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Moira İvana Mil­lán est une des femmes lead­ers dans la lutte pour la terre et la lib­erté du peu­ple Mapuche. Elle est une des per­son­nes impor­tantes qui représen­tent le mou­ve­ment des femmes mapuch­es1

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symbole mapuche

Lorsque le Ter­ri­cide rend l’air irres­pirable, le prob­lème ne se résout pas avec un masque à oxygène. Il est néces­saire de net­toy­er l’air, la terre ; il est néces­saire d’en­lever des siè­cles de saleté et de merde qui con­stituent les fon­da­tions du pouvoir.

Tout sent le pour­ri, comme une vieille décom­po­si­tion qui ne sem­ble jamais se ter­min­er. Nous sommes malades jusqu’à l’estom­ac. Tant d’im­punité nous donne la nausée, mais nous ne par­venons tou­jours pas à sur­mon­ter nos peurs pour aller net­toy­er les ter­ri­toires et les libér­er des ter­ri­cides et des spécu­la­teurs de la mort.

Des mil­liers d’hectares brûlés, ajoutés à des mil­liers d’autres, devi­en­nent des mil­lions. La terre gémit sa douleur mortelle, et nous, les femmes indigènes, com­mençons à rugir avec des cris tel­luriques pour nos morts, et ceux de nos enfants, main­tenant non seule­ment à cause de la famine, de la con­t­a­m­i­na­tion, du vol d’eau, ou de la vio­lence raciste. Main­tenant, ils brû­lent nos âmes en met­tant le feu à nos terres.

moira millan incendies

Ici tout brûle…

Nous sommes devenus des corps jeta­bles, des ter­ri­toires sac­ri­fiés, des vies jeta­bles, sans jus­tice. Ils tuent la terre et ses gar­di­ens, et ça ne sem­ble pas avoir d’im­por­tance. Les expul­sions vio­lentes se pour­suiv­ent et des ter­ri­toires sont cédés sans la moin­dre honte à des entre­pris­es minières, pétrolières, forestières et ter­ri­cides de toutes sortes. Je me demande si nos os et les restes du ter­ri­cide trou­veront une vie humaine dans le futur pour les ramasser.

On dit du géno­cide indigène qu’il était néces­saire à la nais­sance de cet État-nation colo­nial sanglant. De ce ter­ri­cide actuel, quelle nais­sance espèrent-ils obtenir ? Nous n’avons pas encore les chiffres exacts des zones brûlées cet été car les incendies se pour­suiv­ent. Tous intentionnels.

Nous n’avons pas non plus les sta­tis­tiques des fémi­cides parce qu’ils con­tin­u­ent à nous assas­sin­er ; nous n’avons pas le nom­bre exact de décès et les dif­férentes manières d’as­sas­sin­er que le sys­tème a. Mais nous sommes sûrs d’une chose, c’est que nous devons agir de toute urgence pour met­tre fin à tant de décès.

Vous direz cer­taine­ment que ce scé­nario COVID n’est pas prop­ice à descen­dre dans la rue et à se bat­tre, mais qu’il est prop­ice à l’a­vance­ment des méga-mines, de la frac­tura­tion, des bar­rages et de l’ex­trac­tivisme de toutes sortes. Les États sont déter­minés à empêch­er notre mort par le COVID ; cepen­dant, ils peu­vent eux-mêmes nous tuer, par la faim, la pol­lu­tion, la répres­sion et le sex­isme. Mais de COVID il est inter­dit de mourir.

J’ai vu les mon­tagnes flam­boy­antes de couleur rougeâtre et j’ai pen­sé que c’é­tait le rouge de la colère, de la colère du pou­voir con­tre les gens qui dis­ent Non à l’ex­trac­tion ! Ils nous punis­sent pour avoir défendu la vie ; mais la lumière claire de l’aube s’im­posera et apportera la vérité.

C’est pourquoi nous, femmes indigènes, dis­ons que tant que nous n’au­rons pas la jus­tice, il n’y aura pas de paix !

Je vous demande du plus pro­fond de mon piwke/cœur, tout le soutien.

Le ter­ri­cide doit être con­sid­éré comme un crime con­tre la nature ; et les ter­ri­cides doivent être condamnés.

Xepenge kom pu che !

Moira Mil­lán, Wey­chafe Mapuche
A Puel­willima­pu, Chubut, 12, Mars, 2021


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