Le jour­nal de Can Dün­dar avait pub­lié le 29 mai 2015, le con­tenu des camions chargés d’armes envoyés par le MIT, Ren­seigne­ment Généraux turcs à Daech. Aus­sitôt après la pub­li­ca­tion de la vidéo mon­trant les armes, le gou­verne­ment avait mis une cen­sure sur le sujet. Il est inutile d’a­jouter que Tayyip Erdoğan avait immé­di­ate­ment réa­gi : “Celui qui a fait ça, paiera le prix fort !” et une enquête judi­ci­aire a été ouverte.

Joignant les mots à la parole, comme un seul homme, notre Tayyip, notre pacha d’hu­mour à tous, a déposé une plainte de 2 pages au Pro­cureur d’Ankara. Celle-ci indique que ; le sus­pect, le jour­nal­iste, Can Dün­dar, en pub­liant des fauss­es images de camions qui lui ont été fournies par une struc­ture par­al­lèle* dans le cadre d’un coup mon­té, ce dernier aurait illé­gale­ment util­isé de fauss­es preuves et donc par­ticipé aux actions des mem­bres de l’organisation qui essayent de créer l’il­lu­sion que l’Etat de la République Turque aiderait à des organ­i­sa­tions ter­ror­istes. Mouais… Compliqué…

* struc­ture par­al­lèle : organ­i­sa­tion dirigée par le prédi­ca­teur Fethul­lah Gülen, ex-allié de Recep Tayyip Erdoğan et désor­mais son ennemi.

Ain­si, Can Dün­dar risque ain­si d’écoper 2 fois la per­pé­tu­ité dont une ferme et 42 ans de prison selon 7 arti­cles du Code Pénal. Rien que ça ! Ces arti­cles con­cer­nent le fait de fonder et diriger une organ­i­sa­tion ter­ror­iste, être mem­bre de cette organ­i­sa­tion, pro­cur­er des infor­ma­tion con­cer­nant la sécu­rité de l’Etat, les divulguer, ten­ta­tive d’influencer la jus­tice, viol de la con­fi­den­tial­ité de l’enquête, détru­ire la République de Turquie ou empêch­er son fonc­tion­nement… autant dire que l’ar­ti­cle de Can Dün­dar aurait mérité le pelo­ton d’ex­e­cu­tion, mais bon, notre pacha est magnanime…

Dans ses dis­cours Erdoğan a martelé que Can Dün­dar n’é­tait en fait pas du tout doué pour le jour­nal­isme. Ou autrement dit, comme dirait chez nous, que c’é­tait un jour­nal­iste en carton…

Quand au jour­nal­iste, il s’en tient à point­er la déc­la­ra­tion des Nations Unies “Nous sommes con­tre les aides envoyées aux groupes de com­bat­tants en Syrie” et d’a­jouter “Ce que je vois, c’est la panique des coupables.”. “Il est ques­tion d’un fla­grant délit. Le fait de men­ac­er, de pour­suiv­re, de don­ner des ordres aux pro­cureurs n’est pas suff­isant. Il faut qu’ils don­nent des comptes. Si un procès s’ouvre réelle­ment, et nous l’attendons avec ent­hou­si­asme, nous avons hâte de deman­der des comptes devant le tribunal.”

Can Dün­dar, est avec son jour­nal, pour­suivi pour espi­onnage, trahi­son et ter­ror­isme. Rien que ça ! Après avoir pris con­nais­sance de l’en­quête, à la rédac­tion de son jour­nal, tous les jour­nal­istes et auteurs ont annon­cé d’une seule voix, qu’ils con­tin­ueraient à faire leur devoir d’information. “Nous sommes jour­nal­istes, pas fonc­tion­naires. Notre devoir n’est pas de cacher les secrets hon­teux de l’E­tat, mais de les expos­er dans l’in­térêt du peuple”.

Mais au fait, tout ça c’est bien gen­til, mais qui est Can Dündar ?

Can Dün­dar est jour­nal­iste et Rédac­teur en chef du jour­nal Cümhür­riyet, quo­ti­di­en nation­al­iste turc kémal­iste à gros tirages. Kedis­tan avait pub­lié  un arti­cle détail­lé sur le sujet illus­tré par la fameuse vidéo : “Drôles de camions”. Mais vous con­nais­sez Cumhuriyet  depuis longtemps, rap­pelez vous, c’est le jour­nal qui avait apporté son sou­tien inébran­lable à Char­lie Heb­do en traduisant et repro­duisant en pages intérieures Char­lie en Turc. D’ailleurs le jour­nal avait eu des prob­lèmes pour avoir pub­lié en hom­mage, cette sélec­tion de 4 pages du numéro suiv­ant le massacre.

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Le 2 juin 2015, les jour­nal­istes du Cumhuriyet déclar­ent d’une seule voix : 
“Le respon­s­able, c’est moi.”

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