Erdoğan Çakır devait être libéré le 14 mai 2018 d’une prison française, où il avait été incar­céré à la suite d’une enquête à dimen­sion européenne, con­cer­nant ses activ­ités, et celles d’un groupe mil­i­tant en sou­tien à un par­ti inter­dit en Turquie et “con­sid­éré comme ter­ror­iste” (refrain connu).
La jus­tice lui reprochait son sou­tien aux pris­on­niers et otages poli­tiques en Turquie, sous des formes “inter­dites”, l’organisation de rassem­ble­ments anti fas­cistes en Turquie et ailleurs, l’aide logis­tique à la réal­i­sa­tion de con­certs du groupe de musique engagé Grup Yorum, la tenue de stands au nom du Front Pop­u­laire de Turquie et la dis­tri­b­u­tion de la revue Yürüyüş (La Marche)

Vous recon­nais­sez sans doute là le courant poli­tique dont il s’ag­it, un courant “marx­iste lénin­iste ortho­doxe”, issu de la vieille gauche turque, et dont des mil­i­tants sou­ti­en­nent pour­tant forte­ment le proces­sus poli­tique com­mu­nal­iste au Roja­va, et ont eu leur lot de tués au com­bat en Syrie, aux côtés du PYD, bien au delà de tout nationalisme.

Ce courant poli­tique fut une bête noire de tous les régimes suc­ces­sifs en Turquie, et il n’est pas rare que leurs mil­i­tantEs clan­des­tinEs soient pure­ment et sim­ple­ment exé­cutéEs dans des assas­si­nats ciblés, con­fon­duEs et placéEs dans le même “panier du ter­ror­isme”, assas­si­nats tou­jours présen­tés comme des “affron­te­ments avec la police”.

Erdoğan Çakır

Erdoğan Çakır, père de 4 enfants vivait en France depuis plus de 20 ans, et ses dif­fi­cultés judi­ci­aires ont sur­gi entre 2008 et 2013, jusqu’à aboutir à une incar­céra­tion, non recon­nue comme “poli­tique”, par l’E­tat français, après juge­ment de “faits délictueux”.

Il protes­ta à de nom­breuses repris­es con­tre ses con­di­tions de déten­tion, et notam­ment celles de fouilles dégradantes qui lui étaient imposées.

Cha­cun con­naît l’é­tat des pris­ons français­es et l’in­hu­man­ité qui y règne de façon majori­taire et con­stante, du fait de la sur­pop­u­la­tion car­cérale, d’une insalubrité de locaux, d’un manque de moyens face à une poli­tique d’E­tat du tout répres­sif, pra­tiquée en surenchère aus­si bien par la pseu­do gauche française que par la droite décom­plexée ces dernières années.

Erdoğan Çakır a donc été traité comme “pris­on­nier ordi­naire”, à sur­veiller, soumet­tre, comme toutes les “têtes dures” qui résis­tent à l’op­pres­sion d’E­tat et affichent des options “révo­lu­tion­naires” jusqu’en prison.

Il a entre­pris plus qu’à son tour dif­férentes grèves de la faim, passées sous silence.

Sa libéra­tion, qui par le jeu ordi­naire des remis­es de peine dont beau­coup ne lui ont pour­tant pas été appliquées, devait inter­venir en mai, après cepen­dant 7 années passées der­rière les bar­reaux, comme un crim­inel de droit commun.

Exp­ri­mant devant le juge d’ap­pli­ca­tion des peines sa volon­té de pour­suiv­re sa lutte et de repren­dre des activ­ités mil­i­tantes à sa sor­tie, Erdoğan Çakır a fait l’ob­jet d’une déci­sion de main­tien en déten­tion, qui fait d’ailleurs suite à une demande d’ex­tra­di­tion for­mulée par le gou­verne­ment turc, pour “activ­ités illé­gales sur son territoire”.

La procé­dure en la matière veut qu’une déci­sion de jus­tice soit prise, et la même cour qui en appel refusa à nou­veau sa libéra­tion le 31 mai dernier, celle de Reims, devra stat­uer ce 14 juin sur la demande d’extradition.

Trans­féré suite à la procé­dure d’ex­tra­di­tion à la mai­son d’arrêt de Châlons-en-Cham­pagne, Erdoğan Çakır est encore à ce jour en grève de la faim à durée indéter­minée, et ce, depuis le 28 mai.

Un cas par­mi bien d’autres, nous direz-vous peut être…

En ces jours de “ré-élec­tion” prési­den­tielle en Turquie, con­tre laque­lle en France, même une presse dite “con­sen­suelle” monte au créneau pour dénon­cer une “dic­tature”, stat­uer sur une extra­di­tion vers elle, mérite que ce “cas” ne devi­enne pas un “cadeau” fait à un can­di­dat ou un autre, con­tre d’autres en retour, comme cela est devenu la règle dans les rela­tions fran­co-turques depuis quelques années, sous l’égide d’une diplo­matie du con­trat et des affaires d’armement.

Dans le même temps où le Reis se vante de pass­er un deal dans la région avec les forces améri­caines, et que celles-ci lui lais­sent la lib­erté de sa croisade anti-ter­ror­iste con­tre les posi­tions kur­des en Irak et en Syrie, et après le soi-dis­ant “change­ment de pied” du Prési­dent Macron pour Man­bij, que représente donc Erdoğan Çakır, rési­dent français de longue date, mais con­sid­éré comme “emmerdeur”, ressor­tis­sant révo­lu­tion­naire de Turquie, valant mon­naie d’échange dans le cadre d’une coopéra­tion poli­cière étroite, mise en place depuis quelques années ?

La mobil­i­sa­tion sol­idaire est la seule réponse à cette question.

Et ce n’est pas parce que Kedis­tan n’est pas tou­jours en odeur de sain­teté idéologique dans les milieux “marx­istes lénin­istes ortho­dox­es” que nous nous tairons sur cette injus­tice, réal­isée en douce, et qui peut con­duire Erdoğan Çakır à la tor­ture, voire à une dis­pari­tion, en Turquie.

Quelle que soit la déci­sion du tri­bunal le 14 juin, Erdoğan Çakır est tou­jours en France. Locale­ment, une sol­i­dar­ité min­i­mum existe. L’é­ten­dre serait un pre­mier pas. Faire con­naître plus large­ment qu’aux amis serait une deux­ième bonne initiative.
Alors, à vos réseaux soci­aux, à vos partages, à vos démarch­es auprès de politiciens…

Pour qu’Er­doğan Çakır soit libéré sans con­di­tions et que cette procé­dure d’ex­tra­di­tion soit enter­rée, comme le furent d’autres récem­ment, dili­gen­tées con­tre des per­son­nal­ités en Europe, grâce à une sol­i­dar­ité large et unitaire.

Faites con­naître vos ini­tia­tives et votre soutien :

Contact : comitedeliberte@gmail.com

Groupe Facebook : Solidarité avec Erdoğan Çakır
Evénement Facebook pour le tribunal

Signez la pétition qui a fortement besoin de signatures !

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