Ali Vatan­sev­er, réal­isa­teur de Turquie, sera dans la com­péti­tion à Angers (France), avec son film “Saf”, un long métrage, au Fes­ti­val Pre­miers Plans. Avant le fes­ti­val d’Angers, “Saf” avait un autre ren­dez-vous. En effet, en ce début jan­vi­er, il était en com­péti­tion dans le volet “New Voic­es New Visions” au fes­ti­val inter­na­tion­al de film de Palm Springs en Cal­i­fornie, aux Etats-Unis.

Ali Vatan­sev­er s’est fait con­naître avec son pre­mier film “El Yazısı” (titre inter­na­tion­al “One Day or Anoth­er”). Et la pre­mière mon­di­ale de “Saf” s’est déroulée au Fes­ti­val du Film de Toron­to, en sep­tem­bre 2018. En atten­dant impatiem­ment de vision­ner “Saf”, voici la tra­duc­tion de l’ar­ti­cle rédigé par Mehmet Basutçu, depuis Toron­to, pub­lié sur Cumhuriyet le 11 sep­tem­bre 2018.

Seule la pre­mière par­tie de l’ar­ti­cle par­le spé­ci­fique­ment de “Saf” et l’ob­jec­tif étant de faire con­naitre ce film, et nous en res­terons là…


Dans le marais multicouche d’İstanbul

Ali Vatan­sev­er expose la réal­ité humaine des bidonvilles d’Is­tan­bul, ville broyée par  la réha­bil­i­ta­tion urbaine, dans toutes ses dimen­sions, et avec le soin d’un doc­u­men­tariste. Avec son approche d’ob­ser­va­teur et dans un lan­gage dépouil­lé, “Saf” est un exem­ple d’un ciné­ma du réal­isme social.

Saf

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A l’o­rig­ine de “Saf” il y a des être humains réels. Il y a cette réal­ité de gens dému­nis et dés­espérés qui com­posent une majorité, et leurs colères incon­scientes, prêtes à explos­er. Il y a les ten­dances dan­gereuses vers lesquelles les amè­nent, pas à pas, des solu­tions quo­ti­di­ennes qui ne fonc­tion­nent plus. Il y a les dégâts graves causés dans des domaines économiques et soci­aux par la réal­ité des migrantEs syri­enNEs, qui a pénétré tous les recoins d’Is­tan­bul. Loin de par­ler de con­science de classe, dans un envi­ron­nement où même l’e­sprit sol­idaire est vain­cu par l’in­di­vid­u­al­isme, il y a des bruits de pas dan­gereux d’une sérieuse trans­for­ma­tion sociale qui mène vers la dis­crim­i­na­tion, la mise à l’in­dex, et mèn­era même à la destruction…

Ali Vatan­sev­er, six ans après son pre­mier film“El Yazısı”, trans­porte ses spec­ta­tri­ces et spec­ta­teurs, à tra­vers le regard d’un doc­u­men­tariste minu­tieux, à Fikirte­pe, un des points de con­cen­tra­tion de la réha­bil­i­ta­tion urbaine à Istan­bul. Il racon­te avec un  lan­gage sim­ple le com­bat de survie de Kamil (Erol Afşin), qui a trou­vé un tra­vail avec mille dif­fi­cultés, et celui de sa com­pagne Remziye (Saadet Işıl Aksoy), une femme d’o­rig­ine Ana­toli­enne. Kamil, d’une nature douce, altru­iste, digne et intro­ver­ti, se fait embauch­er au grand chantier dans leur quarti­er, à la place d’un Syrien, tra­vailleur au noir, à la pel­leteuse, avec le même bas salaire. Il doit pass­er le per­mis pour con­duire l’en­gin, mais les frais des cours sont coû­teux. Il a peur que le migrant syrien qui le men­ace lui reprenne le poste. Dans le quarti­er, les réac­tions racistes vont  crois­santes… Remziye, une femme de bon sens et réal­iste, est batailleuse. Elle ne mâche pas ses mots. Elle est en colère face à ceux qui se pré­par­ent à résis­ter con­tre la réha­bil­i­ta­tion urbaine, et qui accusent son mari. A la mai­son, où elle fait le ménage, elle aus­si ne peut s’empêcher de voir la femme roumaine tra­vail­lant au noir, comme nounou, comme une rivale qui lui vole un sec­ond tra­vail. Le com­bat pour le pain, pousse chaque indi­vidu, petit à petit, à chercher de “mau­vais­es solutions”…

L’his­toire, portée avec les bril­lantes inter­pré­ta­tions d’Erol Afşin, mis en avant dans la pre­mière par­tie du film, et dans la sec­onde, Saadet Işıl Aksoy qui se met à la recherche de son mari “dis­paru”, fait par son approche dis­tante, le con­stat d’une sit­u­a­tion. C’est avec ses dimen­sions sociales, poli­tiques, économiques et philosophiques que “Saf” se penche sur ces réal­ités que nous refu­sons de voir. Et c’est un exem­ple human­iste de ciné­ma social qui nous invite à regarder sans se bouch­er le nez, la marée mul­ti­couche de la réha­bil­i­ta­tion urbaine qui trans­forme Istan­bul en un amas de pier­res et en divise les populations.

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La bande annonce pub­lié le 28 aout 2018


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