Notre magazine est aujourd’hui sommé de cesser définitivement d’ouvrir ses pages à la cause kurde, avec un harcèlement continu, que vous pouvez lire ici. Il nous faudrait de surcroît présenter toutes nos excuses pour l’avoir fait.
Nous pensions que ces menaces devaient arriver un jour. Mais nous ne pouvions imaginer qu’elles viendraient d’ailleurs que du camp de l’AKP ou de pros-Erdoğan, et qu’elles utiliseraient sur les réseaux sociaux des méthodes habituellement en cours pour couler le boutiquier d’à côté, pour concurrence déloyale.
Comme nous devons faire court et que nous sommes sommés de répondre dans l’heure sinon.… voici les réponses qui nous sont venues, suite à cette expérience de harcèlement continu.
En tant que média alternatif, Kedistan a toujours eu une libre parole et ne changera pas. Nous avons toujours défendu l’idée que le journalisme ne pouvait ni être dans l’objectivité hors sol, ni dans la propagande de groupes ou de partis, qui ont leur propre communication politique.
Kedistan, nos lectrices et lecteurs le savent, ne consacre à la question kurde qu’une petite partie de ses publications, même si tout est lié au Moyen-Orient, et que les propositions politiques mises en avant par le mouvement kurde dans la région, pour les femmes, les LGBTI, les autres Peuples de Turquie et de Syrie, nous intéressent au plus haut point. Les donner à lire intelligiblement ici nous semble important, tant règnent les confusions, l’orientalisme et les influences du kémalisme nationaliste.
Cela suppose donc qu’être média alternatif face à des causes, qui ne manquent pas, ne peut se traduire seulement par une attitude à la Paris Match, dont tout le monde connaît le slogan, 1mais suppose de s’engager dans des solidarités concrètes, sans pour autant parler à la place de ceux/celles qui résistent, mais seulement “porter leur voix”.
C’est ce que Kedistan a fait à deux reprises ces dernières années. Nos lectrices et lecteurs le savent, puisqu’ils/elles se sont serviEs des contenus, informations, traductions pour amplifier et multiplier des soutiens, initiatives.
Le magazine n’a pas “dirigé” ou “mené” de campagnes de soutien, il en a souvent favorisé les conditions, la diffusion, la logistique. Mais quand il s’est agi d’une amie proche, journaliste, que tous nos lecteurs et lectrices connaissent, désormais auteur invitée d’honneur, avec comme quelques unEs d’entre nous un statut officiel de journaliste, nous sommes encore allés plus loin.
Devrions-nous nous excuser d’avoir exercé à l’encontre d’une écrivaine turque menacée d’emprisonnement à vie un soutien élémentaire ? Devrions nous nous excuser de ne pas avoir attendu d’hypothétiques soutiens qui tardaient à se manifester ? La même question peut être posée pour notre amie et membre de l’équipe.
Devrions nous alors aussi nous excuser d’avoir fourni une possibilité logistique de traduction, nos supports de publications relais, rôdés depuis presque 6 ans, à une nouvelle campagne de soutien pour obtenir la libération de la chanteuse Nûdem Durak, emprisonnée en Turquie ?
Cette mobilisation pour elle, qui redémarre, nous en avons été informés par ses initiateurs/trices qui, cherchant à élargir les relais, nous ont demandé de nous y associer, à la mesure de nos réseaux et moyens, comme ils/elles l’ont fait pour d’autres, comme Lundi Matin, L’Humanité… des personnalités politiques de la gauche française, des intellectuelLEs, artistes, auteurs et autrices… Nous devrions donc nous excuser d’avoir dit “oui” comme d’habitude à un appel, pour une campagne aujourd’hui salie sur le Net ? On se demande bien pourquoi.
Ces calomnies doivent cesser. Ces correspondances privées qui datent de quatre années, mises en “copies d’écran” sur la place publique, par un site, des tweeters et une page facebook, comme autant d’extraits de dossiers de police, sont des éléments de harcèlement et de diffamation dont la finalité nous échappe, lorsqu’ils s’accompagnent de la mise en cause de personnes, de solidarités, et pire, de la publication avec elles d’une photographie d’une mère d’un fils assassiné par la barbarie. Depuis quand se sert-on de telles images de deuil pour les mêler à des querelles dignes de la guerre des boutons ?
Il n’y aura donc ni excuses ni regrets, ni suites non plus, sauf judiciaires si nécessaire
Kedistan n’a plus aucun rapport avec le groupe à l’origine de ce harcèlement paranoïaque depuis trois années, ni de près, ni de loin. Et même en communiquant par pigeon voyageur, nous ne saurions à qui et à quelle adresse l’envoyer, tant ils ont soigneusement bouclé sur les réseaux tous moyens de communiquer. Et si des esprits s’emballent en période de confinement, nous gardons nous, la tête froide.
Mais Kedistan tirera néanmoins une leçon de ce qui survient.
Comme nous l’avons fait dans le passé à la suite d’expériences malheureuses de collaboration que nous avions cru fraternelles, alors qu’elles relevaient d’autres motivations inutiles à ramener ici, Kedistan à l’avenir se tiendra encore plus éloigné de tous lieux de petits pouvoirs, fussent-ils à façade avenante, en plus de personnes dont on pourrait interroger les parcours sombres, croisées ces dernières années autour de la cause kurde.
Nous devrons donc annoncer malheureusement à nos amiEs kurdes, membres d’organisations, que désormais Kedistan ne se fera plus relai et se situera strictement dans son rôle de lanceur d’alertes, de solidarités essentielles, d’informations et d’analyse, laissant aux organisations le soin de leur communication désormais.
Par ailleurs, le caractère raciste du harcèlement dont est victime la fondatrice de Kedistan, c’est vrai, née en Turquie, ajouté à des calomnies, diffamations et sous-entendus nous interroge tout autant sur l’origine réelle de ces attaques, (les termes des articles ont soigneusement été édulcorés depuis leur premier jet) qui relèvent d’un délit caractérisé qui pourrait finir devant la justice.
Nous ne demandons donc à quiconque de prendre parti dans cette “histoire”, il y a assez de mouches autour pour ça. Mais nous ne pouvions que fournir cette mise au point, après nous être tus une semaine, malgré les diffamations sur les réseaux.
Pour fin de toute querelle stupide, dont certains doivent se frotter les mains sur le thème “ils se bouffent entre eux maintenant”.
La Rédaction du Kedistan