Nous avions déjà publié deux articles concernant d’Esra Arıkan, trans condamnée à la perpétuité en Turquie. Esra est en prison depuis près de 15 ans.
Elle a d’abord été incarcérée à Izmir, dans la prison de type F, puis transférée à la prison d’Eskişehir, ensuite à Denizli, et Maltepe… Elle a changé de prison au total plus de dix fois…
Du fait de son identité trans, elle a subi, de nombreuses fois, de la part des directions et administrations pénitentiaires, des maltraitances inhumaines, tortures et agressions avérées. Elle a aussi été retenue en isolement pour son identité sexuelle.
En décembre 2016, elle avait dénoncé les tortures, commencé une grève de la faim, et avec l’intervention de ses soutiens, ses revendications avaient été acceptées. Elle avait mis fin à sa grève le 23 décembre 2016.
En 2017, elle dénonçait par une lettre écrite le 7 août, depuis la prison de Denizli, les injustices et agressions dont elle était victime à nouveau…
Vous pouvez lire son histoire dans nos deux articles précédents. Turquie : Esra,torturée en prison -5.12.2016 Pour une femme trans, comme Esra, la souffrance partout - 18.8.2017
De bonnes nouvelles…
Depuis l’année dernière une solidarité s’est tissée autour d’Esra… Le soutien des organisations de société civile, défenseurs des droits humains, droits des femmes et des personnes LGBTIQ, mais aussi de simples citoyenNEs qui ont montré leur solidarité en lui écrivant ou l’aidant financièrement, a porté ses fruits.
Esra a complété son processus de transition. Elle sera désormais incarcérée à la prison des femmes de Bakırköy à Istanbul.
Voici, les nouvelles que sa tutelle légale et amie Merve partage avec nous, vous…
La solidarité a gagné !
Esra a été transférée à la prison des femmes de Bakırköy !Les politiques de haine que l’Etat mène envers les trans et toutes les autres personnes qu’il considère “autre”, avaient affecté Esra. Elle a été victime des agressions de la part des gardiens, elle a subi des violences, et nombre de ses droits les plus fondamentaux n’a pas été respectés.
Esra, qui a été incarcérée dans plus de dix prisons, a été il y a quelques mois, encore une fois transféré à la prison de type L à Maltepe. Ici aussi, elle subi de nombreuses injustices mais n’a pas cessé de lutter contre les violences, les agressions et les violations de ses droits.
Nous, ses soutiens, avons été contre toutes ces injustices, la voix d’Esra. Nous avons continué à être près d’elle, solidaires avec sa lutte. Nous avons dit “la solidarité fait vivre !”.
Et Esra a gagné ! Elle a gagné avec la force qu’elle a puisé dans la solidarité. Elle a enfin obtenu et réalisé l’opération pour laquelle elle luttait depuis des années. Elle a résisté à l’injustice, l’oppression, la violence, les menaces et les tortures, et elle a gagné.
Après l’opération, Esra Arıkan a été transférée à la prison des femmes de Bakırköy… Une prison de femmes…
Nous appelons toutes les femmes à poursuivre la solidarité avec elle. Nous vous appelons à lui rappeler par nos lettres et cartes, qu’elle n’est pas seule, et que la lutte qu’elle a menée et réussie avec la solidarité, continuera à grandir à s’élargir encore plus.
La solidarité fait vivre !
Vive la solidarité des femmes !
N’hésitez pas écrire à Esra à votre tour, pour faire partie de cette grande famille. Ecrivez-lui en turc pour contourner la censure de la prison. Rapprochez-vous à des associations LGBTIQ, kurdes, progressistes turques pour vous faire aider. C’est aussi une occasion de lier de nouvelles amitiés.
Sa page de soutien sur Facebook est ICI
Et voici l’adresse pour lui écrire en prison :
Esra Arıkan
Bakırköy Kadın Kapalı C.İ.K.
Zuhuratbaba Mah. Dr. Tevfik Sağlam Cad.
Lepra Hastanesi Yanı No:28
Bakırköy — İstanbul TURQUIE
La solidarité est primordiale
Apportez votre énergie, pour que d’autres personnes LGBTIQ incarcéréEs puissent se sentir soutenuEs. Car Esra n’est pas seule. Elle est seulement une parmi d’autres…
Dans les dernières années, les conditions de vie sont devenues particulièrement difficiles pour les personnes LGBTIQ. Et pas seulement dans les prisons.
Le gouvernement qui est au pouvoir en Turquie ne reconnaît pas les droits des personnes LGBTIQ. Les régressions dans le domaine des droits des personnes minoritaires ont été rapides et violentes. Ces pressions politiques institutionnelles sont accompagnées de violences dans la vie au quotidien : violences physiques, symboliques, et économiques qui mènent à des meurtres qui demeurent impunis, des emprisonnements arbitraires. La répression touche toute la population et est alimentée par une réalité de guerre au Kurdistan, “légitimée” par un discours nationaliste, raciste, sexiste et religieux. Quant à la situation des détenuE trans, intersexes et homosexuelLEs, elle est particulièrement grave.
Les pressions ont aussi augmenté suite à la tentative du coup d’état de juillet 2016, et de nombreuses associations et revues ont été fermées depuis, par décret-loi, suite à la déclaration d’état d’urgence.
Mais malgré les intimidations, une résistance existe et se ressource de la solidarité.
Prenons en une part !