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Kedistan a un peu feuilletonné au sujet du nucléaire en Turquie cet été, histoire de montrer que lorsque les Etats européens nucléarisés décidaient d’une “transition énergétique”, ils aidaient à vendre en même temps des centrales nucléaires.
“Regardez le doigt mais pas la lune” serait une bonne formule pour définir le commerce mondial de l’industrie nucléaire.
Depuis que les douaniers ont fait la démonstration que les nuages faisaient demi-tour aux frontières, et malgré les catastrophes japonaises, les investisseurs du nucléaire continuent tranquillement leur commerce de fabrication de déchets dont l’humanité ne saura que faire, sauf, pour la quintessence de ceux-ci, des armes.
De la même façon qu’un Monsanto/Bayer annonce qu’en l’absence d’alternative, l’agriculture devra se contenter de leurs pesticides, l’industrie nucléaire fait le coup du retard pris sur les investissements en énergie renouvelable, et mobilise ces dits investissements dans son commerce rayonnant. La schizophrénie est la règle pour les décisions politiques.
Mais, à y regarder de plus près, et la Turquie confirme la règle, cette schizophrénie obéit à des règles simples qui ont trait au développement d’un des secteurs du capitalisme financiarisé mondialisé, la fameuse “mondialisation contemporaine”, si possible chez l’autre, mais en rapatriant les profits chez soi. Au passage, on traite avec des Etats qui ont le culte de la croissance et du gaspillage mondial qui rapporte, et qui bétonne allègrement à la manière Pic’sou.
La Turquie, et le projet mégalo-maniaque de son Président, sont de ceux là.
En clair, pour éclairer la nuit les bureaux vides des grandes métropoles turques, et ainsi donner l’image de modernité et de puissance qui rayonnera bientôt sur le monde en 2023, on a besoin d’énergie pour remplacer les importations et le charbon. Comme la Turquie a besoin d’aéroports géants pour accueillir le monde entier, de nouveaux ponts pour pouvoir vendre de nouvelles voitures…
Jusqu’ici, la monnaie et ses taux d’intérêts étaient en solde, et tout semblait aller pour le meilleur de 2023.
La mise à jour de ce fonctionnement économique, parfaitement orthodoxe avec les théorie du néo-libéralisme, par une de ces “crises” monétaire dont le capitalisme mondialisé est coutumier va un peu compliquer la donne pour le Reis turc. Et de fait, la confirmation des mises en chantier des deux centrales démontre qu’une fuite en avant reste son choix principal, ce qui, du point de vue même des investisseurs capitalistes n’est guère rassurant.
Et bien que le contrat avec la Russie soit un “leasing” de 80 ans, mais assorti d’un contrat gazier, et que celui avec l’industrie française et japonaise soit très avancé, on peut raisonnablement dire que ces centrales vont encore faire parler d’elles, quand aux coûts en hausse qu’elles vont générer, dans un tel climat politique et financier.
La riposte sociale et démocratique est groupusculaire pour le moment, et divisée en tranches politiques d’opposition.
Les questions fondamentales concernant la prédation capitaliste des territoires et la mise en danger de la planète restent confidentielles ou réservées aux quelques résistantEs, lorsque les populations ne sont pas directement concernées. L’oppression politique fait le reste.
Là encore, il est assez lamentable de voir que dans les milieux “transition durable” européens, on se contrefiche de l’exportation de ces maux dans des régions qu’ils considèrent exotiques. Nous pourrions presque dire “où allez vous demain passer vos vacances à pas cher ?”, pour réveiller un peu les consciences euro-centristes.
En guise de conclusion qui n’en est pas une, si nous avons vu ces dernières années les luttes de ZAD en Europe, tenter de lier des liens transnationaux vers le Moyen-Orient et la Turquie, nous sommes bien loin du compte dans la verdure politique européenne.
Et pourtant, quand les disciples d’AREVA pondent des centrales en Turquie, le combat devrait être le même que celui pour faire fermer les centrales domestiques en Europe et ailleurs… (Pas demain ni d’un claquement de doigt, on le sait).
Et tant qu’à faire, si les mêmes regards verts euro-centrés se tournaient aussi vers la façon dont les ressources en eau potable de la région sont l’enjeu de guerres et de convoitise, et là encore, sous le prétexte énergétique, celui de destructions complètes d’éco systèmes vivants, humain inclu, on avancerait un peu sur la compréhension des causes profondes.
Ce n’est pas la démission d’un Ministre d’Etat de l’Ecologie en France, converti au capitalisme vert, qui va non plus clarifier les choses.
Pour le moment, on parle d’aider à minima à stopper des chantiers inutiles et destructeurs, et de dénoncer ensemble ces projets capitalistes dangereux et pollueurs d’avenir… Ces combats sont inséparables.
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