Kedistan vous offre le journal de bord de Joseph, alias Jüse Idiart, un gars du Pays-Basque, parti à la découverte du Kurdistan Sud, en compagnie de son ami Ercan Aktaş, auteur de notre webmagazine, en visite familiale…
Vous trouverez la totalité de ce journal en suivant le lien “Le goût de l’exil”
L’arrivée
Après un voyage d’une douzaine d’heures depuis Porte de Bagnolet (Paris), nous sommes arrivés à 3h30 du matin à l’aéroport d’Hewler (Erbil) au Kurdistan. Après être passés par l’aéroport du Caire, où le temps semblait s’être arrêté vers la fin des années 70, quelle ne fût pas ma surprise de découvrir une aérogare flambante neuve, petite, mais ultra-moderne, au design sobre et soigné. Les quelques femmes voilées (en minorité) sont drapées de belles écharpes au couleurs chatoyantes, aucune burqa ou niqab. Ambiance tranquille, sourires aux postes frontières, bref, une arrivée préservant la zone de confort du casanier que je suis.
En l’espace d’un instant, je goûte une réalité particulièrement douce ; les images de guerre, de conflits, de misère, d’extrémisme dont nos inconscients sont bombardés venaient d’êtres mises à mal par ce premier contact avec le Kurdistan. Mais, gardons la tête froide. Je pense qu’à Hewler ce ne sont sans doute pas monsieur et madame tout le monde qui ont la possibilité de fréquenter l’aérogare.
Après quelques minutes d’attente et le passage, très tranquille, du check-point, la sœur d’Ercan (au volant) arrive avec son mari dans un SUV dernier-cri de marque sud-coréenne. Nous rentrons, portés par le doux roulis provoqué par une route impeccablement neuve, et nous nous couchons après que nos hôtes aient déballé le lot de traditionnels cadeaux comprenant confits d’oie, espadrilles, vins, livres et autres petits plaisirs simples…
Une courte nuit commence, bercée par l’appel à la prière du muezzin.
Un peu plus tard, réveil vers 9h, pour le khavaltı-tastê, petit-dej musclé turco-kurde, où les échanges culturels commencent avec joie. Dehors il fait 39ºC, la maisonnée part au travail, et nous restons, abrutis de chaleur, en finissant par sombrer dans un demi-sommeil, alanguis par le ronronnement de la clim.
Réveillés par un nouvel appel à la prière, nous décidons de braver l’implacable fournaise. Mais, après une vingtaine de minutes de marché dans le quartier, nous rebroussons vite chemin et rentrons la maison. Nous assumons avec humour notre défaite face à l’atmosphère étouffante, en sirotant une eau citronnée. Destina (la sœur d’Ercan) rentre alors du travail avec une énorme pastèque que nous dégustons, accompagnée de tiges florales de rhubarbe sauvage (ribes-ıçkın, Rheum ribes L. pour les geeks) et de fruits verts de pistachier-térébinthe (kızvan-menengiç, Pistacia terebinthus L. toujours pour les geeks). La journée se termine autour d’un généreux repas de ragoût de mouton au piment d’Urfa (sorte de piment d’Espelette plus parfumé et légèrement plus fort) avec boulghour et salade tomate-concombre , le tout arrosé d’un bon champagne ramené pour fêter les retrouvailles familiales.
Nous nous couchons éreintés par cette première journée, où nous étions, paradoxalement, complètement indolents.
A suivre…
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