Elle est une des pris­on­nières trans qui lut­tent en prison pour obtenir une opéra­tion de tran­si­tion. Con­damnée à la per­pé­tu­ité pour “séparatisme”, elle fut empris­on­née lorsqu’elle avait 22 ans, donc depuis 25 ans. Comme trans femme, si elle n’est pas opérée, il lui reste encore 17 ans à pass­er dans des pris­ons d’hommes, en isolement…


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Elle s’ap­pelle Buse (pronon­cez Boucé, en turc “Bise, baiser”)…

En juil­let 2018, à la prison de type F pour hommes de Tekir­dağ, elle a fait une grève de la faim pour obtenir l’au­tori­sa­tion de se faire opér­er. Après 38 jours de grève, le tri­bunal avait pris une déci­sion favor­able et Buse a arrêté sa grève. Mais la déci­sion n’a pas été appliquée. Alors, le 31 jan­vi­er 2019, tou­jours avec la même reven­di­ca­tion elle a de nou­veau entamé une grève, cette fois-ci un “jeune de la mort” [grève de la faim sans absorp­tion d’eau sucré ou salé].


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Le 20 févri­er, 20ème jour de son jeûne de la mort, l’As­so­ci­a­tion des Droits de l’Homme (IHD), dépo­sait aux Nations Unies, une let­tre expli­quant les détails de la vio­la­tion des droits de Buse et pré­cisant l’empêchement du Min­istère de la jus­tice, à l’en­con­tre des arti­cles 8 et 14 de la Con­ven­tion européenne des droits humains.

L’ad­min­is­tra­tion de la prison a alors accep­té de s’en­tretenir avec elle, et elle a sus­pendu sa grève.

Depuis ? Rien…

En août dernier, mal­gré les déci­sions et les rap­ports favor­ables, à la fois du tri­bunal et de l’hôpi­tal, l’opéra­tion étant tou­jours empêchée, Buse com­met un acte de dés­espoir, et elle a coupé son penis, elle-même…

Elle est alors trans­férée à la prison de Metris, à Istan­bul, où se trou­ve le cen­tre de réha­bil­i­ta­tion, un unité qui accueille les pris­on­niers qui ont des mal­adies psy­chologiques, ou physique graves et chroniques.

Depuis la prison de Metris, Buse envoie cette lettre…

Je suis allée à l’hôpi­tal de Samatya. L’Urolo­gie ne s’est pas intéressée à moi. Le médecin m’a dit “c’est la pre­mière fois que je vois une trans­sex­uelle”. Il m’a ren­voyée. La chirurgie plas­tique s’est occupée de moi. J’ai été aus­cultée et on m’a trans­féré à l’hôpi­tal de Capa. Je suis allée à Çapa. L’Urolo­gie ne s’est pas occupée de moi, m’a trans­férée à l’An­drolo­gie. De l’An­drolo­gie à la Chirurgie plas­tique, et là, on m’a trans­férée à nou­veau en Urolo­gie qui m’a ren­voyé à l’Andrologie…

Les médecins n’ont pas par­lé avec moi. Ils ont essayé de com­pren­dre la sit­u­a­tion, en par­lant seule­ment par la fenêtre avec l’ad­min­is­tra­teur. Je me suis retrou­vée encore à l’An­drolo­gie. Je ne sais pas s’ils vont s’oc­cu­per de moi. Je n’ai plus d’e­spoir. Je me sens très, mais très mal. Je n’ai plus ni force, ni patience.

J’avais dit que si mon opéra­tion plas­tique comme trans était encore empêchée, j’al­lais me sui­cider. J’avais dit, que si le délai se ral­longeait, je ne pou­vais pas garan­tir que je ne me sui­ciderai pas… En lien avec mon état de san­té physique, mon état de san­té psy­chique est en alarme. Si je ne suis pas opérée le plus rapi­de­ment pos­si­ble, je vais me sui­cider. Je vais en finir. En vérité je ne voudrais pas par­ler de sui­cide. Mais je sens la néces­sité d’en par­ler pour que les respon­s­ables admin­is­trat­ifs ne dis­ent pas “nous ne savions pas, nous ne pou­vions pas deviner”.

Je n’ai plus la force, la patience, l’én­ergie d’en­dur­er plus, mon état de san­té physique et psy­chologique  sont alar­mants. Même en uri­nant, j’en pâtis. Mes jambes, mes pieds, mes habits se mouil­lent, se souil­lent. Par­fois je reçois de l’urine même sur mon vis­age. Par ailleurs, lorsque dans mon som­meil,  mon corps est stim­ulé, j’ai d’in­tens­es douleurs. Mais je ne peux pas par­ler de tout cela avec les médecins. Ils ne me lais­sent pas en par­ler… Ils se débar­rassent de moi, sans même bien regarder les rap­ports, les doc­u­ments. Ils expri­ment par toutes leurs atti­tudes qu’ils me haïssent comme trans. Même un sui­cide inéluctable, ils s’en fichent.

Je suis morale­ment finie. J’e­spère qu’ils fer­ont quelque chose en urgence. Sinon, je vais être oblig­ée d’a­gir en urgence, moi même.

J’en ai marre de ma vie, j’ai honte de moi-même. J’ai honte d’être obligé d’ex­primer sans cesse ce que je subis.
J’en­voie à touTEs les amiEs, salu­ta­tions et affection.
Prenez soin de vous.

Note : Il ne me reste plus qu’une tenue. S’il y a des amiEs qui souhait­ent faire des dons, j’en serais très heureuse…

Buse

buse détenue trans

Dès maintenant vous pouvez soutenir Buse à votre tour

Buse a vrai­ment besoin de ressen­tir notre solidarité ! 

Voici un site pour lui envoy­er vos mes­sages de sou­tien. Toutes les let­tres lui seront trans­mis­es par ses amiEs.

Util­i­sa­tion simplissime…
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(E‑Posta), ensuite écrivez votre let­tre (Mek­t­up) et envoyez la (Gön­der).

Ain­si, en trois clics, vous pou­vez lui dire tout ce qui passe dans votre coeur.

Ecrire à Buse : buse.direnesesver.org

buse trans prison


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