Del­phine Durand con­tin­ue ses hom­mages poé­tiques. Après le dernier texte dédié à Roj­da Felat, elle s’adresse à Arin Mirkan. Pour les retrou­ver tous, suiv­ez ce lien.

Arin fut cap­i­taine des Unités de pro­tec­tion de la femme (YPJ).  Alors qu’elle com­bat­tait Daesh à Kobanê, le 5 octo­bre 2014, se trou­vant à court de muni­tions, elle s’est faite explos­er au milieu des djihadistes.

Dilar Gencx­emis, née à Afrine, avait adop­té le nom de guerre “Arin Mirkan”. Par son geste à Kobanê, elle est dev­enue elle est dev­enue un sym­bole. Son geste ne suf­fi­ra pas pour­tant à ce moment là, et s’ex­plique aus­si par le sort que réser­vait Daesh à ses prisonnièrEs.

 

Arin Mirkan,

La mort est plus légère que le cœur

Ta lumière est tombée sur tes épaules

Trem­blante

Affamée des poings de l’aube

Orphe­line comme l’aigu­ille fugace dans les veines

Ton front délire aux qua­tre points cardinaux

Et dans les branch­es du ciel

Tu chevauch­es l’étonnement

Tu es comme une jeune fille abandonnée

A qui on dit pleure moins fort

Entre tes joues creuses

Un brasi­er

Tes lèvres saignent

Tu ordonnes aux ombres

Presque d’éternité

Presque de mort

Sous ton masque de cire

Les papil­lons blessés

Sont des filles poursuivies

Sous leurs voiles

En Syrie toutes les lionnes

Ont le cœur transparent

Tu sculptes le râle de la neige au point d’être consumée

Dans l’ordre hal­lu­ciné des deuils qui te précède

Tu ne cess­es d’être un miroir déchiré

La mort est plus légère que le cœur


Image à la une par Naz Oke, octo­bre 2020

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Delphine Durand
Poétesse
His­to­ri­enne de l’art, mys­tique, poète, lais­sons au pluriel mag­nifique les mots de l’invisible… Del­phine est ontologique­ment présente dans la seule per­durable présence de l’art. Après des études de théolo­gie et de philoso­phie, elle choisit l’histoire de l’art mais son cœur ner­va­lien l’entraine vers des univers fan­tas­ma­tiques et sauvages, et enfin la poésie où nous sommes tous libres.