les forces de sécu­rité turques dans la ville assiégée de Silopi.

Trois mil­i­tantes, fémin­istes, Seve Demir, mem­bre du con­seil du DBP (Par­ti Démoc­ra­tique des Régions), Fat­ma Uyar, mem­bre du KJA (Con­grès des Femmes Libres) et Pak­ize Nayır, Co-Prési­dente du Con­seil Pop­u­laire (de Peu­ple ?) du Silopi, et un homme dont l’i­den­tité n’a pas encore été établie, qui les accom­pa­g­nait, ont été tué(e)s alors qu’elles se rendaient au quarti­er Yeşil­te­pe à Silopi.

Gülşen Özden, Co-Prési­dente du BDP de Silopi explique qu’elle a eu, lun­di à 19h35, un appel télé­phonique des trois femmes : « Venez vite ! Nous sommes touchées ! Nous sommes près de Yeşil­te­pe ». Sous le choc, elle a tout de suite con­tac­té les élus :

Ensuite, elles m’ont appelée de nou­veau, du même numéro et m’ont dit : « Nous per­dons du sang, dépêchez-vous, si vous ne venez pas dans dix min­utes, nous serons toutes mortes. ». J’ai demandé aux élus d’envoyer une ambu­lance en extrême urgence. Ensuite j’ai appelé le numéro de nom­breuse fois, mais per­son­ne n’a répon­du. Nous avons appris que nos amies, accom­pa­g­né d’un autre ami, étaient par­tis de Karşıya­ka, et qu’elles ont été pris­es pour cible alors qu’elles essayaient de pass­er au quarti­er Yeşil­te­pe qui se trou­ve de l’autre côté du ruis­seau. Elles étaient blessées et s’é­taient réfugiées sous le pont et nous avaient appelé. On nous a infor­mé en effet, qu’il y avait 4 blessés dans le lit du ruisseau.

Quant aux élus, ils ont essayé d’in­ter­venir. Le député de Şır­nak du HDP, Aycan Inmez, explique que les trois femmes poli­tiques, étaient tou­jours très près des habi­tants, au coeur de la pop­u­la­tion et restaient en con­tact con­tinu avec les élus. Inmez, souligne que le soir de l’événement, ils ont essayé de join­dre le Préfet, mais leurs appels télé­phoniques sont restés sans réponse.

Nous avons été obligé de met­tre en inter­mé­di­aire, une per­son­ne qui tra­vaille au Secré­tari­at de la Sécu­rité Publique. Le Préfet a répon­du par son inter­mé­di­aire qu’il y avait des affron­te­ments dans la région et qu’ils ne pou­vaient pas envoy­er d’ambulance. Nous avons appris, plus tard, dans la nuit, que qua­tre corps avaient été trans­férés à l’hôpital de Şırnak.

Aycan Inmez ajoute qu’ils se sont ren­dus à l’hôpital, mais 200 mètres avant, les policiers leur ont inter­dit l’accès. C’est seule­ment ce soir, le 6 jan­vi­er, que Ley­la Bir­lik, députée HDP de Şır­nak, a pu accéder à la morgue afin d’identifier les corps.

Ley­la Bir­lik, affirme que d’év­i­dence, les qua­tre per­son­nes ont été exé­cutées alors qu’elles étaient blessées.

Le vis­age d’une de nos amies et de l’homme qui les accom­pa­g­nait étaient incroy­able­ment abimés. Je pense qu’ils ont été exé­cutés, comme notre ami Hacı Bir­lik. Car au télé­phone elles avaient dit que Seve était blessée àla jambe. A la morgue, j’ai con­staté un coup trop impor­tant sur sa tête. Je n’ai pu l’identifier que grâce à ses jolis cheveux, ses mains et ses pieds. Si Seve avait reçu ce coup sur la tête dès le départ, la per­son­ne au télé­phone, aurait dit qu’elle était morte et non pas qu’elle était blessée. Cela ressem­ble à la mort de Hacı Bir­lik. Nous n’avons plus de mots pour décrire la sauvagerie que nous vivons ici.

Qua­tre exé­cu­tions sup­plé­men­taires, qui seront sans doute mis­es sur le compte des “com­bats du PKK” et qui ne fer­ont pas non plus l’ob­jet d’en­quêtes. Elles seront des noms sur une liste, et rejoin­dront ceux des per­son­nes enlevées puis retrou­vées exé­cutées elles aus­si ces dernières semaines, les noms de civils et de jeunes com­bat­tants indis­tincte­ment mas­sacrés parce que Kur­des.

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