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Ne pas laisser les enfants de ce pays sans musique”.
Telle est la devise de Ma Müzik, à Diyarbakır.

Le coup d’é­tat man­qué de 2016 en Turquie a été l’oc­ca­sion pour l’É­tat turc de lancer une vague de répres­sion, dont le ressac n’en finit plus de frap­per les voix dis­si­dentes. Par­mi elles, les voix kur­des en par­ti­c­uli­er ont été bâil­lon­nées, étouf­fées. Les militant.es et élu.es kur­des emprisonné.es se comptent désor­mais par mil­liers. Ce 14 févri­er 2021, 700 des leurs étaient de nou­veau arrêté.es et placé.es en garde à vue.

Dans les régions kur­des, les maires élu.es appar­tenant au HDP (Par­ti démoc­ra­tique des peu­ples, coali­tion pro­gres­siste de par­tis poli­tiques dont notam­ment le DBP pro-kurde) ont été limogé.es et générale­ment mis en prison, pour être remplacé.es par des “kayyum”, des admin­is­tra­teurs nom­més par l’é­tat et chargés de faire appli­quer sa poli­tique, qui dénie à la pop­u­la­tion kurde tout droit à l’au­tonomie et à une exis­tence pro­pre, appli­quant une approche colo­niale au traite­ment des régions kur­des qui doivent se fon­dre dans le moule de la nation turque. Out­re les maires, de nombreux.ses travailleur.ses des mairies, inclu­ant des tra­vailleurs soci­aux, de la cul­ture, de l’é­d­u­ca­tion ont été limogé.es. Par­mi celles et ceux qui sont restées, beau­coup ont choisi de par­tir, refu­sant de tra­vailler au ser­vice des admin­is­tra­teurs d’état.

Le cen­tre cul­turel Aram Tigran, ouvert en 2010 par la munic­i­pal­ité de l’époque, fait par­tie des struc­tures visées par la répres­sion. Ce cen­tre avait pour voca­tion de dévelop­per l’en­seigne­ment et la dif­fu­sion de la cul­ture kurde, dans les domaines de la musique, du ciné­ma, du théâtre… Avec la perte de leur emploi, l’en­jeu a été dou­ble pour les travailleurs.ses du cen­tre. Il a fal­lu à la fois retrou­ver une source de sub­sis­tance économique pour vivre au quo­ti­di­en, et réfléchir à com­ment con­tin­uer l’ac­tion cul­turelle kurde. Une par­tie d’en­tre elles et eux s’est organ­isée pour ouvrir col­lec­tive­ment, à titre privé, des struc­tures qui puis­sent assur­er la relève du tra­vail mené au sein du centre.

Ma Müzik, à Diyarbakır, est l’une de ces struc­tures. Ce lieu d’en­seigne­ment dédié à la musique kurde a ouvert ses portes en mars 2017. Arjin, pro­fesseure de vio­lon qui s’oc­cupe égale­ment de l’ad­min­is­tra­tion du lieu et Fer­hat, qui y donne des cours de langue kurde et joue du kaval (instru­ment de la famille des flûtes), expliquent le fonc­tion­nement et les objec­tifs de Ma Müzik. Tous deux y ont étudiés avant d’y enseign­er à leur tour, tout en con­tin­u­ant leur appren­tis­sage musical.

Com­ment se porte Ma Müzik ?

Arjin - En mars 2021, ce sera la qua­trième année du cen­tre. Avant, nous avions le cen­tre cul­turel Aram Tigran, avec un con­ser­va­toire. Nous étions déjà là. Nous avons bâti Ma Müzik après le kayyum, avec le sou­tien des familles. Nous avons tout fait avec elles. Con­stru­it la cui­sine, mon­té les portes, tous ensem­ble. Et lorsque nous définis­sons le pro­gramme d’en­seigne­ment, nous le faisons ensem­ble. Avec le sou­tien et l’aide des familles et aus­si les con­seils que nous avons reçus, les activ­ités de Ma Müzik se sont éten­dues. Nous avons ter­miné nos qua­tre ans d’é­tudes. Après celles-ci, chacun.e a mené des travaux dans sa pro­pre branche. Aus­si bien les pro­jets, la musique, la stran­bêji (la chan­son accom­pa­g­née par des instru­ments), la deng­bêji (l’art des bardes, chants a capel­la nar­rant des his­toires, des épopées), que les cours ont été dévelop­pés. Ensuite, les cours pour les enfants en bas âge et pour les plus grands ont com­mencé. Les élèves vien­nent sur les con­seils des familles, qui se passent le mot par le bouche à oreille. Petit à petit, nous nous dévelop­pons, comme on grimpe un escalier, une marche après l’autre.

Fer­hat - Si vous étiez venus il y a 4 ans, nous étions tou.tes étudiant.es. Depuis le temps est passé, les choses ont avancé, mal­gré les con­di­tions néga­tives. Beau­coup sont parti.es, nous sommes tou­jours là. Nous avons con­tin­ué. C’est une his­toire de résis­tance. Lorsque nous avons eu nos diplômes, nous nous sommes inté­grés au fonc­tion­nement du cen­tre. Ici, les déci­sions sont pris­es ensem­ble, après une phase de dis­cus­sions. Si un con­cert est organ­isé, d’abord on dis­cute, on échange les idées, on pro­jette. Du ménage aux pro­jets, on fonc­tionne de cette façon. Les tâch­es quo­ti­di­ennes comme le ménage, le repas sont organ­isés par astreintes, mis­es en place par nos enseignants. Finale­ment c’est nous qui nous occupons du lieu de A à Z, nous, nos ami.es, nos enseignant.es. Vous voyez tout ce qui s’est dévelop­pé. Pour cela, il faut quelque chose qui vous porte. Nous sommes par­tis des bâti­ments offi­ciels, et ils sont restés sans âme. Là-bas, il n’y a plus de créa­tion. Je peux dire que dans la réal­ité du Kur­dis­tan, celle du Bakur (Kur­dis­tan Nord, situé en Turquie), nous tra­vail­lons comme une insti­tu­tion à faire par­venir la musique kurde à la pop­u­la­tion. En dehors de nous, qua­si­ment per­son­ne ne fait ça.

Arjin - Notre objec­tif est de ne pas laiss­er les enfants de ce pays sans musique. C’est notre véri­ta­ble slo­gan. Nous ne pen­sons pas trop au côté financier. Nous voulons enseign­er aux enfants leur pro­pre musique, leur pro­pre cul­ture. Nous avons près de 200 élèves inscrits aux cours ain­si que des élèves de con­ser­va­toire. Que l’en­fant ait envie d’ap­pren­dre la musique est essen­tiel. Quoi qu’il arrive nous faisons en sorte qu’il puisse ter­min­er sa for­ma­tion, peu importe si ce sont des cours d’in­stru­ment, de stran­bêji, ou encore de dêng­be­ji. Nous lui enseignons quoi qu’il arrive, dans sa cul­ture, dans sa langue. Autrement dit, nous n’im­posons pas aux élèves de pay­er une inscrip­tion. Parce que nous con­nais­sons plus ou moins la sit­u­a­tion des familles dans notre pays, et pour que l’en­fant ne soit pénal­isé par une lim­i­ta­tion de ce genre.

Avril 2017. Cours de lec­ture et de chant en kurmancî

De quels milieux soci­aux vien­nent les élèves qui fréquentent Ma Müzik ?

Fer­hat - Dans ce quarti­er, Dicle Kent, on trou­ve plutôt les milieux aisés. Mais nous ne nous adres­sons pas seule­ment aux enfants d’i­ci. Nous avons des élèves qui vien­nent de Şehit­lik, des élèves qui vien­nent de Bağlar (quartiers pop­u­laires pau­vres de Diyarbakır)…

En fon­dant ce cen­tre, nous nous sommes dit, “Her deri muzik, ji bo herkes muzik”, [NDLR : “Musique partout, musique pour tous”]. Nous dévelop­pons notre pro­jet en ce sens.

Il y a quelques jours encore, 700 per­son­nes mem­bres ou proches du HDP étaient arrêtées. Subis­sez-vous égale­ment des pres­sions de la part de l’État ?

Fer­hat — Je ne sais pas com­ment dire.…. (il rit)

Arjin - (rit) Nous pou­vons en par­ler, ce n’est pas un soucis. Finale­ment, dans notre insti­tu­tion ou ailleurs, partout l’op­pres­sion est présente. Dans les uni­ver­sités publiques par exem­ple. Nous voyons l’U­ni­ver­sité de Boğaz­içi, nous voyons Galatasaray… Dans leur cas il y a énor­mé­ment d’op­pres­sion, imag­inez ce que ça peut être pour nous. (elle rit)

Fer­hat - Je peux dire que pour Diyarbakır, Ma Müzik est une couleur dif­férente. Parce que nous faisons des choses en dehors de ce qui existe déjà. Et il arrive que cela provoque des réac­tions, de la part des autres, euh, forces.…

Pour répon­dre à cette ques­tion d’une autre manière… hmm, comme puis-je dire… Lorsqu’on regarde dehors, qu’on regarde les poli­tiques menées, il y a l’ob­jec­tif d’ef­fac­er les dif­férences… elles ne sont pas accep­tées… Et nous, en tant que représen­tants d’une société, d’un peu­ple, essayons de trans­met­tre cette musique aux généra­tions à venir. C’est notre lutte à nous. Bien sûr, il y aura des choses néga­tives, des réac­tions qui vien­dront de l’ex­térieur, mais nous con­tin­uons, mal­gré les prob­lèmes exis­tants, mal­gré la vio­lence existante.

Févri­er 2021 — Un groupe de femmes répète en pré­pa­ra­tion du 08 mars.

Il y a aus­si la pandémie. Com­ment tra­vaillez-vous en ce moment ?

Arjin - Pen­dant la pandémie il y a eu des restric­tions, avec les cou­vre-feux, les quar­an­taines, notre cen­tre for­cé­ment a du fer­mer. Nous avons essayé d’en­seign­er en ligne. Après les inter­dic­tions, même si on ne peut pas appel­er ça à revenir à la nor­male, en met­tant des règles très strictes, nous avons recom­mencé à don­ner des cours. Mais actuelle­ment, comme les élèves de con­ser­va­toire sont nombreux.ses, nous tachons de con­tin­uer leurs cours en ligne, que ce soit le kurde, le stran­bêji ou le deng­bêji. Pour les autres cours indi­vidu­els, les élèves vien­nent et nous faisons nos cours en respec­tant les gestes barrières.

Fer­hat - Cha­cun a essayé de con­tin­uer ses cours peu importe où il est par­ti. Que ce soit dans une mai­son, ou sous un arbre dans la nature. Bien sur il y a eu des retards, des empêche­ments mais notre objec­tif était de ne jamais cess­er l’en­seigne­ment quoi qu’il se passe. Il fal­lait attein­dre les enfants, même pen­dant la pandémie. Ensuite nous avons pu de nou­veau nous rassem­bler ici. Les cours indi­vidu­els se font en présence des enfants, surtout pour les instruments.

Votre pro­jet, les con­certs de Amî­da (Amîd est le nom his­torique de Diyarbakır), fait par­tie de cette volon­té de dévelop­per la cul­ture kurde.

Fer­hat - Les con­certs Amî­da, c’est la voix du passé, du passé jusqu’à nos jours… C’est une idée de la mère d’un de nos élèves, dévelop­pée ensuite lors de dis­cus­sions et d’échanges. A Diyarbakır il existe des lieux his­toriques peu con­nus. Moi par exem­ple, alors que j’y vis depuis trois ans, il y a encore des endroits que je décou­vre. Et il se trou­ve que cer­taines per­son­nes d’i­ci ne les ont pas encore vus. Nous essayons de faire con­naître ces lieux his­toriques du passé, et qui ont pu per­dur­er jusqu’au­jour­d’hui [NDLR : en 2015–2016, les forces armées turques ont détru­it une par­tie impor­tante du cen­tre his­torique de Diyarbakır, le quarti­er de Sur, lors de la guerre des villes].

Qua­tre con­certs ont déjà été dif­fusés. Nous en prévoyons dix. Notre objec­tif est de pré­par­er des con­certs qui cor­re­spon­dent au tis­su social du lieu his­torique con­cerné, avec un con­tenu kurde, turc, arménien, laz… Et à chaque con­cert, nous avons un artiste invité. Au début nous avions des inquié­tudes, nous nous ques­tion­nions sur la réus­site de notre pro­jet ? Mais si on regarde les retours ent­hou­si­astes, c’est plutôt réus­si. Mon­tr­er les lieux his­toriques de cette façon était une belle idée. Si on pou­vait éten­dre cela dans d’autres villes ce serait bien.

Quels nou­veaux pro­jets pour Ma Müzik?

Fer­hat - Nous avons une propo­si­tion : “Zarok Ma”, pour les enfants de 2–5 ans. Je par­le de 2–5 ans, mais en vérité il s’ag­it d’un enseigne­ment musi­cal qui com­mence dans le ven­tre de la mère, jusqu’à 5 ans. Pour l’in­stant le pro­jet est en cours de con­struc­tion. Nous avons com­mencé une cam­pagne de finance­ment par­tic­i­patif. On va essay­er de com­mencer les cours en mars, peut être fin mars. C’est un enseigne­ment de musique avec par­tic­i­pa­tion parentale. Il y aura aus­si des ate­liers d’art pour les enfants de bas âge, ain­si que des cours de yoga. Les enfants vont pou­voir com­mencer à con­naître la musique de leur cul­ture déjà dans le ven­tre de leur maman.

Arjin - Notre objec­tif, comme notre devise le dit, c’est de ne pas laiss­er les enfants de ce pays sans musique. Ce pro­jet sera mené peu importe les con­di­tions. Nous lançons donc Zarok Ma, pour que les enfants de 0–5 ans puis­sent appren­dre leur pro­pre culture.

(elle rit) Même si la cam­pagne de finance­ments échoue, nous allons con­tin­uer l’ap­pren­tis­sage autant que nous pou­vons, partout, si néces­saire dans la rue !

Févri­er 2021 — Un groupe de femmes répète en pré­pa­ra­tion du 08 mars.

Févri­er 2021 — Un groupe de femmes répète en pré­pa­ra­tion du 08 mars.

A votre avis, d’une façon générale, quelle est la sit­u­a­tion de la musique kurde ?

Arjin - Il y a de nou­velles com­po­si­tions des artistes kur­des. Mais, toutes les musiques kur­des ne sont pas les mêmes, au niveau style… Si on donne l’ex­em­ple des cours de stran­bêji et deng­bêji, la langue est le Kurde, des choses pro­fondes sont exprimés mais comme ce sont des “uzun hava” [type de musique avec “rythme libre”, qui n’a pas de con­trainte ryth­mique. Ce qui génère une mélodie lente, mélan­col­ique], ça ne s’é­coute plus beau­coup. Dans les con­di­tions musi­cales actuelles, si on le fai­sait écouter à un enfant, il se boucherait les oreilles et par­ti­rait en courant.

Notre objec­tif est juste­ment de dévelop­per la musique kurde, et de la sor­tir de l’ou­bli. Vous enten­dez une chan­son sur un rythme lent, et tout à coup il y a des mélodies hip-hop qui entrent en jeu. C’est peut être un proces­sus de mod­erni­sa­tion. Les artistes regar­dent ce qui est en vogue, ils se deman­dent com­ment ils peu­vent se faire enten­dre, et ils trans­for­ment la chan­son en une autre chan­son très dif­férente. Un cer­tain nom­bre de nos musi­ciens qui jouaient de la musique kurde tra­di­tion­nelle se sont tournés vers l’opéra, vers le clas­sique. Peut être qu’ils se dis­ent, mod­ernisons-nous, pour que notre pub­lic s’agrandisse…

Dans nos chan­sons, on racon­te du vécu, c’est pro­fond. Nous con­sta­tons que lorsqu’on par­le de cette musique, nom­bre d’en­tre nous, les Kur­des ne la con­nais­sent pas, ne l’é­coutent pas, mais quand on dit opéra, clas­sique, tout le monde est ent­hou­si­aste. Nous, notre objec­tif est de dévelop­per la musique kurde. Mais j’ai l’im­pres­sion qu’une par­tie d’en­tre nous essaye de faire cela, alors qu’une autre par­tie, je ne sais pas mais, c’est comme si elle essayait de l’anéan­tir. Mal­heureuse­ment c’est dif­fi­cile de se retrou­ver dans un effort com­mun, et c’est pour la musique kurde, un risque de disparition.

Fer­hat - Au Roja­va par exem­ple, il y a de la créa­tion. Ici, les jeunes se sont éloignés de leur pro­pre cul­ture. Avec nos cours de deng­bêji, qui ont com­mencé il y a un an, nous voyons qu’il y a un regain d’in­térêt. Nous avons désor­mais des jeunes qui vien­nent en cours, nous avons des deng­bêj enfants. Il faut trans­met­tre cette cul­ture aux petits aussi.

Un dernier mot ?

Fer­hat - En 2018 nous avons organ­isé des ate­liers dans d’autres villes comme Adana, Mersin, Istan­bul, Sil­van, Silopi, Cizre. Dans des vil­lages du dis­trict de Mardin aus­si. Lors de ces ate­liers, nous avons vu l’én­ergie, l’en­t­hou­si­asme des enfants, l’é­clat dans leurs yeux. Ici, nous avions l’habi­tude des enfants qui nous courent après en nous appelant “mamoste, mamoste !”. Lorsqu’on est arrivé dans les vil­lages, ils se sont tenus à dis­tance de nous, mais, dès qu’on s’est adressé à eux dans la langue de leur cul­ture, nous avons com­mencé à nouer des rela­tions qua­si famil­iales… Ils nous ont appelés “Xalo (oncle frère de la mère), Apo (oncle frère du père), Mamo…”. Le mot “mamoste” a dis­paru. Lorsque nous repen­sons à ce genre de choses, nous ne pou­vons plus voir notre activ­ité seule­ment comme un tra­vail, mais comme quelque chose de vital. Tant que nous ver­rons cet éclat de lumière, nous con­tin­uerons de toutes nos forces , pour l’avenir de notre culture.

Entre­tien réal­isé par Loez
Pro­pos traduits par Naz Oke


Vous pou­vez vous régaler avec leurs créa­tions et con­certs sur la chaine Youtube de Ma Müzik, soutenir les pro­jets en suiv­ant sur Face­book, Twit­ter @mamusiccenter1, Insta­gram @mamusicenter,  encore mieux, en par­tic­i­pant à leur cam­pagne de finance­ment par­tic­i­patif. Et voici le site inter­net du cen­tre : www.mamusicenter.com


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Loez
Pho­to-jour­nal­iste indépendant
Loez s’in­téresse depuis plusieurs années aux con­séquences des États-nations sur le peu­ple kurde, et aux luttes de celui-ci.