Une campagne transnationale se dessine, qui met en avant un moyen simple de sanctionner la Turquie : le boycott du tourisme et des produits importés.
Des dénonciations et tentatives avaient déjà été faites en ce sens, en 2015 et 2016, alors que les forces armées de l’Etat turc commettaient les pires exactions et destructions au Bakur. Certaines agences de tourisme turques en Europe avaient mêmes été l’objet d’actions “spectaculaires”, suivies d’ailleurs de condamnations contre les activistes qui en furent les protagonistes.
Avec l’agression contre Afrin en Syrie, qui se veut de la part de l’Etat turc l’acte 1 d’une purification ethnique à ses frontières, et l’anéantissement d’un projet politique au Rojava et plus largement en Syrie Nord, projet qui remet radicalement en cause la toxicité guerrière de tous les Etats-nation de la région et leur rôle éminent dans toutes les guerres contre les civils en cours, une condamnation publique transnationale de l’Etat turc s’impose.
Celle-ci ne vient d’aucune instance internationale, ou d’aucune structure politique européenne constituée. Au contraire, les puissances impérialistes présentes militairement ou diplomatiquement en Irak hier, en Syrie aujourd’hui, laissent les forces turques “faire le travail” contre la Fédération de Syrie Nord, comme tout l’Ouest de la Turquie s’était tu lors des massacres, de 2015 à 2017, en dehors de rares mouvements pour la Paix, réprimés avec force depuis.
Que peuvent donc faire celles et ceux qui, de loin, assistent désemparés et avec colère, à la trahison générale des gouvernements, qui tournent le dos aux forces qui hier ont combattu Daech ?
Ce n’est pas la relance diplomatique non assumée réellement, d’une France membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui va permettre de mettre un coup d’arrêt aux tueries et déplacements de populations, et une interdiction d’aller plus avant demain, des forces d’invasion et de colonisation turques. Ces mêmes gouvernements, qui diplomatiquement “mettent en garde” la Turquie, continuent de plus belle à faire des affaires avec elle, et à lui fournir monnaie trébuchante, qu’elle s’empresse d’utiliser dans ses projets de purification ethnique.
Ces projets s’accordent avec d’autres déplacements, djihadistes ceux là, de combattants qui contribuèrent au pourrissement des soulèvements anti Bachar de 2011, et jusqu’ici enclavés, comme hier à Alep, aujourd’hui à la Goutha. Ces mouvements “négociés” de djihadistes vers le Nord Syrien et Idlib permettent au gouvernement turc de “recycler” ces groupes et leurs familles, au sein de son projet de changement de nature ethnique des populations au Nord syrien.
Erdoğan, pour faire court, veut installer là les réfugiés dont il ne voudrait plus en Turquie, sous la coupe d’islamo-fascistes qui lui sont redevables. Il a commencé à Afrin.
Si la protestation transnationale ne doit pas faiblir, et si la dénonciation plus que jamais de la mise en place d’une “fabrique de djihad” par Erdoğan, moyen supplémentaire de chantage, en sus de la question migratoire, doit s’intensifier, proposer un moyen simple de protestation aux populations hors de la Turquie, peut reposer, en effet, sur un mot d’ordre de boycott.
La saison touristique va s’ouvrir en Turquie, et la chute de la livre turque rend le pays attractif. Il en va de même d’ailleurs pour ses exportations.
Ne pas être complice des crimes, et ne pas soutenir financièrement par l’apport de devises la politique militaire de l’Etat turc passe par un boycott touristique et d’achat de produits manufacturés ou alimentaires.
Et puisque les gouvernements et Etats s’y refusent, chacun, chacune d’entre nous peut commencer…
Comme toute campagne commence par une large information, partager sur les réseaux sociaux, visuels et présentation du pourquoi serait un bon début.
A l’inverse, bien sûr, un boycott actif suppose des délégations de soutien à ceux qui résistent, le parrainages d’otages politiques en Turquie, l’envoi de correspondances… Cela va de pair.
» Lire aussi l’appel au boycott académique des Universitaires ICI.