Comme on le con­state, dans toute l’Eu­rope, y com­pris en Suisse où je me trou­ve, les vio­la­tions des droits des étrangers réfugiés se pour­suiv­ent, tant au niveau juridique que par des traite­ments inad­mis­si­bles. Les agres­sions physiques et psy­chologiques de la police, et les vagues racistes et fas­cistes qui se dévelop­pent dans toute l’Eu­rope men­a­cent la plu­part des migrantEs et deman­deurEs d’asile politique.

Je tiens à partager ce témoignage, dans sa ver­sion en français, pour que d’autres témoignages fassent sur­face, car la dif­fi­culté de langue, l’isole­ment empêchent sou­vent les vic­times de ce type de traite­ments de se faire entendre.


Türkçe |  Français

Nous rési­dons en Suisse où nous sommes réfugiés depuis env­i­ron 1 an. Le 12 Avril 2019, à 5 heures 43 du matin, moi et mon ami Efdal avons voy­agé de l’ar­rêt de Buttisholz Guglern vers la gare de Luzern.

Durant notre voy­age dans le bus, nous n’avons perçu aucun com­porte­ment par­ti­c­uli­er à notre égard. Cela peut être dû à la présence du chauf­feur du bus et de la caméra de sur­veil­lance. Après avoir dépassé l’ar­rêt Kaser­nen Platz, le bus a été arrêté par deux véhicules de police. Les policiers sont mon­tés dans le bus. Après avoir observé les voyageurs autour de nous, les policiers nous ont dit de descen­dre. Cela s’est passé entre 6 heures 10 et 6 heures 20. L’heure exacte peut être déter­minée par le con­duc­teur et de la vidéo de surveillance.

Dès que nous avons été descen­du du bus, on nous a demandé de nous age­nouiller, et ils nous ont menot­tés. Cet événe­ment s’est pro­duite sur le bord de la route, devant les yeux du con­duc­teur et les voyageurs. Quand nous nous sommes mis à genoux, ils nous ont posé des ques­tions : “Pourquoi êtes-vous venu en Suisse?”, “Où allez-vous?” Nous avons essayé de répon­dre autant que pos­si­ble à leurs ques­tions avec le peu d’allemand que nous maîtrisons. Nous avons dès le début essayé de com­pren­dre ce qui se pas­sait et le pourquoi de ce traite­ment. Ils nous ont dit que c’était un con­trôle, en nous deman­dant de ne pas nous exprimer en turc entre nous.

Par la suite, ils ont fouil­lé nos sacs con­tenant nos livres de cours et affaires per­son­nelles. Nous sommes depuis 1 an en Suisse et durant ce temps nous n’avons jamais été con­fron­tés à un tel traite­ment. Sans avoir eu le temps de nous remet­tre de notre état de choc nous avons été placés dans des véhicules de police séparé­ment et menot­tés. A un moment je me suis per­mis à nou­veau de deman­der ce qui se pas­sait. J’ai eu pour réponse “Con­trôle”.

Après un court voy­age, nous sommes arrivés au com­mis­sari­at. Une fois entrés, les menottes nous ont été enlevées et nous avons été con­trôlés à nou­veau ; nos empreintes dig­i­tales et nos pho­tos ont été pris­es. Ensuite, ils nous ont emmenés dans un autre endroit et nous avons été séparés et mis en garde-à-vue séparé­ment. Une fois dans cette pièce, la porte a été ouverte. Ils nous a été demandé de nous désha­biller un par un. Pen­dant ce temps, nous avons régulière­ment posé des ques­tions afin de com­pren­dre ce qui se pas­sait, en deman­dant la présence d’un tra­duc­teur et un avo­cat. Encore une fois ils nous ont unique­ment répon­du que c’était un con­trôle et que nous ne pou­vions pas avoir d’avocat, ni de tra­duc­teur pour le moment et durant cela ils nous a été demandé de nous dévêtir com­plète­ment, nos sous vête­ments com­pris, chose que nous avons fait.

Ce con­trôle à nu nous à atteint psy­chologique­ment. Nos affaires per­son­nelles qu’ils ont récupérés dans nos poches ont étés mis­es dans des enveloppes avec nos sacs et cela nous ont été con­fisqués. Ils nous ont demandé de nous rha­biller. Une fois rha­bil­lés nous avons été con­duit à un étage supérieur. Nous avons de nou­veau été séparés et mis dans des pièces dif­férentes. La police nous a inter­rogés sur notre iden­tité, nos coor­don­nées, et notre état civ­il, tou­jours séparé­ment. Nos répons­es ont été reportés sur une feuille A4 d’une manière non offi­cielle. Avant et après notre garde-à-vue, aucun doc­u­ment offi­ciel ne nous a été remis ou fait sign­er. Pour finir, nos affaires nous ont été ren­dues et ils nous ont dit que nous pou­vions dis­pos­er. Nous avons été très sur­pris et éton­né de vivre cela de cette manière. Nous avons été pro­fondé­ment attristés par un tel traitement.

Nous n’avons rien com­pris à ce qu’il s’est passé. Nous sommes des per­son­nes poli­tisées qui ont été for­cées de quit­ter la Turquie pour des injus­tices, comme la pres­sion poli­tique et la vio­lence poli­cière. Cet événe­ment nous a fait ressass­er nos douloureux sou­venir vécus.

Nous sommes de nou­veaux arrivants en Suisse et ne maitrisons pas l’allemand. Nous ne sommes pas en mesure de défendre nos droits.

Nous souhaitons con­naître la rai­son de ce traite­ment qui nous a été infligé et pourquoi nous avons étés relâchés sans aucune explication.

Nous ne souhaitons pas accepter cette injus­tice et souhaitons con­naitre quel est notre tord si cela est le cas.

Nous atten­dons de votre part, chers avo­cats, votre sou­tien, afin que de telles injus­tices ne se repro­duisent plus con­tre les réfugiés.

Avec notre respect et nos sen­ti­ments distingués.

Nesin Keskin et Efdal Bayram

Un  cas, par­mi tant d’autres dans toute l’Europe…

Je pense qu’en tant que migrantEs et deman­deurEs d’asile, nous devons nous s’or­gan­is­er sans per­dre de temps, nous entraider, pour faire face à ces attaques. Seuls, ce n’est que si nous sommes organ­isés et sol­idaires, que nous ne pour­rons faire face à ce genre de traite­ments et injustices.


Traduit par Tülay Torun
Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
Ji kerema xwere dema hun nivîsên Kedistanê parve dikin, ji bo rêzgirtina maf û keda nivîskar û wergêr, lînk û navê malperê wek çavkanî diyar bikin. Spas.
You may use and share Kedistan’s articles and translations, specifying the source and adding a link in order to respect the writer(s) and translator(s) work. Thank you.
Por respeto hacia la labor de las autoras y traductoras, puedes utilizar y compartir los artículos y las traducciones de Kedistan citando la fuente y añadiendo el enlace. Gracias.
Rosida Koyuncu on Twitter
Rosida Koyuncu
Auteure
Activiste LGBTIQ+, jour­nal­iste et cinéaste, en exil à Genève. LGBTIQ+ aktivist, gazete­ci ve sinemacı. Cenevre’de sürgünde bulunuyor.