Tandis que Zehra Doğan, libérée de prison en 2019, et pourtant encore confinée quelque part dans cette période de pandémie, continue à créer pour les femmes kurdes, tandis que Nûdem Durak, chanteuse emprisonnée, voit un mouvement de soutien se dessiner pour demander sa libération, des milliers d’anonymes sont confinéEs dans les geôles turques…
“Je vous envoie ce poème, écrit dans la douleur pour tous ceux et celles qui sont emprisonné.e.s, pour le peuple kurde” dit la poétesse Delphine Durand…
La fleur qui ne se met jamais en colère peut nous rendre la vie
J’ai bien tenté de leur parler
Ils riaient
Et j’étais animal haletant dans mille corps
Jetés en prison
Et ils préparaient déjà l’oubli de leur honte
Arrachant de nos ventres la roche et le désert
Détachant l’espoir de nos membres pour faire l’inventaire
De nos enfants
Des bijoux enchantés du vivant
Et l’amour aux chevilles liées
Vous pouvez rire
Mais ce que nous sommes
Va plus loin en se lacérant
Dressant nos cartilages
Loin de l’axe de mort
Nous rêvons si loin
Que vos armes tombent de vos mains
Et nous dérobons nos lambeaux de chair
A vos dents de plomb
Nous sommes plus gravés de cicatrices
Que l’anneau de l’horizon
Nous aimons pour chaque bouche en sang
Pour chaque regard perdu
Nous implorons la tristesse
Si le ciel manque de rivières
Qu’il prenne mes bras
Et pour recoudre la mémoire
Voici la fleur qui ne se met jamais en colère
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