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Comme si produire des tomates en Turquie les avait rendues gratuites, Erdoğan promet à tous les bons républicains ottomans bientôt une quasi gratuité du gaz, dès que quelques petits problèmes annexes auront été réglé avec la Grèce et la Russie. Encore une promesse de plus pour 2023.
Il paraît qu’au large de nos côtes, extensibles depuis quelque temps, une fortune serait retenue prisonnière, comme une princesse méditerranéenne attendant d’être libérée par son prince charmant, néo-ottoman et à moustaches de préférence.
Tous les justificatifs sont donnés par Erdoğan pour ses expéditions en Lybie, sa petite guerre des îles, et ses rodomontades à propos de Chypre : il y va de l’avenir de la république et des Turcs en 2023.
On en oublierait presque la guerre officielle qui continue ses bombardements contre les forces et populations kurdes en Irak et en Syrie Nord.
Le gaz est présent désormais à tous les étages des ministères de la république, et on va l’installer à Sainte Sophie aussi, si ça continue. C’est l’enfumage du petit peuple, le gazage pour la partie qui n’y croirait pas.
Mais, quels sont les faits ? Et les méfaits…
Depuis peu, dix-huit navires de guerre, rien que ça, escortent un navire d’exploration gazière sous-marine, le Fatih, jusque dans les eaux territoriales de la Grèce, à 130 km de l’île de Rhodes, mais à moins de sept kilomètres de la côte sud de la Turquie. L’héritage d’un certain traité de Sèvres, bientôt à son terme, puis des échanges de populations sous Atatürk créent une certaine confusion dont le “républicain nationaliste néo-ottoman” profite abondamment. Les limites territoriales sont paperassières, et leurs extensions maritimes aussi. La marine grecque est sur le coup. Les “diplomaties” européennes “s’alarment”.
Ce sont sous les eaux chypriotes que la princesse gaz serait la plus belle et évanescente, mais au large de la Lybie, la manne financière serait possible aussi. 5 765 milliards de mètres cubes, promettent les estimations.
Erdoğan veut bien partager, à condition d’imposer sa grosse part. En tant qu’héritier de l’Empire, la princesse sous marine lui reviendrait. Et il prend les devants pour qu’elle ne s’évapore.
Non, je ne suis pas en train de vous faire croire que la diplomatie guerrière d’Erdoğan repose seulement sur un produit volatile.
Déjà, un accord avec Poutine, qui commande à Gazprom, avait mis en émoi l’UE, puisque désormais un gazoduc, “Turkstream” passant sous la mer noire, amènera 31 milliards de mètres cube. Déjà la moitié ira à la Turquie, le reste cheminera en Europe, évitant le point noir de l’Ukraine. Poutine, toujours lui, déjà bien présent pour tempérer les ardeurs de notre Reis en Syrie, participe aussi du tour de Lybie, dans une équipe concurrente. Là aussi, certainement pas pour la gloire diplomatique. Bref, le gaz ne fait pas la politique, mais ça y participe.
Quand on regarde de près les choses, on constate que depuis le début du XXIe siècle, le jeu d’alliances et de mésalliances d’Erdoğan, ses petites et grandes guerres régionales, l’ont conduit en suspension au dessus de nulle part, et en renégociations de rapports de forces avec tout le monde. Et qui finalement reste son meilleur allié ? L’Union Européenne, par crainte de l’immigration, donc leurs opinions publiques xénophobes.
Les bisbilles autour des “droits de l’homme et de la démocratie” sont là pour faire oublier la présence militaire tolérée de la Turquie, membre de l’OTAN, sur des territoires qui ne sont pas les siens, et les trahisons post-Daech en Syrie. Serviront-elles toujours pour ce qui est là une future histoire de gros sous ?
La princesse à l’énergie faux cils sera-t-elle la dernière aventure qui remettra Erdoğan à sa place ?
On ne va pas quand même pas aller prier à Sainte Sophie pour que les grands groupes gaziers fassent pression !