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Au sujet du coro­n­avirus, et en guise d’in­tro­duc­tion, je pose là, sur un coin de chronique, quelques phras­es en désor­dre d’une par­tie de mika­do qui risque de durer.

1• Le coronavirus agit aussi comme révélateur sociétal

On enfonce des portes ouvertes, (et pour­tant fer­mées en péri­ode de con­fine­ment qui va devenir qua­si plané­taire), en dis­ant comme à chaque cat­a­stro­phe humaine : “rien ne sera plus comme avant”.

A l’a­vance, sans atten­dre l’in­ver­sion d’une courbe, comme le fit en France un Godot prési­dent en son temps, on peut prédire que si, au con­traire : “tout restera à faire comme avant”. Bien sûr, nom­bre de réal­ités vécues durant cette péri­ode pour­raient pour­tant con­duire à des pris­es de con­sciences, qui elles, deviendraient pos­si­bles vecteurs de change­ment, voire de “révo­lu­tions”. Mais l’im­plo­sion du cap­i­tal­isme n’est pas pour demain matin, et encore moins sans humains pour y contribuer.

Face aux “there is no alter­na­tive”, idéolo­gie dom­i­nante néo-libérale qui ne se con­tente pas de com­menter le développe­ment cap­i­tal­iste, mais l’or­gan­ise et le met “en marche” aujour­d’hui, pour­raient être mis­es en évi­dence toutes les con­tra­dic­tions et fragilités struc­turelles de ce cap­i­tal­isme finan­cia­risé et mon­di­al­isé qui démé­nage le monde tous les jours. Mais con­stater con­tra­dic­tions et écroule­ments ne font pas des révolutions.

Un virus provoque la dégringo­lade des bours­es mon­di­ales et crée des paniques de pénurie, dans un sys­tème où la pré­da­tion des ressources est reine, en même temps que les sur­pro­duc­tions et le gaspillage font sys­tème. Un seul iPhone vous manque, et tout est dépe­u­plé. Et alors ?

A petite échelle, toute cat­a­stro­phe human­i­taire sidère les pop­u­la­tions et les pro­jette dans la survie et, quand il s’ag­it de guer­res, dans l’ex­il. Il en est de même à bas bruit pour toutes les régions du globe qui subis­sent de plein fou­et, en pre­mière ligne, les con­séquences pre­mières du change­ment cli­ma­tique, voire souf­frent de leurs caus­es pré­da­tri­ces et destruc­tri­ces d’en­vi­ron­nements de vie. La prise de con­science des pop­u­la­tions con­cernées se fait alors ailleurs, peu sou­vent sur place, et se perd avant même d’être partagée, dans la surabon­dance d’in­for­ma­tions au jour le jour.

Les guer­res qui se mènent par prox­ys inter­posés au Moyen-Ori­ent et ailleurs, en Afrique, ont plus d’ef­fets sur le ren­force­ment des fron­tières que sur des pris­es de con­science mon­di­al­isées de leurs caus­es, déclenche­ments et con­ti­nu­ité. Elles provo­quent pour­tant des sièges, con­fine­ments, cortèges de morts de femmes, d’hommes et d’en­fants en nom­bre, exodes. Le coro­n­avirus à côté est un petit joueur en nom­bre de vic­times. Mais, là aus­si, hors une empathie human­iste, le lien entre le sys­tème économique cap­i­tal­iste qui pré­vaut et ces lourds bilans humains n’est pas la préoc­cu­pa­tion du reste de l’hu­man­ité. Nous en faisons pour­tant de belles analy­ses géo-politiques…

Les moyens rapi­des d’in­for­ma­tion, les réseaux et la cir­cu­la­tion des don­nées ont pour­tant ces dernières années “mon­di­al­isé” une prise de con­science écologique, même si, en Afrique, en Chine ou en Europe la réal­ité pal­pa­ble de cette crise cli­ma­tique se développe de façon large­ment dif­férente. Le virus écologique se répand et inter­roge les sys­tèmes humains… Sans toute­fois non plus désign­er rad­i­cale­ment le cap­i­tal­isme, on ne le sait que trop.

Bien sûr, inutile de chercher, vous ne trou­verez pas l’esquisse d’une esquisse chez Marx ou Bak­ou­nine des con­séquences d’un virus à couronne sur la bonne marche du cap­i­tal­isme et ses con­tra­dic­tions, où s’engouffrerait une prise de con­science révolutionnaire…

Mais, pour­tant, à l’échelle plané­taire, se parta­gent en panique des évi­dences, des contradictions…

De cette crise san­i­taire sor­tiront des livres, des romans, des “ma journée sous con­fine­ment” ou “le coro­n­avirus et moi” et même sans doute des scé­nar­ios de film.

On est en guerre, nom de Dieu !”.

Et cette “guerre” con­tre un coro­n­avirus arrive, alors que le sens des biens com­muns, du col­lec­tif, a subi le rouleau com­presseur du néo libéral­isme jusque dans les moin­dres recoins de la planète terre. Et ce, sous des formes éta­tiques à géométrie vari­able, regroupées sous le voca­ble “démoc­ra­tie”. La philoso­phie télévi­suelle ou auteure de livres de grande con­som­ma­tion, celle qui ne fait pas de poli­tique, nous caté­goris­era l’é­goïsme, l’in­di­vid­u­al­isme, les défauts inhérents à l’hu­main et j’en passe, et con­clu­ra en dis­ant : “dans ces con­di­tions, il fal­lait s’y atten­dre, c’est humain”, entre deux pub­lic­ités étrange­ment décalées.

Ain­si salue-t-on d’un sim­ple “paas bien !” les man­i­fes­ta­tions d’in­con­science, de panique, d’ex­odes inutiles, ou d’achats com­pul­sifs. Que vient faire la morale là dedans ? N’y a‑t-il pas là au con­traire la man­i­fes­ta­tion même que les leçons du libéral­isme ont été bien appris­es, tant à l’é­cole que dans les zones de chalandise ?

En lui même, le char­i­ot plein est politique.

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Daniel Fleury
REDACTION | Auteur
Let­tres mod­ernes à l’Université de Tours. Gros mots poli­tiques… Coups d’oeil politiques…