Les routes des migrants est jonchée de cadavres de personnes qui fuyaient les guerres, la pauvreté. Dit comme cela, on nous rétorquera la “complexité du problème”, et notre “angélisme”. Et on ajoutera peut être même un “hors sujet” pour Kedistan.
Actualités de Turquie et du Moyen-Orient, tel est l’intitulé et la raison d’être du magazine Kedistan. Mais cela implique pour nous de ne pas fermer les yeux sur les causes, les conséquences, et les interactions. Et c’est même une des raisons d’être du magazine, n’être ni euro-centré, ni turco-centré.
Aussi, lorsque les “migrations” et les décisions politiques de l’entité politique et économique “Union Européenne”, pour lutter contre, et les contraindre, ressurgissent en pleine actualité, toutes les sources de réflexion s’imposent.
Nous nous faisons le relai d’un reportage, qui bien que n’évoquant pas la Turquie directement, éclaire le sens politique profond et la méthode qui préfigura le grand deal migratoire avec Erdogan.
Presque tout y est.
• La volonté des politiques de répondre à “la crainte des populations européennes”.
• L’absence totale de scrupules politiques dans les deals passés pour cette orientation de court terme, à coup d’investissements financiers pour ériger les murs, en appui sur les pires régimes, et contre là, en l’occurence la volonté de l’Union Africaine, qu’on ne peut pourtant soupçonner d’altruisme.
• En pointillé les conséquences en terme de renforcements de dictatures ou de pouvoirs autocratiques, nés de guerres et de massacres souvent, et la volonté de ne pas envisager le moyen terme en matière géopolitique.
• L’inanité de ces mêmes politiques face aux migrations, et le cynisme total sur ses résultats mortels.
Les épisodes autour de l’Aquarius, du bateau identitaire anti-migrants de 2017, des esclaves en Lybie, ne sont que les révélateurs de loin en loin de cette politique inhumaine et désincarnée, choisie et diligentée par le libéralisme économique européen, qui doit faire face aux replis identitaires et xénophobes qu’il contribue à faire naître lui-même, et qu’il entretient de fait là, en lui donnant des gages.
Pour la Turquie, on connaît les suites de l’accord et l’importance que le deal a pris dans les guerres du Moyen-Orient, en confortant un de ses régimes acteur. Pour la Lybie, le Soudan…
Le cache-sexe des belles phrases politiciennes du “intervenir à la source” “développer l’aide sur place”, pour ne pas à avoir à accueillir “toute la misère du monde” est là réduit en lambeaux. Et pourtant, le deuxième volet, non traité dans ce reportage, est celui des renvois de celles et ceux qui “n’ont pas vocation”.…
Visionnez ce reportage, partagez-le. Il sera disponible jusqu’au 11 juillet sur le site d’Arte.
Image à la une : May 29, 2014, Reuters/Ahmed Jadallah