La guerre à bas bruit menée contre le mouvement kurde se poursuit. C’est Qandil qui est attaqué.
Afrin fut ouvertement une agression militaire contre le 3e canton de la Fédération Syrie Nord, avec le but affiché de chasser les populations Kurdes et au delà tous les partisans ou soutiens d’un processus de vivre ensemble, les 316 000 Syriens déplacés d’origine kurde, yézidis, arabe et turkmène qui vivaient dans le canton. Cette “purification ethnique” se déroula avec la totale acceptation des puissances impliquées dans la guerre syrienne, les “coalitions”, et avec l’aide des groupes islamistes, alliés de la Turquie et ré-armés par elle.
Manbij, carrefour de communication important, semble la deuxième étape visée par le régime turc, comme son Président l’avait promis, pour dit-il “l’assèchement du terrorisme”. En réalité, c’est l’ensemble du processus politique né au Rojava qui est en cause. Et les puissances régionales ou internationales ne verraient pas d’un mauvais oeil la disparition de l’auto-administration des populations locales, au profit d’un accord sur des “zones d’influence”, en vue d’une future table de “règlement du conflit syrien”.
Ces avancées politiques, qui avaient permis de protéger des populations nombreuses des massacres directs des guerres, civiles et anti-Daech, de voler au secours des Yezidis menacés de génocide, entre autres, puis de permettre au sol des victoires militaires décisives contre les terroristes islamistes de Daech, sont, pour le régime turc, une menace pour son autocratie et son système politique d’Etat-Nation oppresseur.
Elles ne sont pas nées de nulle part, mais issues de décennies de lutte et de réflexion politique, dans tous les territoires où les Kurdes sont population majoritaire, jusqu’à aboutir à des propositions très concrètes pour la coexistence et l’administration commune de la mosaïque des Peuples de la région, répartis à la règle, au siècle dernier en divers Etats-nations. Et cela se traduit par des propositions en Turquie, en Irak, clandestinement en Iran, et l’existence de l’entité Fédération nord Syrie, de façon visible et concrète.
Le fruit de ces luttes pour le droit à l’auto-détermination, l’autonomie, la reconnaissance culturelle, la place pivot de l’émancipation des femmes dans ces luttes, est également symbolisé par Qandil, où le coeur de ces expérimentations politiques et réflexion bat toujours. Qandil fut la zone refuge et le centre vivant de la révolution kurde.
Qandil est depuis toujours agressé par le régime turc. Mais dans ce “plan d’éradication et d’assèchement” pour ce que le régime turc intitule “question terroriste kurde et séparatisme”, les bombardements et incursions militaires récentes, au Nord irakien, avec l’assentiment tacite des puissances régionales et internationales, appellent à un soutien urgent.
Les massacres et destructions au Bakur (Est de la Turquie), Jerablus, Afrin, en Syrie, les menaces sur Sinjar, sont liées à cette stratégie de guerre permanente de l’Etat turc, qui veut porter à nouveau ses coups contre Qandil.
Il est urgent de réagir, puisqu’à l’international, côté gouvernements, le silence est total.
Communiqué de la jeunesse kurde
Je vous écris afin de vous alerter de la situation actuelle au Kurdistan irakien. Une guerre va commencer dans le nord de l’Irak, à la frontière turco-iranienne. Il est important que tout le monde comprenne qu’en Turquie les gouvernements successifs ont toujours pris comme argument mensonger la lutte contre le PKK. En les désignant comme terroristes, ils cherchent à discréditer et à affaiblir les Kurdes en général afin d’occuper leurs territoires. Leur but sous-jacent est de reconstituer une influence sur “l’espace vital” ottoman. La propagande qu’ils font en Turquie va dans ce sens, notamment en cette période d’élection.
ILS ONT OFFICIELLEMENT DÉCLARÉ LA GUERRE À QANDIL.
Les opérations sont déjà prêtes, en coordination avec les États-Nations voisins.
Appel à la solidarité de toute personne soucieuse des droits humains car c’est l’avenir de la révolution qui est en jeu et, avec elle, le combat pour la liberté. Qandil est le centre symbolique de la guérilla. Si Qandil tombe, cela aura une grave influence sur la suite des événements.
Appel de la jeunesse kurde à rejoindre, en solidarité, le rassemblement pour la paix qui a lieu en ce moment-même dans cette zone.
Il faut que cet enjeu s’élargisse au monde, car c’en est la portée.
Appel à la solidarité, à manifester, en France, partout !
Il faut agir dès maintenant et, dorénavant, porter une voix commune car nous sommes toutes et tous concerné-e‑s.
16 juin 2018
LIRE AUSSI sur Roj Info De jeunes internationalistes français se rendent à Qandil pour la solidaritéLes jeunes internationalistes français sont arrivés au sud-Kurdistan (Irak) pour soutenir l’action du Bouclier humain contre les menaces d’invasion de la région de Qandil par la Turquie.https://t.co/mqbGNHjg0T pic.twitter.com/PyYOui9n0X
— Roj Info (@rojinfo_) 18 juin 2018