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Voici la déc­la­ra­tion des Femmes déplacées d’Afrin que nous a envoyée notre amie Gulis­tan Sido , depuis le Roja­va. Nous la pub­lions dans son intégralité.

À l’attention de M. António Gutteres, Secrétaire-Général des Nations Unies 
À l’attention de Mme Michelle Bachelet, Haut commissaire des Nations Unies pour les droits humains 
À l’attention de M. Paulo Pinheiro, président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne 

Des vidéos et des pho­tos de séries de crimes et de vio­la­tions de droits com­mis par les autorités d’oc­cu­pa­tion turque et des groupes armées affil­iés qui leur sont loy­aux dans ce qu’il est con­venu d’ap­pel­er “l’ar­mée nationale syri­enne”, récem­ment divul­guées par les mer­ce­naires eux-mêmes, révè­lent que ces groupes déti­en­nent des douzaines de femmes kur­des dans un cen­tre mil­i­taire et leur inflige des violences.

Cette preuve visuelle s’a­joute à des douzaines de rap­ports quo­ti­di­ens et d’in­for­ma­tions con­cer­nant les crimes et les exac­tions com­mis­es par des groupes armés suiv­ant les instruc­tions des autorités d’oc­cu­pa­tion turque, et sert de con­fir­ma­tion addi­tion­nelle du com­porte­ment de ter­reur imposé sur la région depuis son occu­pa­tion par la Turquie. Ces pra­tiques extra-légales ne tien­nent pas compte d’un min­i­mum de con­sid­éra­tion pour l’hu­man­ité et la morale et sont cou­vertes  par un silence hon­teux de la part d’in­stru­ments internationaux.

Ces fac­tions armées ne pos­sè­dent pas la moin­dre légitim­ité en droit et ser­vent d’in­stru­ment à Ankara afin d’oc­cu­per Afrin et en déplac­er 80% des habi­tants kur­des d’o­rig­ine. Le reste de ces rési­dents sont détenus dans une vaste prison où ils sont soumis à l’im­po­si­tion d’a­mendes, au vol, à l’emprisonnement, à la tor­ture, aux enlève­ments et au meurtre.

Les pra­tiques des groupes armés con­tre les femmes kur­des sont en vio­la­tion ouverte de toute les lois inter­na­tionales et de toutes les normes sociales, et ne dif­fèrent en rien des pra­tiques de DAESH con­sis­tant à réduire les femmes en esclavage, bafouant leur dig­nité et les soumet­tant à des traite­ments brutaux.

 Ce qui se passe à Afrin vio­le le droit naturel de l’être humain à la vie, ain­si qu’un nom­bre de lois inter­na­tionales, y com­pris les suivantes :

 — La déc­la­ra­tion uni­verselle des droits de l’homme adop­tée à Paris le 10 décem­bre 1948 dans laque­lle il est dit à l’ar­ti­cle 5 que “nul ne sera soumis à la tor­ture, ni à des peines ou traite­ments cru­els, inhu­mains ou dégradants.” À l’ar­ti­cle 9: “Nul ne peut être arbi­traire­ment arrêté, détenu ou exilé.” A l’ar­ti­cle 12: “Nul ne sera l’ob­jet d’im­mix­tions arbi­traires dans sa vie privée, sa famille, son domi­cile ou sa cor­re­spon­dance, ni d’at­teintes à son hon­neur et à sa répu­ta­tion. Toute per­son­ne a droit à la pro­tec­tion de la loi con­tre de telles immix­tions ou de telles atteintes.” 

- L’ar­ti­cle 7 du Statut de Rome définit en tant que crimes con­tre l’hu­man­ité sujets à peines sous la loi inter­na­tionale, l’emprisonnement, la tor­ture, la réduc­tion à l’esclavage et toute forme de vio­lence con­tre les femmes et leur honneur.

 — L’ar­ti­cle 27 de la Con­ven­tion de Genève déclare que “les per­son­nes pro­tégées ont droit, en toutes cir­con­stances, au respect de leur per­son­ne, de leur hon­neur, de leurs droits famil­i­aux, de leurs con­vic­tions et pra­tiques religieuses, ain­si que de leurs us et cou­tumes.” La con­ven­tion con­tient des arti­cles et des dis­po­si­tions inter­dis­ant les traite­ments cru­els et les attaques con­tre la dig­nité personnelle.

 — La déc­la­ra­tion de l’Assem­blée générale des Nations Unies en 1974 con­cer­nant la pro­tec­tion des femmes et des enfants.

 — Les principes de la Déc­la­ra­tion inter­na­tionale sur l’élim­i­na­tion de. la vio­lence faite aux femmes (1993)

 — Les recom­man­da­tions du Haut Com­mis­sari­at des Nations Unies dans la Con­ven­tion sur le Statut des Femmes.

 Au vu de l’ensem­ble des arti­cles cités ci-haut, nous deman­dons à la com­mu­nauté inter­na­tionale et aux instru­ments inter­na­tionaux appropriés :

  1. D’a­gir immé­di­ate­ment pour met­tre fin aux vio­la­tions qui se pro­duisent depuis plus de deux ans à Afrin, de révéler le sort fait aux femmes kur­des empris­on­nées dans les cen­tres de déten­tion des fac­tions armées loyales à l’oc­cu­pa­tion turque, et de libér­er ces femmes immédiatement.
  2. De met­tre sur pied un comité inter­na­tion­al d’en­quête avec le pou­voir de pour­suiv­re les auteurs des crimes qu’ils ont com­mis, com­prenant le meurtre, les enlève­ments, et la tor­ture des femmes kur­des à Afrin.
  3. Per­me­t­tre à des réseaux de presse fiables d’en­tr­er dans la région d’Afrin afin de fournir une infor­ma­tion objec­tive et véridique sur l’amère réal­ité imposée aux pop­u­la­tions autochtones qui y sont encore.
  4. Met­tre fin à l’oc­cu­pa­tion turque, expulser les groupes extrémistes et assur­er le retour de façon sûre et digne aux per­son­nes chas­sées de leurs terres.
  5. Class­er au rang de groupes ter­ror­istes les groupes armés con­trôlant Afrin, en se fon­dant sur leur comportement.

Les femmes déplacées d’Afrin 
1er juin 2020

Vidéo sur Face­book : ici

  • afrin

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