Nous nous faisons volon­tiers le relai d’un appel à par­ticiper au procès des 20 avo­cats turcs lancé par le “Comité belge pour la lev­ée de l’é­tat d’ur­gence en Turquie” et de con­stituer par la même une délé­ga­tion qu’y assis­tera au procès.


Avocats en Turquie : Liberté pour la défense

Depuis le con­tre-coup d’é­tat du régime Erdoğan sur­venu au lende­main du putsch du 15 juil­let 2016, la répres­sion con­tre l’op­po­si­tion s’est accrue de manière préoc­cu­pante. Les pris­ons qui étaient jusqu’alors rem­plies d’op­posants, ont con­nu un arrivage mas­sif de nou­veaux dis­si­dents, leur nom­bre pas­sant à près de 70.000.

Par­mi ces pris­on­niers, on compte des mil­liers de jour­nal­istes, d’en­seignants, d’é­tu­di­ants, de musi­ciens, de députés et d’élus locaux ou encore de sim­ples inter­nautes accusés d’in­sultes envers le prési­dent ou de “pro­pa­gande ter­ror­iste”, une expres­sion qui englobe toute infor­ma­tion cri­ti­quant les autorités.

Par­mi ses cibles de choix, le régime Erdoğan s’est par­ti­c­ulière­ment con­cen­tré sur les avo­cats par­mi lesquels les mem­bres de l’As­so­ci­a­tion des juristes pro­gres­sistes (Çağ­daş Hukukçu­lar Derneği-ÇHD) et du Bureau du droit du peu­ple (Halkın Hukuk Büro­su-HHB) “coupables” d’avoir défendu les vic­times de la répression.

Ces deux organ­i­sa­tions sont par­ti­c­ulière­ment con­nues pour avoir défendu les familles des mineurs de fond morts dans l’ex­plo­sion de la mine de Soma (301 morts), les man­i­fes­tants tués durant la révolte de Gezi, les enseignants vic­times des purges ou encore les opposants kur­des et de gauche enlevés et/ou exé­cutés par les escadrons de la mort.

Le 12 sep­tem­bre 2017, 20 avo­cats mem­bres de ces deux asso­ci­a­tions ont été arrêtés qui, dans leur cab­i­net, qui dans la rue ou à domi­cile. A ce jour, 17 d’en­tre eux sont tou­jours en prison mais tous ignorent encore le motif de leur mise en examen.

Le procès de ces 20 avo­cats com­mencera le lun­di 10 sep­tem­bre prochain.

17 des 19 avo­cats incar­cérés n’au­ront cepen­dant pas le droit de com­para­ître devant leurs juges ni de se défendre de vive voix. Pour empêch­er la présence des détenus à leur procès, le régime a en effet trou­vé une solu­tion tech­nologique, le SEGBIS, une com­paru­tion fac­tice via webcam.

Les avo­cats refusent de par­ticiper à cette mise en scène qui con­stitue une entrave fla­grante au droit à la défense y com­pris en ver­tu de la Cour turque de cas­sa­tion et même de l’Habeas Cor­pus qui exige la présence physique de l’ac­cusé à son procès.

La méth­ode SEGBIS prive l’ac­cusé de toute human­ité, de tout con­tact humain. Il empêche l’échange de regards, la con­fronta­tion des idées et des argu­ments. Pour l’heure, il sem­blerait que seuls le prési­dent de la ÇHD Selçuk Koza­ğaçlı et l’av­o­cate Yaprak Türk­men pour­ront assis­ter à leur procès, mais les trac­ta­tions pour per­me­t­tre aux avo­cats de se présen­ter devant leurs juges se poursuivent.

Quelle que soit l’is­sue de ces démarch­es, les 20 avo­cats mis en exa­m­en exhor­t­ent leurs con­sœurs et  con­frères européens à assis­ter à leur procès du 10 sep­tem­bre afin d’empêcher ou du moins, de lim­iter les abus du pou­voir envers les avo­cats jugés pour avoir sim­ple­ment exer­cé leur profession.

Comité belge pour la lev­ée de l’é­tat d’ur­gence en Turquie

Pour toute infor­ma­tion con­cer­nant la mis­sion en Turquie, veuillez nous con­tac­ter : urgence.turquie@gmail.com

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