Dans le cadre du Fes­ti­val Focus à Théâtre Ouvert F.T.O#5 qui se déroulera du 21 au 30 novem­bre 2018, pro­posant spec­ta­cles, mis­es en voix, mis­es en espaces et per­for­mances, un chapitre sera con­sacré aux nou­velles dra­matur­gies de Turquie en parte­nar­i­at avec Écri­t­ures du monde.

L’in­vi­ta­tion est chaleureuse : “Cette 5ème édi­tion fait enten­dre des textes pour la plu­part inédits d’une douzaine d’auteurs français et étrangers en réson­nance avec le temps présent. Une occa­sion de se ren­con­tr­er pour affûter ensem­ble nos esprits critiques.”

Evéne­ment Facebook

Tarif C (5€ — 3€ — entrée libre avec La Carte TO)

Pour le volet Turquie, ren­dez-vous, le jeu­di 22 novem­bre à par­tir de 19h à la Coupole…

SivasSIVAS’93
de Genco Erkal

tra­duc­tion Selin Altı­par­mak
mise en voix Sarah Tick

avec
Selin Altı­par­mak, Romain Berg­er, Lucas Bonnifait,
Sedef Ecer, Tata­nia Spi­vako­va, Sarah Tick

 

En juil­let 1993, plusieurs artistes, écrivains et jour­nal­istes sont réu­nis à Sivas pour  ren­dre hom­mage à Pir Sul­tan Abdal, un poète et philosophe du 16ème siè­cle, une fig­ure emblé­ma­tique dans les milieux pro­gres­sistes de gauche.

Toutes mosquées de la ville appel­lent à man­i­fester con­tre cette réu­nion. Une foule  d’islamistes rad­i­caux met le feu à l’hôtel Madı­mak, où les par­tic­i­pants étaient logés. Ils dis­aient pro­test­er con­tre la la tra­duc­tion du livre de Salman Rushdie, “Les Ver­sets sataniques” par Aziz Nesin écrivain engagé con­nu en Turquie pour ses nou­velles humoris­tiques, romans et pièces de théâtre.

La police ne parvient  pas à calmer la foule en colère ; l’incendie rav­age l’hôtel. Trente-sept per­son­nes, écrivains et poètes péris­sent alors. Par­mi les rares rescapés, il y avait Aziz Nesin, le tra­duc­teur de Salman Rushdie.

Gen­co Erkal, met­teur en scène et comé­di­en turc, boulever­sé par cet événe­ment se met à col­lecter des doc­u­ments offi­ciels, comme des témoignages, enreg­istrements vidéos, déci­sions de tri­bunaux, prêche des mosquées,  afin de créer un mon­tage de textes qui racon­te le déroule­ment des événe­ments qui ont fait du 2 juil­let 1993, un jour som­bre  dans l’histoire de Turquie.

Texte traduit avec le sou­tien de la Mai­son Antoine Vitez, Cen­tre Inter­na­tion­al de la tra­duc­tion théâtrale.

À paraître aux édi­tions l’E­space d’un instant / Mai­son d’Eu­rope et d’Orient

LIRE aussi Sivas’93 au Festival “L’Europe des Théâtres”

theatre biriken

J’ai éteint mon cœur jusqu’à l’apocalypse

texte et tra­duc­tion de Biriken (Melis Tezkan & Okan Urun) du Col­lec­tif Biriken

avec
Ava Hervi­er, Noémie Deve­lay-Ressigu­ier, Simon Guélat, Bachir Tlili

J’ai éteint mon coeur jusqu’à l’apoc­a­lypse  est l’his­toire d’un groupe de per­son­nages con­fron­tés au  pou­voir de la nuit, dans un monde mar­qué par l’ab­sence d’amour, l’an­goisse et les con­flits. Le titre est emprun­té à une chan­son d’amour turque des années 1990, chan­tée par Tarkan. Trois per­son­nages sur le plateau, hantent cet espace  noc­turne, inspiré des pavy­on turcs, boîtes de nuit mixtes et pop­u­laires. Ces boîtes sont des lieux où tout se mélange et se con­fond, les gen­res esthé­tiques, les iden­tités sex­uelles et les class­es sociales. L’ar­rivée d’un qua­trième per­son­nage boule­verse la vie du groupe et met en dan­ger leur monde.

VOIR AUSSI www.biriken.com

Pour le pro­gramme inté­gral de l’événe­ment, faites un tour sur theatre-ouvert.com. Mohamed Kaci­mi écrivain et dra­maturge, y exprime la place et l’im­por­tance du théâtre qui s’in­scrit dans une démarche de survie et de résistance :

Le théâtre fait office de refuge quand, depuis plusieurs années, le secteur de l’audiovisuel subit de plein fou­et le raidisse­ment du gou­verne­ment turc. Une loi de juil­let 2004 encadre les scé­nar­ios des films et des séries télévisées. Nul ne peut par exem­ple tourn­er en déri­sion la nation ou l’armée turques, qui devront tou­jours être présen­tées de manière favor­able, sous peine de poursuites.

Plusieurs acteurs de la télévi­sion  se sont cepen­dant réfugiés dans le théâtre, un art qui, en Turquie, puise ses sources dans divers­es tra­di­tions — folk­lorique, pop­u­laire, occi­den­tale — et intéresse toutes les class­es sociales  En dépit de la cen­sure et de la répression,

Il est même plus vivace que jamais : la ville compte 259 théâtres. Face à la forte demande du pub­lic, le fes­ti­val de théâtre d’Istanbul doit de nou­veau avoir lieu tous les ans après l’édition 2017, laque­lle a attiré 25 000 spectateurs.

Si les théâtres munic­i­paux restent sévère­ment con­trôlés par le régime, des lieux indépen­dants et alter­nat­ifs, comme le Gala­ta per­form, voient le jour et devi­en­nent autant de lieux de créa­tion et de résis­tance à la chape de plomb qui s’est abattue sur la Turquie depuis le coup d’État de 2016.

Ce focus est l’occasion de faire enten­dre ces auteurs qui se bat­tent pour que le théâtre reste libre en Turquie.

Mohamed Kaci­mi 

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