Deniz Reşit Pınaroğlu, réfugié, est en grève de la faim con­tre les con­di­tions inhu­maines dans un camp de déten­tion à Turin, Italie.


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Détenu dans le “Cen­tre de rap­a­triement per­ma­nent” (Cen­tri di Per­ma­nen­za per il Rim­pa­trio — CPR) à Turin, il a entamé une grève de la faim le 1er sep­tem­bre, pour pro­test­er con­tre les con­di­tions inhu­maines et les pra­tiques illé­gales du sys­tème de “Jus­tice” italien.

Nous parta­geons son message :

A la presse et à l’opin­ion publique,

Je suis Deniz Reşit Pınaroğlu. Je suis un deman­deur d’asile poli­tique venant de Turquie. Je suis détenu depuis un mois dans un camp de réfugiés, nom­mé CPR, à Turin. J’ai eu à subir plusieurs pra­tiques abu­sives et je suis détenu ici illégalement.

La police de Pia­cen­za qui m’a arrêté et amené ici, m’a annon­cé que j’al­lais rester ici, deux jours. Ils m’ont amené ici, en me men­tant, et me faisant sign­er cer­tains doc­u­ments en ital­ien, sans me pro­cur­er d’av­o­cat, ni de traducteur.

Au pre­mier tri­bunal devant lequel je me suis présen­té ici, le Juge à décidé de me main­tenir ici, sans exam­in­er mes dossiers judi­ci­aires en Turquie. Ils m’ont for­cé à deman­der asile ici, sans que je puisse avoir le choix, en faisant pres­sion et en me menaçant d’une extra­di­tion vers la Turquie. Ma demande d’asile déposée, mal­gré le fait que j’ai don­né une adresse de domi­cil­i­a­tion, le juge a décidé de me ren­voy­er dans ce camp.

Les policiers et les réfugiés détenus me dis­ent que je peux être détenu ici jusqu’à 6–12 mois, et qu’au­cun respon­s­able ne m’in­formera sur ma libération.

Alors que j’ai été obligé de quit­ter mon pays, pour ne pas me faire arrêter pour des pré­textes absur­des du gou­verne­ment turc, ici, je suis retenu pris­on­nier injuste­ment par le gou­verne­ment italien.

Pour pro­test­er con­tre cette sit­u­a­tion illé­gale, j’ai entamé une grève de la faim, le 1er sep­tem­bre, à 21h00

Ici, les con­di­tions, les repas, sont incroy­able­ment mau­vais. Pour nous empêch­er de doc­u­menter les con­di­tions inhu­maines, ils endom­ma­gent les caméras de nos télé­phones porta­bles. Ils font con­som­mer aux gens, pen­dant des mois, du poulet sec et des pâtes froides. Beau­coup de gens souf­frent de crises de nerfs et se blessent les uns les autres, ou se blessent eux-mêmes. Les gens sont sys­té­ma­tique­ment soumis à des pres­sions psy­chologiques. Ceux qui arrivent en bonne san­té quit­tent le camp avec des prob­lèmes de san­té et des prob­lèmes psychologiques.

Je prie les insti­tu­tions, les organ­i­sa­tions et les per­son­nes en con­tact avec elles, qui lisent ce texte, de ne pas rester silen­cieux et ain­si être com­plices de ce crime con­tre l’hu­main, et de nous aider.

Je déclare à l’opin­ion publique, que je pour­suiv­rai la grève de la faim, jusqu’à ce que ma voix soit enten­due, jusqu’à l’amélio­ra­tion des con­di­tions du camp, et jusqu’à ce que je sois libéré.

La respon­s­abil­ité de tous les prob­lèmes de san­té que je risque d’avoir, revien­dra aux autorités qui me déti­en­nent ici et qui ont causé cette grève de la faim.

Cor­diale­ment

Deniz Reşit Pınaroğlu

Dans l’ar­ti­cle d’Erk Acar­er, pub­lié par Birgün, nous trou­vons une descrip­tion plus détail­lée des con­di­tions du CPR de Turin.

Dans ce camp, se trou­vent des réfugiés qui vien­nent plutôt de pays africains. Ils dis­ent “Nous sommes traités comme des crim­inels. Ici, c’est pire que la prison”. Il est inter­dit de quit­ter le camp. Les délais d’attente pour le dépôt des deman­des et l’obtention d’une quel­conque réponse sont incer­tains. Dans cha­cun des 6 blocks, se trou­vent 5 cham­bres. Chaque cham­bre , prévues pour 5, héberge plus de per­son­nes, par­fois jusqu’au 8. Cer­taines dor­ment sur des mate­las déroulés au sol même et par­fois dans la cour.

  • grève de la faim Turin réfugiés

Au CPR, tous les jours, deux repas sont servis. Les réfugiés qui sont au camp depuis six mois, témoignent de ne rien manger d’autres que du poulet et des pâtes. Les plats sont froids, les graiss­es sont figées. Les san­i­taires et les cuisines sont qua­si l’un dans l’autre. Les pièces n’ont pas de porte et les réfugiés dis­ent qu’ils ont mis des rideaux avec leurs pro­pres moyens. “Nous sommes dérangés par les odeurs. Nous man­geons juste pour sur­vivre”. Les toi­lettes sont sans fenêtre. Cer­taines cham­bres sont dotées de fenêtres ornées de barbelés.

Les lentilles des caméras des télé­phones sont cassées pour empêch­er les témoignages. Les per­son­nes de même pays ou région ne sont pas mis­es ensem­ble “pour éviter toute organ­i­sa­tion” sol­idaire ou poli­tique. Mal­gré cela, les réfugiés ne pou­vant pas sup­port­er les con­di­tions essayent de faire des actions de protes­ta­tion, ce qui amène une réponse répres­sive des équipes spé­ciales d’une quar­an­taine de policiers appelés par l’administration et qui inter­vi­en­nent avec usage de gaz et canons à eau.

Depuis une semaine le CPR est en révolte. Un réfugié africain ne sup­por­t­ant pas les con­di­tions, a fait il y a quelques jours, une ten­ta­tive de sui­cide en s’égorgeant. Quant à Deniz Reşit Pınaroğlu, il pour­suit sa grève de la faim depuis le 1er sep­tem­bre, “Les admin­is­tra­teurs con­trar­iés m’ont demandé d’arrêter ma grève de la faim, en me promet­tant de me don­ner rapi­de­ment des infor­ma­tions sur mes démarch­es en cours. Mais les con­di­tions de vie des 300 per­son­nes détenues ici, doivent être améliorées. Tout le monde doit pou­voir sur­vivre dignement.”

Même si le nou­veau gou­verne­ment ital­ien fait mine d’as­sou­plir sa poli­tique migra­toire, après le départ du min­istre de l’In­térieur d’ex­trême droite, l’in­ti­t­ulé récent du futur com­mis­sari­at européen aux migra­tions “Pro­téger notre mode de vie européen”, ne peut qu’en­cour­ager à “par­quer” migrants et deman­deurs d’asile et légitimer ce genre d’abus con­tre l’hu­man­ité la plus élé­men­taire. Dans le même temps, on a appris les dis­cours à répéti­tion du gou­verne­ment turc qui men­ace “d’ou­vrir” la route des migra­tions vers l’Eu­rope s’il n’est pas aidé finan­cière­ment et diplo­ma­tique­ment dans ses pro­jets aux fron­tières syri­ennes entre autres…

Le com­bat le plus élé­men­taire pour la vie d’êtres humains en dan­ger serait-il donc con­tra­dic­toire avec notre “mode de vie européen” ?

Par Gian­lu­ca Costan­ti­ni | Chan­nel­draw


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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.