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Pour infor­ma­tions, voici une tra­duc­tion d’un arti­cle issu de la presse turque, qui con­cerne le “feuil­leton” Sedat Peker. Ces “révéla­tions” par vidéos inter­posées sont extrême­ment suiv­ies en Turquie et ailleurs dans les dias­po­ras. Elles organ­isent en quelque sorte une vis­ité des égouts du régime, où le mafieux se donne le beau rôle.

On atten­dra avec impa­tience les “révéla­tions” sur le prési­dent Erdoğan, reportées à nouveau.

titre orig­i­nal : Nou­velles révéla­tions de Sedat Peker bien qu’il reporte la vidéo sur Erdoğan, en rai­son de la réu­nion de Biden

Dans les deux vidéos qu’il a pub­liées ce week-end, Sedat Peker, chef de la mafia en exil, a pris pour cible un homme d’af­faires ayant des liens famil­i­aux avec le prési­dent, le min­istre de l’In­térieur et d’autres personnes.

  • Mer­cre­di, Peker a annon­cé qu’il avait reporté la pub­li­ca­tion d’une vidéo sur le prési­dent Erdoğan, après sa ren­con­tre avec le prési­dent améri­cain Joe Biden du 14 juin.
  • Same­di, Peker a pub­lié l’en­reg­istrement d’un appel vidéo avec Ser­dar Ekşioğlu, un homme d’af­faires et un par­ent éloigné du prési­dent. Dans cet appel, il con­firme ce que Peker a dit précédem­ment sur la livrai­son d’armes à la Syrie.
  • Dans la vidéo d’au­jour­d’hui, il affirme que le min­istre de l’in­térieur Soy­lu a infor­mé un homme d’af­faires d’une enquête à son encon­tre, lui per­me­t­tant ain­si de quit­ter le pays.
  • Peker a égale­ment déclaré que le hold­ing pro-gou­verne­men­tal Demirören n’a rien payé des 750 mil­lions de dol­lars de prêt qu’il a obtenu d’une banque publique, pour acheter le plus grand con­glomérat de médias du pays en 2018.
  • Peker a admis avoir apporté un sou­tien financier à un député AKP et à des groupes pro-AKP en Allemagne.
  • Il a aus­si déclaré que Twit­ter, Youtube et Insta­gram refu­saient de blo­quer l’ac­cès à ses pub­li­ca­tions, mal­gré les déci­sions de jus­tice en Turquie.

Le chef du crime organ­isé Sedat Peker a pub­lié l’en­reg­istrement d’un appel vidéo, same­di 4 juin, et sa neu­vième vidéo sur les révéla­tions de l’É­tat mafieux, un jour plus tard.

L’ap­pel enreg­istré le con­cer­nait lui et Ser­dar Ekşioğlu, un homme d’af­faires ayant des liens famil­i­aux avec le Prési­dent, et prési­dent du Par­ti de la jus­tice et du développe­ment (AKP), Recep Tayyip Erdoğan.

Dans l’ap­pel, Ekşioğlu con­firme les dires de Peker : “Nous envoyions qua­tre camions et ils envoy­aient aus­si qua­tre camions. Nous ne ven­dions pas, vous et moi étions là”.

Dans sa précé­dente vidéo du 31 mai, Peker avait expliqué un plan de livrai­son d’armes à la Syrie dans lequel lui et une société mil­i­taire privée étaient selon lui impliqués.

Dans la vidéo d’hi­er, Peker se trou­vait à nou­veau dans un endroit dif­férent et il lais­sait enten­dre qu’il se trou­vait dans un autre pays que les Émi­rats arabes unis, où il avait filmé ses vidéos.

M. Peker a déclaré qu’il avait été sur­pris lorsque les vidéos de la sta­tion bal­néaire où il séjour­nait avaient cir­culé sur les médias soci­aux, car il ne savait pas que l’en­droit pou­vait être repéré par une recherche inver­sée sur Internet.

Si la CIA et le Mossad m’aidaient, ne m’au­raient-ils pas dit cela ?” a‑t-il déclaré, en référence aux accu­sa­tions selon lesquelles il se serait trans­for­mé en espion.

Un homme d’affaires inculpé en Turquie et aux États-Unis

Peker a affir­mé que le min­istre de l’In­térieur Süley­man Soy­lu avait infor­mé l’homme d’af­faires Sez­gin Baran Kork­maz de l’ex­is­tence d’une enquête à son encon­tre, afin qu’il puisse quit­ter le pays avant d’être arrêté.

Il a affir­mé que Kork­maz a ren­du vis­ite à Soy­lu le 4 décem­bre 2020 et a quit­té le pays un jour plus tard.

Kork­maz fait face à des accu­sa­tions de fraude aux États-Unis et de blanchi­ment d’ar­gent en Turquie.

Peker a précédem­ment affir­mé que Soy­lu l’avait égale­ment aver­ti qu’il fai­sait l’ob­jet d’une enquête, ce qui lui a per­mis d’éviter une arresta­tion. Le min­istre lui avait égale­ment promis qu’il ren­tr­erait au pays en avril, a affir­mé Peker.

Si Soy­lu nie toute con­nais­sance de Peker, le chef de la mafia le décrit comme “un homme sur lequel j’ai investi pen­dant 20 ans” et a révélé des preuves de ses liens avec le ministre.

Özgür Özel, le prési­dent du groupe par­lemen­taire du prin­ci­pal par­ti d’op­po­si­tion, le Par­ti répub­li­cain du peu­ple (CHP), a déclaré que le Par­lement devrait créer une com­mis­sion pour enquêter sur Soylu.

Envoi d’argent en Allemagne

Peker a déclaré avoir soutenu finan­cière­ment cer­tains des hommes poli­tiques du Par­ti de la jus­tice et du développe­ment (AKP) au pou­voir et des groupes pro-AKP en Allemagne.

Le min­istre de l’In­térieur Süley­man Soy­lu, l’une des prin­ci­pales cibles de Peker dans ses vidéos, a précédem­ment affir­mé que Peker envoy­ait 10 000 dol­lars améri­cains à un député chaque mois. Comme il n’a pas révélé le nom de l’homme poli­tique, des rumeurs ont cir­culé selon lesquelles il s’agis­sait du député AKP Metin Külünk.

Tout en niant qu’il envoy­ait régulière­ment de l’ar­gent à Külünk, il lui a don­né “beau­coup plus d’ar­gent que cela”, notam­ment pen­dant les cam­pagnes élec­torales, a déclaré Peker.

Tou­jours en coopéra­tion avec Metin Külünk, il envoy­ait clan­des­tine­ment de l’ar­gent à des groupes pro-AKP en Alle­magne, a ajouté Peker, sans divulguer le nom d’au­cun groupe.

En 2018, l’Alle­magne a inter­dit le groupe Osma­n­en Ger­ma­nia (Alle­magne Ottomans) pour avoir représen­té une men­ace pour les indi­vidus et le pub­lic. Elle a égale­ment demandé, avec la France et les Pays-Bas, que l’UE inter­dise les activ­ités du groupe nation­al­iste turc Grey Wolves.

Achat du Doğan Media Group

Peker a fait de nou­velles affir­ma­tions con­cer­nant l’achat en 2018 du Doğan Media Group, le plus grand con­glomérat médi­a­tique de Turquie à l’époque, par le Demirören Hold­ing, qui entre­tient des liens étroits avec le gouvernement.

Selon Peker, Demirören a con­trac­té un prêt de 750 mil­lions de dol­lars auprès de la banque publique Ziraat Bank pour acheter le groupe et n’a tou­jours pas rem­boursé ce prêt.

Peker a précédem­ment avoué avoir organ­isé en 2015 un raid con­tre le plus grand jour­nal du groupe, Hür­riyet, qui, selon lui, a ouvert la voie à la vente du groupe de médias.

Il n’a même pas payé les intérêts, et encore moins le prin­ci­pal. Avec les intérêts, la dette a dépassé un mil­liard de dol­lars”, a déclaré Peker.

Vidéos de Sedat Peker

Anci­enne fig­ure pro-gou­verne­men­tale, Peker a dû quit­ter le pays en 2019 pour éviter d’être arrêté. Il a com­mencé ses révéla­tions sur YouTube début mai, après que, selon lui, le min­istre Soy­lu n’ait pas tenu sa promesse de le laiss­er ren­tr­er au pays en avril.

Peker a ciblé plusieurs anciens et actuels respon­s­ables gou­verne­men­taux dans ses vidéos, por­tant plusieurs accu­sa­tions à leur encon­tre, notam­ment de traf­ic inter­na­tion­al de drogue, d’as­sas­si­nats poli­tiques, de cor­rup­tion, d’a­gres­sion sex­uelle et de meurtre. Le min­istre Soy­lu, l’an­cien min­istre de l’In­térieur Mehmet Ağar, son fils et député AKP Tol­ga Ağar, et le fils de l’an­cien Pre­mier min­istre Binali Yıldırım, Erkam Yıldırım, ain­si que l’an­cien offici­er des ser­vices de ren­seigne­ment et de l’ar­mée Korkut Eken fig­urent par­mi ses cibles de pre­mier plan.

Les vidéos de Peker sur les rela­tions entre l’É­tat et la mafia ont été vues plus de 100 mil­lions de fois. Le gou­verne­ment a rejeté cer­taines de ses affir­ma­tions tout en gar­dant le silence sur d’autres. (RT/VK)


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