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Le same­di 16 mars, je fus por­teuse d’un message.

Titi Robin musi­cien, ami angevin, homme de bon sens et de cœur était en con­cert au Chaba­da à Angers. Cette fois, il avait échangé son oud et son buzuk con­tre une gui­tare élec­trique. Il nous a fait voy­ager à tra­vers son dernier album, Rebel Diwana.

Ce con­cert était précédé par “The Sweet Crim­i­nals”, (Yves Bar­taud et Fred de Char­co). Excel­lente tra­ver­sée à la fois cool et démé­nageuse, du blues au folk et au rock jun… S’ils passent près de chez vous…

Titi Robin et sa poésie étaient accom­pa­g­nés d’autres artistes d’i­ci, et de cer­tains qui venaient de loin, Arthur Alard à la bat­terie, Nicholas Vel­la au clavier, Natalli­no Neto à la gui­tare basse, les sons mag­iques de saran­gi de Murad Ali Khan, avec la mag­nifique voix de Shuheb Hasan…

Ce devoir de mes­sager rem­pli, nous avons bu la poésie de ce con­cert et envoyé aux amies de Zehra, qui, elles, sont tou­jours empris­on­nées, des mil­lions de pen­sées emplies de musique, pour qu’elles réson­nent de beauté et de vie, sur les murs gris et froids des geôles turques.

Cher Titi Robin,

Je te remer­cie pour le sou­tien que tu as mon­tré. Je ne peux exprimer com­ment, dans ces lieux où on est enfer­mées en étant arrachés à la vie, la moin­dre énergie appar­tenant à cette vie peut être sen­sée. J’ai pu recevoir et ressen­tir ton énergie et ta musique, depuis les petites brèch­es ouvertes sur ces murs. Ton sou­tien a apporté beau­coup de forces, à moi et à toutes mes amies. Mer­ci beaucoup.

Zehra Doğan

J’en ai usé des fers en ton absence
Pouvoir te raconter, toi.
A de bons enfants, à des héros.
Pouvoir te raconter, toi,
Au malhonnête, au mensonge
Qui ne connait pas les circonstances.
Combien d’hivers de suite
Le loup dormait, l’oiseau dormait, le cachot dormait.
Dehors, un monde coulait ; à flot…
Moi seul je n’ai pas dormi,
Combien de printemps à l’âme,
J’en ai usé des fers en ton absence.
Que je mette des roses de sang à tes cheveux,
De ce côte-ci,
De ce côte-la…
Pouvoir te hurler, toi
Au puits sans fond
A une étoile filante
Hurler à une allumette
Dans la vague la plus solitaire de l’océan
Oû elle est tombée.
Tes premiers amours ont perdu leur énigme,
Ont perdu leurs baisers,
Pas de pan de nuit qui ne descende soudainement,
Un verre, une cigarette à celui qui s’évade,
Pouvoir te raconter, toi…
Ton absence est l’autre nom de l’enfer
J’ai froid, ne ferme pas tes yeux…
Ahmed Arif
Traduction : Le cercle de poésie anatolienne

Pour lire les échanges précé­dents de Titi et Zehra suiv­ez les liens :
De Titi Robin, à Zehra Doğan : ici 
Let­tre de Zehra Doğan, poème de Titi Robin: ici


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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.