Voici la tra­duc­tion française d’une vidéo, pub­liée par Euronews et accom­pa­g­née d’un arti­cle, du 17 mai 2019. Zehra Doğan y livre son ressen­ti sur l’in­stal­la­tion qu’elle réalise au Tate Mod­ern de Londres.


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Du 21 au 25 mai, j’ex­poserai avec trois autres artistes au Tate Exchange. Le tra­vail qui y sera exposé est une instal­la­tion. Avec cette instal­la­tion, je vais racon­ter tout ce qui s’est passé dans la région [villes kur­des dans le sud-est de la Turquie]. Par ailleurs, il y aura des chroniques, que j’ai pub­liées, après avoir récolté des his­toires de la bouche des habitants. 

Je suis très heureuse de ce con­texte. En tant qu’artiste dont le matériel de dessin a été con­fisqué dans les pris­ons turques, dont plus de vingt dessins ont été con­fisqués et détru­its, je suis très heureuse. Le fait que ces travaux, qu’ils ont essayé de cen­sur­er, soient exposés main­tenant dans un milieu comme celui du Tate Mod­ern, a beau­coup de sens. Mais, dans le même temps, ce qu’une artiste désir­erait le plus, c’est pro­duire de l’art sur ses pro­pres ter­res, et que l’art qu’elle fait soit exposé sur ses terres. 

Je vais don­ner un tout petit exem­ple… J’ai par­lé à ma mère de mon expo­si­tion au Tate Mod­ern. Mais elle m’a demandé “C’est quoi Tate ?”. Ce n’est pas ne pas don­ner de l’im­por­tance à mon instal­la­tion, mais le fait qu’une expo­si­tion se déroule dans un endroit qu’elle ne con­nait pas ne la rend pas pour autant heureuse. Le fait d’ex­pos­er tout près de chez elle, à Diyarbakır, à Mardin, une expo­si­tion à laque­lle elle pour­rait par­ticiper, avec ses voisinEs, rendrait ma mère plus heureuse. Je donne un exem­ple de la famille d’une artiste, mais cela est val­able pour les écrivainEs, et touTEs les artistes et intellectuelLEs. 

Vrai­ment, la plus grande sanc­tion pour unE artiste, ce qui le-la rend le plus mal­heureux c’est d’être oblig­éE de tra­vailler loin de ses terres. 

Bien évidem­ment Tate Mod­ern est impor­tant et c’est beau mais, s’il vous plait, soutenez touTEs les artistes qui subis­sent l’op­pres­sion en Turquie, soutenez les jour­nal­istes, les auteurEs. Je pense qu’il faut encore davan­tage de sol­i­dar­ité inter­na­tionale. Nous pour­rions pro­duire encore de plus belles choses sur nos terres.”


Vous pou­vez égale­ment lire l’ar­ti­cle d’Eu­ronews, en turc, qui accom­pa­gne cette video en cli­quant sur ce lien.

LISEZ AUSSI cette inter­view dans laque­lle Zehra par­le longue­ment de l’art.

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