Le livre de Zehra est désormais disponible partout en pré-commande et aussi sur le site des éditrices. Et cela, même si “Nous aurons aussi de beaux jours”, les écrits de prison ont pour date officielle de parution le 31 octobre.
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Pour celles et ceux, parisiens ou en déplacement, qui voudront avoir quelques mots en page de garde, rien ne sera plus facile : l’exposition d’œuvres évadées débute le 6 novembre, dans la galerie de l’Espace Femmes — Antoinette Fouque, rue Jacob, à Paris. Zehra Doğan y sera présente durant quelques journées, avec la traductrice, et donc Kedistan.
Il ne s’agit pas d’un événement mondain, mais bien de l’aboutissement d’une campagne de solidarité qui dure depuis plus de trois ans, et qui dépasse la personne de Zehra, comme elle l’a toujours exprimé. La tâche est loin d’être terminée pour la libération des otages politiques en Turquie, et les agressions du Rojava en Syrie Nord, comme les crispations identitaires de la société turque qui les accompagnent, créent plus que jamais l’impérative nécessité de ne pas laisser les prisonnierEs dans l’invisibilité. Nous re-proposerons des adresses. Et même si vous ne parlez pas la langue, c’est le fil tissé qui compte.
Lisez ces écrits de prison. Vous comprendrez l’importance de ce qui n’est pourtant qu’une carte, un dessin, quelques mots, pour empêcher l’oubli. Vous lirez aussi ce que c’est que d’être femme, kurde et encagée pour sa résistance.
Zehra a en plus de trois années réalisé plusieurs centaines d’œuvres picturales, qui sont autant de résistances contre l’interdiction de l’utilisation de matériel artistique. Tout y est passé pour dessiner, peindre. Cartons, dos de lettres, papier alu de cigarettes, vieux journaux, tissus, serviettes, vêtements. Et comme pigments, une palette allant des légumes et fruits écrasés, fientes d’oiseaux, mousses, sang, graisse de plats… Créer pour résister, dénoncer le “dégoûtant” de la prison.
C’est un petit choix de ces “œuvres évadées” qui sera présenté à Paris, en même temps d’ailleurs qu’en Italie et bientôt Allemagne.
Zehra s’active aussi pour son cœur évadé au Rojava. De fresques sur les murs de Londres, en prises de parole, elle tente, à la place contrainte qui est la sienne, de dénoncer l’invasion et les crimes de guerre. Ne soyez pas déçus si elle ne parle pas d’elle-même. Elle est ce combat pour sa langue, sa culture, son peuple qui souffre encore.
Sa parole ne sera probablement pas portée aussi haut que des images d’Hollywood surfant sur la souffrance des combattantes kurdes. Mais cela dépendra de vous aussi.
Ne manquez pas non plus, pour les parisiens, la soirée du PEN club français, le 15 novembre, dans le cadre de la journée mondiale de soutien aux auteurEs emprisonnEs, dans les mêmes lieux. Zehra y participera également, elle qui il y a un an était encore en geôle, et dont les textes étaient lus.