Kedis­tan se joint aux sig­nataires de la péti­tion “Man­i­feste pour l’ac­cueil des migrants”. 

Kedis­tan a depuis tou­jours, défendu la lib­erté de cir­cu­la­tion et d’in­stal­la­tion. Ce n’est pas aujour­d’hui, sous la pres­sion des sou­verain­istes de tous poils, et face aux guer­res, à la destruc­tion et à la pré­da­tion écologique de la planète par un sys­tème cap­i­tal­iste mon­di­al­isé, que nous allons en aban­don­ner les vic­times et les sac­ri­fiés. L’hu­man­ité n’a pas de fron­tières hors de celles qu’elle se donne pour con­courir à sa perte.

Même si les ini­ti­a­teurs ne nous ont rien demandé, nous soutenons volon­tiers cette ini­tia­tive et vous deman­dons d’en sign­er la péti­tion ICI.

Cela ne sig­ni­fie en rien un partage ou un aligne­ment sur des options poli­tiques de cer­tains mou­ve­ments politi­ciens sig­nataires, mais bien une néces­sité de faire digue en com­mun au défer­lement de xéno­pho­bie sou­verain­iste et nation­al­iste qui con­damne des êtres humains à la noy­ade, à l’esclavage, à la faim et à la mort, sous nos yeux.

Pour le reste, un fond d’ar­ti­cles est disponible en archives ICI.

En voici le texte :

Partout en Europe, l’extrême droite pro­gresse. La pas­sion de l’égalité est sup­plan­tée par l’obsession de l’identité. La peur de ne plus être chez soi l’emporte sur la pos­si­bil­ité de vivre ensem­ble. L’ordre et l’autorité écrasent la respon­s­abil­ité et le partage. Le cha­cun pour soi prime sur l’esprit public.

Le temps des boucs émis­saires est de retour. Oubliées au point d’être invis­i­bles, la frénésie de la finan­cia­ri­sa­tion, la ronde inces­sante des marchan­dis­es, la spi­rale des iné­gal­ités, des dis­crim­i­na­tions et de la pré­car­ité. En dépit des chiffres réels, la cause de nos mal­heurs serait, nous affirme-t-on, dans la « pres­sion migra­toire ». De là à dire que, pour éradi­quer le mal-être, il suf­fit de tarir les flux migra­toires, le chemin n’est pas long et beau­coup trop s’y engagent.

Nous ne l’acceptons pas. Les racines des maux con­tem­po­rains ne sont pas dans le déplace­ment des êtres humains, mais dans le règne illim­ité de la con­cur­rence et de la gou­ver­nance, dans le pri­mat de la finance et dans la sur­dité des tech­nocraties. Ce n’est pas la main‑d’œuvre immi­grée qui pèse sur la masse salar­i­ale, mais la règle de plus en plus uni­verselle de la com­péti­tiv­ité, de la rentabil­ité, de la précarité.

Il est illu­soire de penser que l’on va pou­voir con­tenir et a for­tiori inter­rompre les flux migra­toires. À vouloir le faire, on finit tou­jours par être con­traint au pire. La régu­la­tion devient con­trôle polici­er accru, la fron­tière se fait mur. Or la clô­ture pro­duit, inéluctable­ment, de la vio­lence… et l’inflation de clan­des­tins dému­nis et corvéables à mer­ci. Dans la mon­di­al­i­sa­tion telle qu’elle se fait, les cap­i­taux et les marchan­dis­es se dépla­cent sans con­trôle et sans con­traintes ; les êtres humains ne le peu­vent pas. Le libre mou­ve­ment des hommes n’est pas le cre­do du cap­i­tal, ancien comme moderne.

Dans les décen­nies qui vien­nent, les migra­tions s’étendront, volon­taires ou con­traintes. Elles toucheront nos rivages, et notre pro­pre pays, comme aujourd’hui, aura ses expa­triés. Les réfugiés poussés par les guer­res et les cat­a­stro­phes cli­ma­tiques seront plus nom­breux. Que va-t-on faire ? Con­tin­uer de fer­mer les fron­tières et laiss­er les plus pau­vres accueil­lir les très pau­vres ? C’est indigne morale­ment et stu­pide rationnelle­ment. Poli­tique de l’autruche… Après nous le déluge ? Mais le déluge sera bien pour nous tous !

Il ne faut faire aucune con­ces­sion à ces idées, que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop sou­vent ral­liées et qui ten­tent même une par­tie de la gauche. Nous, intel­lectuels, créa­teurs, mil­i­tants asso­ci­at­ifs, syn­di­cal­istes et citoyens avant tout, affir­mons que nous ne courberons pas la tête. Nous ne com­poserons pas avec le fonds de com­merce de l’extrême droite. La migra­tion n’est un mal que dans les sociétés qui tour­nent le dos au partage. 

La lib­erté de cir­cu­la­tion et l’égalité des droits soci­aux pour les immi­grés présents dans les pays d’accueil sont des droits fon­da­men­taux de l’humanité.

Nous ne fer­ons pas à l’extrême droite le cadeau de laiss­er croire qu’elle pose de bonnes ques­tions. Nous reje­tons ses ques­tions, en même temps que ses réponses.

Et la liste alphabé­tique des asso­ci­a­tions, mou­ve­ments et médias à ce jour signataires :

Associations des communistes unitaires (ACU), Alternatives économiques, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT), Auberge des migrants, BASTA!, Le Bondy Blog, Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), CCFD — Terre solidaire 93, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Centre international de culture populaire (CICP), Centre Primo Levi, CNR (Collectif pour une nation refuge), Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM), Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT), Coordination 75 des sans-papiers, Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, CSP92, Courrier des Balkans, DIEL, DIEM 25 France, EMMAÜS, Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (Fasti), Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Gisti, Initiatives pour un autre monde (IPAM), Kedistan, L’Humanité, Là-bas si j’y suis, La CIMADE, Le MRAP, Les Mots Sont Importants (LMSI), Ligue des droits de l’homme, Respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie, Roya citoyenne, Syndicat des avocats de France (SAF), THOT (Transmettre un Horizon à Tous), Tous migrants, Union juive française pour la paix (UJFP), Utopia 56.…
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