Un des derniers décrets-loi pro­mul­gué par Erdoğan rétablit le port de l’u­ni­forme oblig­a­toire dans les geôles turques. Des mobil­i­sa­tions de pris­on­nierEs ne man­queront pas de suiv­re, tant la ques­tion entre en réso­nance avec les luttes et “jeûnes de la mort” qui avaient amené à sa suppression.

Il n’y a rien d’an­odin à réin­tro­duire cette pra­tique de déchéance et de déshu­man­i­sa­tion dans les pris­ons, “à l’améri­caine”, comme aime à le soulign­er Erdoğan.

Elle s’é­ten­dra aux prévenus. C’est à dire que lors des juge­ments, et ils sont légions, et les procès sont sans cesse reportés où traî­nent en longueur, les accusés devront oblig­a­toire­ment com­para­ître dans la tenue du coupable.
Ce port de l’u­ni­forme con­cerne aus­si les femmes. C’est une pre­mière dans l’his­toire des pris­ons de la République turque. Il vise en pre­mier lieu les pris­on­niers poli­tiques, et l’ar­gu­men­ta­tion se fait autour des accusés du putsch man­qué de 2016, alors que le décret con­cerne l’ensem­ble des otages poli­tiques opposants au régime AKP, bien sûr, députés et élus empris­on­nés compris.

Cette mesure inique, qui a fait l’ob­jet d’un choix de couleur, pour une tenue à la Guan­tá­namo, vise à rabaiss­er toute oppo­si­tion au rang de “merde”, comme aiment à l’évo­quer les dirigeants de l’AKP, en com­men­tant le col­oris caca d’oie choisi.

Dans le passé, sous les régimes mil­i­taires kémal­istes, alors que la mesure con­cer­nait les hommes, comme il y a encore seule­ment à peine vingt ans, des refus de port de l’u­ni­forme firent l’ob­jet de vives mobil­i­sa­tions, réprimées avec force. Les provo­ca­tions autour de ces refus de vêtir l’u­ni­forme aboutirent à des morts.

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C’est pourquoi il est urgent de se pré­par­er à soutenir des mou­ve­ments dans les pris­ons turques où sont entassés tant d’o­tages politiques.

Nous pen­sons par­ti­c­ulière­ment à toutes celles et ceux, qui de près ou de loin, par­rainent aujour­d’hui cer­tainEs de ces otages, et qui, s’ils/elles con­sta­tent des rup­tures de com­mu­ni­ca­tion, ne devront pas les met­tre sur le compte de la dis­tance ou des aléas con­cen­tra­tionnaires, mais bien sur celui des mesures de rétor­sions que pren­dront néces­saire­ment les autorités péni­ten­ti­aires face aux luttes de l’in­térieur qui peu­vent se développer.
Nous pen­sons égale­ment aux nom­breuSEs jour­nal­istes et intel­lectuellEs dont les noms cir­cu­lent au delà des fron­tières de la Turquie prison, et qui refuseront demain l’hu­mil­i­a­tion sup­plé­men­taire de l’u­ni­forme choisi, et nous le fer­ons savoir.
Sela­hat­tin Demir­taş a déjà lancé un appel à la vig­i­lance et au refus. Il est temps de le rejoin­dre et d’am­pli­fi­er sa mise en garde.

Une par­tie des opposants kémal­istes (CHP) ont, par la voie de juristes, con­damné le décret-loi. C’est le moment de pass­er aux actes, et de se préparer.

Cet appel n’est pas une nième son­nette d’alarme, mais émane des pris­ons turques elles-mêmes, par la voix de ses otages actuelle­ment incar­cérés. Soutenons-les dans leur refus annon­cé d’ac­cepter l’opprobre.


Ajout du 17 janvier 2018 21h

Le décret loi récent, con­cer­nant le port de l’u­ni­forme, dit “tenue de type unique” oblig­a­toire dans les pris­ons, a été imposé pour la pre­mière fois, à İlker Altun­dal et Gökhan Keskin incar­cérés à la prison de Silivri à Istanbul.

Cet oblig­a­tion s’ap­pliquent aus­si aux prévenus, se présen­tent com­para­itre devant le tri­bunal, c’é­tait le cas pour cette pre­mière pour İlker Altun­dal et Gökhan Keskin. Ils ont refusé de le porter. La répres­sion ne s’est pas fait pas atten­dre et les gar­di­ens les ont vio­lem­ment agressés.

L’as­so­ci­a­tion HHB (Bureau juridique du peu­ple) a con­fir­mé cette infor­ma­tion. L’ini­tia­tive de Sol­i­dar­ité avec les détenuEs a égale­ment pub­lié une déc­la­ra­tion qui con­firme à son tour, que l’ap­pli­ca­tion du nou­veau décret loi a offi­cielle­ment com­mencé, à la prison de Silivri n°9. L’or­gan­i­sa­tion a appelé à une man­i­fes­ta­tion le 17 jan­vi­er au soir à Kadıköy, et a demandé d’être sol­idaire avec les détenuEs.

Ce n’est bien sûr qu’un début…


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