Un accord his­tori­i­i­ique !”, notre Reis en fait beau­coup pour faire pass­er pour une vic­toire ce qui n’est que le bor­del qu’il a ajouté à la fron­tière syrienne.


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Lui, qui dans cette affaire n’au­ra été que le pion d’un twit­tomane et d’un russe con­quérant, aura besoin de per­sua­sion pour faire coïn­cider la carte d’in­va­sion qu’il mon­trait il y a quelques temps et la carte qui va se dessin­er après le con­sen­sus. D’au­tant que si j’ai bien com­pris, là dedans, les bar­bus aux­il­i­aires de la Turquie ne fer­ont pas par­tie des patrouilles. On peut pour­tant leur faire con­fi­ance pour tor­tur­er encore quelques civils dans la pagaille ambiante…

C’est quoi, finale­ment, les points historiiiiques ?

Au début, ça par­le de “préserv­er l’u­nité poli­tique de la Syrie et l’in­té­gral­ité ter­ri­to­ri­ale”. Donc, celles et ceux qui bra­maient des “on est chez nous” à pro­pos du Nord syrien en se coif­fant du bon­net à poils durs de Mustafa Kemal doivent être déçus. Le tam­pon de la Turquie sur la zone est du tout pro­vi­soire aux yeux de Pou­tine. Et si l’u­nité poli­tique de la Syrie veut sig­ni­fi­er qu’à la fois Kur­des, et l’op­po­si­tion qui s’est lais­sée pouss­er la barbe, vont devoir désarmer, dans le ren­voi vers une pour­suite des négo­ci­a­tions d’As­tana, les tueurs locaux pour le compte d’Er­doğan vont devoir regag­n­er Idlib. A moins que le Reis ne les fasse pass­er pour les réfugiés syriens qu’il avait l’in­ten­tion de faire camper dans la zone.

Pour le pro­jet du Roja­va, “l’u­nité poli­tique” peut sig­ni­fi­er un coup d’ar­rêt dra­ma­tique, comme l’in­ter­ven­tion de la Turquie a sig­nifié la fin de la paix pour des mil­lions de per­son­nes, Erdoğan n’ayant pas trou­vé la source, mais ayant en réal­ité réveil­lé les monstres.

Puis, il est ques­tion de largeurs et de pro­fondeurs, où seulEs les com­bat­tantEs du Roja­va, à peine nom­mées par leur nom, devront évac­uer, avec ou sans armes, des local­ités bien pré­cis­es, et sur une pro­fondeur de 32 kilo­mètres. Si ça s’ar­rête en plein milieu d’un dis­trict, j’imag­ine le face à face.

Des patrouilles de l’ar­mée turque et des russ­es, dans une pro­fondeur de 10 km cette fois, se met­tront en place. On imag­ine que les trous seront bouchés par l’ar­mée du régime, puisque les com­bat­tantEs du Roja­va doivent s’en retir­er. Ça préserve au moins l’u­nité du gruyère. His­tori­i­i­ique non ?

S’ils veu­lent dire que c’é­tait his­torique, en des temps où je n’é­tais pas née, d’avoir tracé à la règle et au couteau des fron­tières d’E­tats dans le coin, alors c’est his­tori­i­i­ique. Les caus­es de guerre sont préservées.

Finale­ment, ce sont quand même des vies humaines qui, pour un temps, sont sauvées. Mais ce n’é­tait pas le pro­jet du Reis, qui voulait faire un échange de populations.

Et il est ques­tion aus­si de réfugiés. Mais quel est l’an­douille qui va vouloir aller dans la con­trée avec sa petite famille, et quit­ter la Turquie où il avait migré ? A moins que, comme pour Afrin, et, comme on le fit avec les pro­priétés des Arméniens géno­cidés, on leur remette des titres de pro­priété là où ce serait rentable. Alors, bon courage la con­cur­rence avec les quelques Turk­mènes qui refu­saient d’en­tr­er dans le proces­sus poli­tique du Roja­va, et qui por­tent la vengeance en pendentif.

L’ar­mée du régime syrien est pour le moment inca­pable seule d’as­sur­er quoi que ce soit loin de ses bases de Damas, avec les var­iétés de bar­bus qui traî­nent et se ren­for­cent. L’ar­mée turque, si chère à nos fachos ici, ne l’est pas davan­tage dans la durée, toute mem­bre de l’Otan qu’elle l’est.

Et le chaos créé par l’ex­ode hors des com­bats, par les bom­barde­ments, par les gangs, deman­dera un min­i­mum d’ad­min­is­tra­tion. Et pour admin­istr­er ce chaos, qui pour­ra mieux le faire que celles et ceux qui avaient assuré la paix, parce que chez eux, faut tou­jours le rap­pel­er, en repous­sant Daech.

Parce que, quand on y regarde, tout le monde fait sem­blant d’ou­bli­er que les pop­u­la­tions qui souf­frent, ceux et celles qui les pro­tégeaient et qu’on veut désarmer, sont chez elles, chez eux, et n’ont pas débar­quéEs là un jour, comme le fit la coali­tion, les Russ­es ou aujour­d’hui l’ar­mée turque.

Et là, soit il fal­lait géno­cider tout le monde, soit il fau­dra bien recon­naître, que même trahis par tous encore une fois, il existe des Kur­des.

Je voudrais rajouter un point qui n’est pas dans l’ac­cord. J’ai pas le droit ? Vous avez rai­son. Dans ce merdier le droit est enter­ré, comme toutes les vic­times récentes et à venir. Les crimes de guerre vont rester sous la table.

L’u­til­i­sa­tion d’armes con­tre les civils qu’on appelle avec l’e­uphémisme “non con­ven­tion­nelles”, l’u­til­i­sa­tion de mer­ce­naires pour les assas­si­nats, ciblés ou non, les bom­barde­ments à l’aveu­gle avec guidage pour­tant de noeuds “stratégiques” où des pop­u­la­tions étaient ter­rées, tout cela “c’est la guerre”, c’est moche, mais c’est comme ça. On ne fait pas jail­lir les “sources de paix” sans éponger du sang, n’est-il pas ?

Pour celles et ceux qui vivent sur ces ter­res, pour les humains un peu con­scients du monde entier aus­si, une leçon de trahi­son géos­tratégique vient d’être don­née. Celle là, aura des con­séquences his­toriques, qu’on ne devine même pas encore…


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Mamie Eyan
Chroniqueuse
Ten­dress­es, coups de gueule et révolte ! Bil­lets d’humeur…