Le livre “L’échelle de l’espoir”, de François Labande, vient de paraitre aux édi­tions du Four­nel. Entre mon­tagne du Bri­ançon­nais et Kurdistan.

Nous avons appré­cié l’op­ti­misme du titre, et nous soutenons le par­ti pris de l’au­teur, par ailleurs engagé lui-même dans la solidarité.

Ecrire un roman au plus proche du réel c’est une ligne de crête à suiv­re, mais aus­si une façon d’en­traîn­er les amoureu-ses du livre sur des sen­tiers qu’ils/elles n’au­raient peut être pas décou­verts. L’Art, comme la lit­téra­ture, peut inciter à com­pren­dre le monde et agir pour qu’il soit plus beau.


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Farid, jeune médecin human­i­taire, se remet d’un grave acci­dent chez son père à Bey­routh, suite à sa libéra­tion par les Kur­des alors qu’il était otage de l’E­tat islamique à Raqqa. Puis il revient chez sa mère dans les Alpes, près de Bri­ançon. Là, il décou­vre le phénomène récent de pas­sages des fron­tières dans la mon­tagne par des migrants, en dehors des routes et en hiv­er. Il s’in­vestit dans leur accueil, tout en reprenant un poste de médecin généraliste.

Mais son organ­i­sa­tion human­i­taire lui demande de retourn­er en mis­sion en Syrie. Il va dès lors partager sa vie entre l’aide aux migrants (soins, accueil, maraudes), avec toutes les dif­fi­cultés causées par la sur­veil­lance des fron­tières et la pres­sion judi­ci­aire sur les bénév­oles, et d’autre part de nou­veaux voy­ages en Syrie : Homs, la bataille d’Afrin, le Kur­dis­tan où il noue con­tacts et ami­tiés. Des épisodes de plus en plus inquié­tants vont mar­quer son quo­ti­di­en, con­flits avec des groupes iden­ti­taires sur les cols des Alpes, sur­veil­lance par les ser­vices de ren­seigne­ments syriens et turcs, ten­ta­tive d’at­ten­tat sur ses amis kur­des, men­aces directes sur le gîte famil­ial de Névache où il passe le réveil­lon avec tous ses proches.
Avec un leit­mo­tiv : à quoi mène toute cette violence ?

Roman ou réc­it documenté ?

Certes, c’est un roman, car tous les per­son­nages sont fic­tifs, ils ont leur pro­pre his­toire… qui peut d’ailleurs être inspirée par des femmes ou des hommes exis­tant réelle­ment. Mais la plu­part des événe­ments qui con­stituent la trame du réc­it se sont effec­tive­ment pro­duits. Enfin… presque tous, car il faut tout de même laiss­er une part d’imaginaire. Le cadre en est la péri­ode 2017–2018 pour l’espace-temps. Il est à dou­ble entrée pour les lieux : le Bri­ançon­nais (Hautes-Alpes) d’une part, le Proche-Ori­ent (Liban, Syrie, Roja­va) de l’autre.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Les moti­va­tions qui m’ont poussé à écrire le livre sont diverses.

Tout d’abord, mon impli­ca­tion dans le mou­ve­ment Tous Migrants, qui, depuis des années, est engagé dans l’accueil des réfugiés qui arrivent à Bri­ançon après avoir franchi la crête des Alpes.

Autre rai­son, l’engagement de mon fils depuis plus de vingt ans au sein du Pro­gramme ali­men­taire mon­di­al de l’ONU, avec des mis­sions dif­fi­ciles, à Bey­routh en 2006 au moment des bom­barde­ments d’Israël sur la métro­pole libanaise (où il a ensuite vécu plusieurs années), et plus récem­ment deux années à Erbil, cap­i­tale du Kur­dis­tan irakien, au moment le plus fort des com­bats con­tre Daesh. Il a par­ticipé entre autres à l’évacuation, de Mossoul vers la Turquie, des com­mu­nautés yézidis men­acées d’extermination.

Le nar­ra­teur du livre et per­son­nage prin­ci­pal, jeune médecin human­i­taire à la dou­ble nation­al­ité fran­co-libanaise et opérant des mis­sions en Syrie, est en quelque sorte un clin d’œil à mon fils.

Vous avez vous-même voyagé ?

Con­traire­ment à Bri­ançon où j’étais, et suis encore présent, sur les lieux des migra­tions, j’ai dû tra­vailler à par­tir de mul­ti­ples doc­u­ments pour ser­rer au plus près l’actualité de la guerre en Syrie au long des deux années où se situe l’action de mon roman, me référant à des sources sûres qui, elles, obser­vaient au plus près du ter­rain, et j’ai évité de pren­dre de trop grandes lib­ertés dans le but de faire vivre mes per­son­nages. Ce qui ne m’a pas empêché de me laiss­er porter par l’improvisation dans la dernière par­tie du livre, un brin thriller, ne m’attachant alors plus étroite­ment au vrai, mais au vraisemblable.

Qu’at­ten­dez-vous de cette parution ?

Mon souhait, avec cette paru­tion, serait de pou­voir réveiller l’intérêt des lecteurs que je peux touch­er par ce livre. À un niveau plus large que mon lec­torat, j’estime vital que, dans l’opinion publique, le sort des habi­tants du Kur­dis­tan syrien, le Roja­va, ne se trou­ve plus – pour repren­dre la for­mule de Patrice Franceschi – « dans le trou noir de l’information ». Sans compter que la poli­tique migra­toire de la France et de l’Union européenne, et l’attitude des grandes puis­sances face à la dégra­da­tion cat­a­strophique des droits des peu­ples et des per­son­nes au Proche-Ori­ent sont étroite­ment liées.

L’échelle de l’espoir
François Labande
édi­tions du Fournel
320 pages, 22 €

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François Labande

 

François Labande

Né en 1941 à Toulon, François Labande est un alpin­iste et écrivain français, mem­bre fon­da­teur de la sec­tion française de la sec­tion française de l’ONG Moun­tain Wilder­ness et auteur de nom­breux topo-guides d’alpin­isme, de ski de ran­don­née et de ran­don­née péde­stre ain­si que d’ou­vrages de réflex­ion sur la pra­tique de l’alpin­isme et la pro­tec­tion des grands espaces libres de la montagne.

 


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