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L’article de ce jour dans The Guardian de Londres m’aurait sans doute échappé si je n’avais pas traduit un texte publié par Kedistan à cet effet, il y a de cela quelques semaines. L’article du Guardian s’intitule Erdogan’s ‘crazy project’: new Istanbul canal to link Black and Marmara Seas (Le ‘projet fou’ d’Erdoğan: le nouveau canal d’Istanbul reliera la Noire et la mer de Marmara).
Le projet Canal Istanbul a été approuvé par le ministère de l’environnement turc le mois dernier. D’environ 45 km, le canal relierait la Mer Noire à la mer de Marmara, en parallèle avec le Bosphore qui traverse Istanbul. Aux arguments fondés mentionnés dans l’article de Kedistan contre ce projet délirant, l’article de Tessa Fox en rajoute trois extrêmement importants:
1) La salinité de la mer Noire est moindre que celle de la mer de Marmara. Comme elle est aussi plus élevée que cette dernière, relier les deux entrainera des conséquences catastrophiques sur l’écosystème de la mer de Marmara. À terme, dans une trentaine d’années, cela pourrait dévaster sa faune marine. Évidemment, tout ce qui est “à terme” ne préoccupe nullement des politiciens qui ne s’intéressent qu’à leur porte-feuille et comme ils seront tous morts dans trente ans, que voulez-vous bien que ça leur fasse? “Après moi, le déluge”… ou la sécheresse, ou la famine ou une nuée de sauterelles, tout cela est sans conséquences pour eux.
2) Une partie du projet constitue une menace pour la réserve d’eau de la ville. Sazlıdere et le lac Terkos fournissent un quart de l’eau potable de la ville et ce, depuis l’époque romaine. Si ces réserves sont perdues, il n’existe pas d’alternative du côté européen d’Istanbul. Le gouvernement devra s’approvisionner dans la rivière Sakarya, du côté oriental. Non seulement cela sera-t-il plus dispendieux, ça comportera aussi des risques sanitaires puisque la rivière traverse la ville d’Ankara ainsi the plusieurs zones industrielles à haut degré de pollution.
3) Le canal détruira aussi le lagon de Küçükçekmece qui sert de point d’arrêt important pour des oiseaux migrateurs, tel que le flamant, l’aigle impérial, le héron gris et la bouscarle de Cetti, qui tous y trouvent un lieu privilégié pour la nidification.
Le gouvernement turc a finalisé son étude d’impact environnemental qui ne prévoit aucune conséquence négative à ce projet…
Plus de 70 000 personnes ont signé une pétition s’y opposant.
En janvier, le ministère a approuvé le projet dont les coûts sont évalués à près de 12 milliards d’euro.
Cherchez les bénéficiaires et cherchez les perdants, s’il est encore besoin d’éclairer votre lanterne.