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29 décembre 2014. Par un frais matin d’hiver, des combattant.es du PKK sont assis.es en rond sur des chaises plastiques autour d’un feu auprès duquel ils réchauffent leurs mains. Ils échangent avec un des leurs, assis parmi eux, plus âgé, le crâne dégarni. Rien ne le distingue des autres, si ce n’est que qu’on s’adresse à lui d’une voix respectueuse. Régulièrement, leur discussion est interrompue par quelqu’un qui vient lui apporter un message. Voix calme et posée, il donne ses ordres. Cet homme, c’est Egîd Civyan, commandant au sein des HPG.
Au moment où daesh envoyait ses combattants commettre un massacre à Shengal, c’est lui qui, avec une poignées de combattant.es du PKK , s’est lancé aux secours de la population ézidie abandonnée par les peshmergas à la solde de la famille Barzani et qui fuyait à travers la montagne. Il a ainsi permis l’ouverture d’un corridor vers le Rojava par lequel 150 000 personnes pourront échapper au massacre. Il organisera ensuite la contre-attaque contre daesh et la sécurisation des zones libérées pour les réfugié.es ézidi.es, jusqu’à l’offensive pour reprendre la ville de Shengal, qui débutera en décembre 2014 et s’achèvera un an plus tard.
D’après un communiqué du commandement des HPG, Egîd Civyan est tombé martyr dans la région de Van le 11 septembre 2020. Il était alors membre du commandement des HPG, et commandant de la région du Botan. Il est mort dans la contre-attaque aérienne menée par l’aviation turque, suite à l’assaut d’un groupe de combattant.es sur un poste de commandement de l’armée turque au sommet d’une colline, lors duquel les HPG affirment avoir tué plusieurs haut-gradés.
Egîd Civyan est né dans la région de Gever, au Bakur (Kurdistan Nord), sous le nom de Vahdettin Karay. Il avait découvert la pensée d’Öcalan pendant ses études. En 1995, il abandonne l’université pour rejoindre le PKK et combattre pendant 25 années dans ses rangs, du Botan aux monts Zagros. Il a été commandant de plusieurs zones. Durant le retrait de la guérilla du Kurdistan Nord en 2013, il se déplace dans la zone de défense de Medya où il est notamment actif dans l’organisation et l’éducation.
Après la libération de Shengal en 2015, il restera encore deux années et participera à la mise en place d’une administration autonome sur le modèle de celle du Rojava, avant de retourner en 2017 dans la zone de défense de Medya, et en 2018 dans le Botan.
Avec sa mort, le PKK perd un combattant aguerri et un commandant de valeur.
Photo à la Une : Egîd Civyan. Photo : Loez