Il se déroulera du 21 sep­tem­bre au 21 octo­bre 2018, autour d’une expo­si­tion d’œu­vres orig­i­nales inédites de la jour­nal­iste et artiste kurde, Zehra Doğan.

Et alors, pourquoi en Bretagne ?

La rela­tion entre Zehra et la Bre­tagne débute en août 2016, alors que le fes­ti­val du film de Douarnenez était cette année là con­sacré aux “Peu­ples de Turquie”. Kedis­tan en était parte­naire, et très naturelle­ment, y inviter une amie jour­nal­iste et artiste, co-fon­da­trice d’une agence de presse fémin­iste, s’im­po­sait. D’au­tant qu’elle venait de vivre les “états de siège” et les mas­sacres com­mis par l’ar­mée turque sur ses ter­res. “J’ai sans cesse l’odeur du sang au bout de mon nez”, dis­ait-elle.

Zehra n’ar­ri­va jamais à Douarnenez. Elle fut arrêtée pour la pre­mière fois le 21 juil­let 2016, et jetée en prison le 23. Quelques repro­duc­tions furent cepen­dant exposées au fes­ti­val, et Zehra fut dans toutes les têtes.

L’an­née suiv­ante en 2017, lors du 40e fes­ti­val de Douarnenez, Kedis­tan y appor­tait et expo­sait une quar­an­taine d’œu­vres orig­i­nales “évadées”, accom­pa­g­nées d’un livre, aujour­d’hui épuisé.

Cette expo­si­tion, “Les yeux grands ouverts”, réu­nis­sait des toiles et jour­naux marou­flés réal­isées dans la clan­des­tinité début 2017, alors que Zehra prof­i­tait du court répit offert par une lib­erté sur­veil­lée, accordée avant son procès défini­tif, fin 2016.

Des con­tacts vidéos avaient d’ailleurs été étab­lis dans cette péri­ode à Douarnenez, lors d’une lec­ture de textes con­sacrée à Aslı Erdoğan. Zehra, à nou­veau, avait alors par­lé d’ex­ac­tions et de mas­sacres en cours qui la révul­sait, et adressé son sou­tien à Aslı.

Nous devons là nous arrêter un instant sur les modes de solidarité qui se tissent autour de Zehra Doğan.

Si ce mode de sou­tien par l’or­gan­i­sa­tion d’ex­po­si­tions d’œu­vres, orig­i­nales ou de repro­duc­tions, s’est de lui même imposé, avec l’ac­cord et l’en­t­hou­si­asme de Zehra, il aura fal­lu que se tisse une chaîne de sol­i­dar­ité. Cette chaîne a fonc­tion­né pour faire évad­er les œuvres, trou­ver les fonds pour les con­di­tion­ner et les encadr­er et créer quelques jeux de repro­duc­tions à expos­er sans coûts et facile­ment en Europe. Elle a fonc­tion­né aus­si un temps autour du pro­jet du livre, et fonc­tion­né aus­si lorsqu’il s’est agi de trou­ver des lieux, des salles à la hau­teur de l’Art de Zehra. Nos seuls regrets vien­nent de milieux dont on igno­rait jusqu’alors les fonc­tion­nements très… intéressés. Mais ce sont des anecdotes.

Partout où Zehra fut exposée, avec le plus sou­vent une con­tex­tu­al­i­sa­tion faites de débats, ren­con­tres, films, le grand pub­lic a répon­du présent. Pas le pub­lic des cac­ahuètes et des petits fours, non, celui, human­iste et intéressé par ce que Zehra décrit de la face som­bre de la Turquie, et de l’op­pres­sion de ses peu­ples, réveil­lé par des réseaux sol­idaires, ou sim­ple­ment en éveil de conscience.

Un autre ver­sant de la sol­i­dar­ité existe autour de Zehra : un réseau d’as­so­ci­a­tions inter­na­tionales, allant de sec­tions d’Amnesty au PEN Club, pas­sant par des organ­i­sa­tions pro­fes­sion­nelles de jour­nal­isme et d’artistes.

Il est dif­fi­cile aujour­d’hui d’é­val­uer l’am­pleur de la sol­i­dar­ité, virtuelle ou con­crète, ces sou­tiens étant à notre corps défen­dant dis­per­sés et transna­tionaux. Cela s’est traduit par des remis­es de prix, des pub­li­ca­tions web nom­breuses, des chaînes de sol­i­dar­ité sur des réseaux sociaux.

Le plus “voy­ant” de ses sou­tiens est un artiste dont juste­ment on ne con­naît pas le vis­age, nous avons nom­mé Banksy. La fresque géante qu’il réal­isa à New York pour ren­dre hom­mage à la résis­tance de Zehra fait encore par­ler d’elle, bien qu’il n’en res­ta que des images et vidéos. Une cor­re­spon­dance a suivi, comme d’ailleurs avec l’artiste ex dis­si­dent Ai Wei­wei. Asli Erdo­gan et le PEN club, par l’en­trem­ise de sa représen­ta­tion française sou­ti­en­nent aujour­d’hui le Festival…

Et il faudrait citer toutes les ini­tia­tives indi­vidu­elles ou col­lec­tives, ate­liers d’écri­t­ure ou déci­sions per­son­nelles, qui ont créé une pluie de cour­ri­er se dirigeant vers la prison depuis un an. Il y a peu encore, un bal­lon en forme d’é­toile, s’en­volait du Mex­ique… Et vous con­staterez vous-mêmes que le monde de la musique n’est pas en reste, notre ami Titi Robin, entre autres, étant un sou­tien de la pre­mière heure.

C’est donc une artiste qui a le don de tisser des liens autour d’elle, de susciter admiration et prise de conscience, que nous exposons au Pays de Morlaix, dans moins d’un mois.

Salu­ons égale­ment l’in­er­tie des médias main­stream qui ne nous ont en rien aidé à l’établir et le faire con­naître, et souhaitons leur un bon réveil, même tardif. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Un dernier remer­ciement enfin aux mau­vais­es langues que l’on ne con­naît que trop, et pas­sons au programme.

Et quel programme !

Nous avons ten­té deux choses : coller aux préoc­cu­pa­tions, ques­tion­nements, cen­tres d’in­térêts, com­bats de Zehra Doğan, et en réu­nir ici les sou­tiens à min­i­ma, pour aller plus loin dans l’ex­i­gence d’une libération.

Et pour cela, don­ner à voir, à enten­dre, à com­pren­dre, dans quel con­texte Zehra est incar­cérée est indis­pens­able. Le faire sans jar­gonner, sans se pren­dre la tête, sans mis­éra­bil­isme ni pro­pa­gan­disme, sem­blait la meilleure voie pour se retrou­ver. En faire une fête pour la sol­i­dar­ité et y con­vi­er large­ment était un plus.

Nous fer­ons se ren­con­tr­er, avec le pub­lic bien enten­du, des acteurs et actri­ces, activistes, non seule­ment pour l’ac­com­pa­g­ne­ment de Zehra, mais aus­si pour des pro­jets com­muns qui con­cer­nent l’ensem­ble des pris­on­nierEs otages en Turquie, et au delà. Pour pren­dre con­science des inter­ac­tions poli­tiques et cul­turelles entre ici et le Moyen-Ori­ent et des actions néces­saires à entre­pren­dre ensem­ble, ces ren­con­tres sont essen­tielles. Quoi de plus logique que Kedis­tan s’y soit impliqué totalement.

Vous pouvez feuilleter la brochure en cliquant sur l’image. Ou le télécharger et imprimer ICI.

Pour toutes celles et tous ceux qui ne pour­ront se déplac­er, nous ten­terons dans la mesure de nos moyens logis­tiques et humains, d’en­tre­pren­dre des “directs” vidéos sur quelques ini­tia­tives, retrans­mis sur la page Face­book de Kedis­tan ou le Twit­ter et, bien sûr de vous en informer dans ces colonnes du magazine.

Festival des Autres Mondes festivalautresmondes.wordpress.com
Dossier spécial "Zehra Doğan"

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