Le 1er octo­bre 2014, Kedis­tan pub­li­ait plusieurs ver­sions de “Bel­la Ciao”, juste pour le plaisir et pour annon­cer la couleur.

Le site venait de voir le jour quelques jours plus tôt. Daesh se retour­nait con­tre Kobanê, après avoir com­mis son géno­cide con­tre les pop­u­la­tions yézi­dies, et la Turquie fer­mait ses fron­tières aux réfugiés de Nord Syrie, kur­des en majorité. “Bel­la Ciao” pre­nait alors tout son sens. Et si la lib­erté de ton s’im­po­sait pour ne pas som­br­er dans le cat­a­strophisme, choisir le fond et l’analyse nous parais­sait plus utile que dif­fuser du sensationnel.

Voilà donc ce mois-ci un anniver­saire de six ans pour le mag­a­zine en ligne Kedis­tan, “le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil”.

Six années à pub­li­er sur la Turquie et la Syrie Nord, mais pas que. Parce que juste­ment nous ne sommes pas un guide touris­tique, ni un Paris Match des hor­reurs com­mis­es au Moyen-Ori­ent, encore moins un mag­a­zine de pro­pa­gande. Comme on l’écrivait lors de la fon­da­tion :

Nous avons aus­si une “intime con­vic­tion” : celle d’une rela­tion étroite entre cette par­tie du monde et le reste, à l’oeuvre déjà depuis des siè­cles d’histoire, et tou­jours charnière en activ­ité, pour des tas de raisons. Et on passera notre temps à en par­ler, à ten­ter de les éclair­er, de les débus­quer, aux antipodes de “l’eurocentrisme” con­venu, de l”orientalisme ou des théories fumeuses des “grands com­plots qui domin­eraient le monde.

Si vous êtes sur Kedis­tan, c’est que vous venez y chercher une infor­ma­tion sur la Turquie et le Moyen-Ori­ent, autre que ce qui vous est servi dans les médias main­stream, sans pour autant tomber dans des rac­cour­cis cul­tur­al­istes ou le con­fu­sion­nisme. Vous n’y trou­verez ni le jar­gon con­venu des par­tis ou groupes faits pour ça, ni esprit de chapelle, fut-elle lib­er­taire.

Et bien évidem­ment, si vous revenez, c’est que vous défend­ez la lib­erté, l’utopie d’un monde meilleur, et que vous aimez les chats.

Rien n’a changé depuis dans ce qui fait notre “ligne édi­to­ri­ale”, si ce n’est qu’en six années, au fil des belles et mau­vais­es ren­con­tres, la petite équipe s’est renou­velée, cha­cunE par­tic­i­pant à son rythme, et les rubriques se sont étof­fées et diversifiées.

En 2014 nais­saient aus­si d’autres blogs, jour­naux en ligne, en grand nom­bre. Les réseaux soci­aux en Europe ren­forçaient leur influ­ence et leur pou­voir de dif­fu­sion d’in­for­ma­tion. Les plate­formes étaient con­traintes de s’en accom­mod­er, par pur opportunisme.

Kedis­tan ne s’est jamais situé en “con­cur­rence”. Nous avons au con­traire applau­dit à cette éclo­sion, même si par­fois, avouons le, le grand n’im­porte quoi nous saoule, tant le verbe haut dans l’i­n­ac­tion nous désole. A quoi sert de dénon­cer sans se pren­dre par la main soi-même et ten­ter des sol­i­dar­ités actives ?

Kedis­tan a aus­si, dans la lim­ite de ses faibles moyens, lancé, relayé, soutenu des cam­pagnes de sou­tien, très con­crète­ment. Belles et mau­vais­es ren­con­tres là aus­si, mais au final en majorité de solides liens d’ami­tié et de col­lab­o­ra­tion tis­sés. Aslı Erdoğan, Zehra Doğan, par­mi d’autres, aujour­d’hui Ned­im Tür­fent et Nûdem Durak, pour ne citer qu’elles/lui.

Si ces cam­pagnes de sou­tien ont pris tant de place dans nos colonnes, c’est du fait de la per­son­nal­ité de celui et celles pour lesquelles elles se sont dévelop­pées, et du fait que chaque fois, il s’ag­it d’une parole col­lec­tive, qui est con­trainte, réprimée ou empris­on­née. Paroles ren­for­cée par l’Art, la Musique ou la Lit­téra­ture, qui par­lent à tous et toutes. Il n’est qu’à con­stater com­bi­en ces paroles et les actes d’Aslı ou de Zehra font aujour­d’hui écho en lib­erté et pro­duisent des pris­es de con­science, bien au delà d’un cer­cle restreint d’initiéEs.

Le com­bat fémin­iste s’est tout autant imposé, et là encore, que ce soit dans le sou­tien au pro­jet du Roja­va, ou en écho aux luttes, les arti­cles ne man­quent pas.

Et comme le sort de la planète ne se joue pas qu’au Moyen-Ori­ent, mais bien aus­si dans la néces­saire prise de con­science que rien ne va plus avec ce cap­i­tal­isme pré­da­teur et que la vie avec lui se meurt avant que la terre ne brûle, dévelop­per des pub­li­ca­tions autour de l’Ecolo­gie Sociale, se faire le relai de celles et ceux qui résis­tent, nous a sem­blé indis­pens­able, pour la cohérence.

Et tout cela avec quelques petites mains, des claviers et écrans, et un bud­get qui s’assèche de mois en mois, puisque nous tenons tou­jours à la gra­tu­ité de Kedis­tan et à l’ab­sence de pub­lic­ité sur nos pages.

Le site con­naît aus­si des hauts et des bas. Des 1 mil­lion 200 mille vis­ites en 2017, nous serons fin 2020 à 650 000, bien que les lecteurs et lec­tri­ces non fran­coph­o­nes soient passés de 30% en 2017 à près de 50% cette année. Ce sont prin­ci­pale­ment les lec­tri­ces et lecteurs fran­coph­o­nes qui nous lisent moins, et cela nous par­le sur le “fran­co-cen­trisme” et le repli domestique.

Mais comme il n’y a pas d’an­niver­saire digne de ce nom sans gâteau, par­lons de la galette.

Oui, nous avons réduit la voil­ure, les journées ne sont pas exten­si­bles et les kedi se fatiguent comme tout le monde. Mais nous ne faisons pas d’é­conomies pour autant. La main­te­nance d’un site, sa péren­nité, même si les autrices/teurs y sont bénév­oles, ne se paie pas à la ligne, mais au mois. Alors, par­don­nez-nous de faire à nou­veau appel à la générosité. Comme on dirait en Bre­tagne pour une autre occa­sion, “les mou­ettes ont pied”. Autrement dit, le bol de cro­quettes est vide.

Nous espérons pou­voir fêter en 2021 les 7 années d’ex­is­tence. Mer­ci de votre intérêt et fidélité.

cagnotte kedistan

 

Même chaque petite goutte compte, inutile de cass­er la tirelire…

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Image à la Une, avec Mon­sieur Noizet.

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