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Aujourd’hui le 10 décem­bre 2020, c’est la “Journée inter­na­tionale des Droits humains”. Et je suis à Souleymanieh.

Tout au long de la journée, j’ai par­cou­ru la ville dont chaque recoin est un repère de mémoire. Chaque endroit que j’ai vis­ité nous racon­te une his­toire. Les sou­venirs des Kur­des tuéEs par le régime de Sad­dam sont encore bien vivants, la douleur est tou­jours perceptible.

Puis, avec des amiEs, je suis entrée dans le Parc de la Lib­erté. Sous le régime de Sad­dam, à la place de ce parc, il y avait un com­mis­sari­at. À cette époque, des cen­taines d’in­tel­lectuelLEs kur­des y furent tués, enter­rés vivants. Ce lieu, qui a pour­tant une douloureuse his­toire est aujourd’hui devenu un parc où les enfants jouent et rient aux éclats.

Par­fois, cer­tains peu­ples sont mal­heureuse­ment con­traints de se bat­tre durant des cen­taines d’années, pour leurs droits humains les plus fon­da­men­taux, les plus élé­men­taires, et d’en pay­er le prix. Nous sommes un peu­ple comme ça…

Une des qua­tre par­ties du Kur­dis­tan où je suis, est à pri­ori libre aujourd’hui. Mais, mal­gré cela, les droits fon­da­men­taux n’y sont pas rem­plis. Parce que dans cette par­tie, l’at­trait du pou­voir et la féo­dal­ité domi­nent. Depuis une semaine, les pop­u­la­tions sont dans les rues pour défendre leurs droits, et protes­tent pour revendi­quer leurs salaires qui ne sont pas ver­sés par l’E­tat, depuis un an. En une semaine 8 jeunes ont été tués. On man­i­feste à Souley­manieh et ses alentours.

Tant que les droits humains fon­da­men­taux ne sont pas instau­rés, que l’égalité n’est pas au ren­dez-vous, on ne peut être pleine­ment libres.

Et je pense à d’autres lieux dans ce monde, où ces mêmes com­bats se déroulent, en cette “Journée inter­na­tionale des Droits humains”. Ils sont si nombreux.

Actuelle­ment par exem­ple, les femmes en Pologne sont debout pour des droits fondamentaux.

En Turquie, dans le dernier mois, plusieurs actes de vio­lence sex­uelle furent com­mis con­tre les femmes. Mais l’État n’y fait tou­jours rien. Par ailleurs, des mil­liers de per­son­nes rem­plis­sent les pris­ons injustement.

Tout cela reflète le vis­age sex­iste, raciste, dis­crim­i­na­toire des Etats…

Je suis con­va­in­cue que les femmes sont dans les pre­miers rangs des luttes pour les droits humains. La lutte des femmes, est la lutte pour les droits humains.

Zehra Doğan
10.12.2020, Souley­manieh

Zehra Doğan

Zehra Doğan, “Kur­dis­tan 2”, 2020. Sur carte, acrylique, feu­tre, feuilles d’or. 150 x 114 cm. Prom­e­teo Gallery, Milan. Pho­to: Ludovi­ca Magni­ni.


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Zehra Doğan
Auteure, mem­bre d’hon­neur de Kedistan
Jour­nal­iste, artiste. Jour­nal­ist, artist. Gazete­ci, sanatçı.