Devant les images de femmes traînées par les cheveux ou les pieds, saisies par la taille jusqu’à les déshabiller, par des policiers casqués et équipés, la Secrétaire d’État chargé(e) de “l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations” a déclaré que ces femmes “visiblement anticapitalistes”, n’avaient “pas respecté le parcours autorisé pour la manifestation”.
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La secrétaire d’Etat, Marlène Schiappa, justifiait ainsi les coups et le gazage distribués aux manifestantes, pour la “Journée mondiale de défense des droits des femmes”. Chacun sait que les ordres étaient venus de Didier Lallement, Préfet de Police de Paris de son état.
(Désolés pour ce renvoi mainstream…)
Nous retiendrons quelques commentaires, glanés sur les réseaux sociaux :
• T’as raison Marlène, moi chaque fois que ma gamine dépasse les lignes du coloriage, c’est deux baffes dans la gueule. Mérité.
• Marlène, tu fais ta Lili Marlène, en protégeant Lallement
• Avec Marlène, c’est plus reste à la cuisine, mais reste sous la matraque des forces de l’ordre patriarcal
Pendant ce temps, se diffusait un “propos” du Président sur la “nécessaire protection des femmes contre les violences”.
Tout serait risible s’il ne s’agissait d’une quasi première en France, contre une manifestation pour le 8 mars.
Le mouvement des femmes avait décidé de renouer avec les “marches de nuit” depuis quelque temps déjà, face à l’augmentation constatée des féminicides, les violences sexistes exponentielles et les remises en cause montantes de droits. Ce fut ainsi, il y a un demi siècle pourtant, que les féministes commencèrent des “marches contre le viol”.
Cette journée du 8 mars intervient dans un contexte où le mouvement social est systématiquement encadré, nassé, réprimé, et où le nombre de mutilés par tirs de “Lanceurs de Balle de Défense” ou “grenades de dispersion” a crevé tous les plafonds. 2200 blessés, dont 207 à la tête, et au moins 23 personnes éborgnées (sources gouvernementales du 7 mars).
Les ordres du Préfet de Police sont supervisés par un Ministre, lui même rendant des comptes à son Président. Personne ne peut penser, malgré le fait que ce Préfet de police soit contesté au sein de la hiérarchie, qu’il a laissé libre cours aux violences policières et au plaisir de violences machistes évidentes, de son propre chef. D’ailleurs, dans d’autres villes, comme à Nantes, le gaz lacrymogène n’a pas manqué non plus.
Des médias français mainstream ont salué cette violence comme “un signe désormais d’égalité hommes/femmes”, avec entre autres cette élégance d’un journaliste du Figaro.
La police est donc désormais le rempart de toutes les contestations, digue protectrice d’un pouvoir politique qui en France, à force de servir les intérêts particulier des classes sociales aisées, a perdu toute considération populaire. Le mouvement des femmes n’échappe pas à cette dérive d’autoritarisme politique, et vient d’en faire l’amère expérience.
France, Pays des droits de l’homme, et sans la femme.
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NB de Kedistan : Cet article est bien sûr davantage destiné à une lecture en Turquie, où “la France des Lumières” est l’exact pendant de “l’orientalisme” en France.