Reportage à pro­pos du référen­dum d’indépen­dance au Kur­dis­tan irakien, de Tij­da Yağ­mur, avec Rıza Altun mem­bre du Con­seil exé­cu­tif du KCK (pub­lié sur Yeni Özgür Poli­ti­ka et effec­tué le 16 sep­tem­bre 2017).

Depuis ce reportage, dif­férentes évo­lu­tions se sont faites jour. En voici quelques unes.

• L’ar­mée turque pour­suit “l’opéra­tion” qu’elle a com­mencée le 18 sep­tem­bre à la fron­tière de Habur, mas­sant des blind­és et proférant des men­aces, avec le sou­tien appuyé de la presse alliée de l’AKP.

• Les min­istres des affaires extérieures de la Turquie, d’I­ran, d’I­rak se sont réu­nis à New-York. Il ont fait une déc­la­ra­tion com­mune “Le référen­dum ne serait pas en faveur des Kur­des, et de l’ad­min­is­tra­tion de la Fédéra­tion”… et de ce fait, se sont enten­dus sur le fait de “pren­dre des pré­cau­tions à son encon­tre”.

• La dite com­mu­nauté inter­na­tionale a dés­ap­prou­vé l’ini­tia­tive, à l’ex­cep­tion de l’E­tat d’Israël.

• Barzani a eu des ren­con­tres avec dif­férents dirigeants inter­na­tionaux, et a fait plusieurs pris­es de parole, dont une où il évoque “une pos­si­ble démoc­ra­tie dans un Etat fédéral irakien”…

• Une réu­nion des mem­bres du Con­seil de Sécu­rité de l’ONU a appelé à repouss­er cette con­sul­ta­tion et à l’ou­ver­ture de négo­ci­a­tions sur le sol irakien…

• Le 23 sep­tem­bre, le Par­lement turc a voté lors d’une ces­sion excep­tion­nelle (nor­male­ment prévue le 30 octo­bre) la recon­duc­tion du dis­posi­tif autorisant le gou­verne­ment à entre­pren­dre des inter­ven­tions au delà des fron­tières d’I­rak et de Syrie, pour un an. Le HDP a refusé le dis­posi­tif. Le MHP l’a soutenu sans con­di­tion, quant au CHP, il a apporté son sou­tien avec la con­di­tion suiv­ante  “Si cela ren­force l’ar­mée dans sa lutte con­tre le ter­ror­isme”. Le dis­posi­tif noti­fie l’im­por­tance don­née par la Turquie, à la pro­tec­tion de son intégrité ter­ri­to­ri­ale, et celle de l’u­nité nationale et la sta­bil­ité en Irak, et ajoute “Par ailleurs, le fait qu’en Irak, le PKK et Daech pour­suiv­ent leur exis­tence, leurs ini­tia­tives séparatistes basées sur l’eth­nic­ité, con­stituent des men­aces con­tre la paix régionale, la sta­bil­ité et la sécu­rité de notre pays.” […] “La prise des pré­cau­tions néces­saires dans le cadre de nos droits (selon le Droit inter­na­tion­al), con­tre tous les risques, actions et men­aces qui peu­vent met­tre en dan­ger notre sécu­rité nationale, ciblée par le ter­ror­isme, l’in­tégrité ter­ri­to­ri­ale d’I­rak et de Syrie, des vio­la­tions illégitimes accom­plies dans la zone, est d’une impor­tance vitale pour notre sécu­rité nationale.”

 


- Dans le Kur­dis­tan du sud, il y a à la fois une crise économique, et le référen­dum prochain, dans l’ac­tu­al­ité. Pour vous, est-ce que ce référen­dum est venu dans l’ac­tu­al­ité comme une con­séquence de la crise ou est-il vu comme une méth­ode de sor­tie de cette crise ? Quelles seront les avancées dans le proche avenir dans le Kur­dis­tan du sud.

En réal­ité, le référen­dum et la crise au Kur­dis­tan du sud ne se chevauchent pas tout à fait. La crise a généré le référen­dum ou le référen­dum résoudra la crise, ce dilemme n’ex­plique pas la sit­u­a­tion. Ceci ne cor­re­spond pas à la réal­ité du Kur­dis­tan du sud. La crise est plutôt liée aux poli­tiques qui tien­nent le Kur­dis­tan du sud entre leurs mains. En réal­ité la crise est une con­séquence de la faib­lesse de gou­verne­ment et de mal­adresse. Au con­traire, il aurait pu ne pas avoir du tout de crise dans le Kur­dis­tan du sud. Lorsque la crise du Moyen-Ori­ent est apparue, le Kur­dis­tan du sud était la région la plus sûre et la plus prospère. C’é­tait une région qui était à la fois sous la pro­tec­tion des forces inter­na­tionales, et appro­priée par les qua­tre par­ties des Kur­des. Si une poli­tique con­séquente, à l’a­van­tage des Kur­des avait été menée, elle aurait pu créer une très grande union des Kur­des entre eux, et, égale­ment, une entité fédérée aurait pu être réelle­ment fondée. L’I­rak aurait pu se trans­former en une struc­ture par­faite dans cette fédéra­tion. Mais cela n’a pas pu être réal­isé, et de mau­vais­es poli­tiques ont été menées, et les Kur­des n’ont pas pu s’u­nir, et se sont divisés.

Main­tenant, suite aux mau­vais­es poli­tiques régionales et inter­na­tionales, une crise est née. Et celle-ci s’é­tant réu­nie avec le chaos de la région, une sit­u­a­tion que per­son­ne ne peut résoudre, est présente. Par ailleurs, il n’ex­iste pas de mod­èle d’or­gan­i­sa­tion sociale, et un mod­èle économique n’a pas été crée non plus. Il existe seul un mod­èle cen­tral­isé et basé sur une hégé­monie poli­tique. Il appa­rait alors une poli­tique qui s’est reposé e sur la sou­veraineté, l’op­pres­sion, l’ex­ploita­tion et le pil­lage. Au lieu de pren­dre la force, du peu­ple, en s’a­dos­sant aux forces de la région, la crise est arrivée à un point insol­u­ble. Ni une entité fédérée n’a pu exis­ter, ni une société sta­ble, ni une force économique, ni mil­i­taire ni politique…

- Com­ment cette crise peut-elle être résolue dans ce cas ?

La crise peut être résolue, en prenant en main, les prob­lèmes d’une façon cor­recte. Le fait de met­tre dans l’ac­tu­al­ité un référen­dum, dans une région frap­pée par la crise, est dis­cutable. Pourquoi et com­ment le référen­dum est-il fait ? Dis­ons qu’il est fait pour met­tre à la lumière du jour, la reven­di­ca­tion de l’indépen­dance du peu­ple, etc. Lorsque la reven­di­ca­tion de l’indépen­dance s’est exprimée, l’indépen­dance est trans­for­mée en une poli­tique. Mais les approches des mou­ve­ments, et la sit­u­a­tion en Irak, les cir­con­stances, ne sont pas favor­ables pour cela.
Pre­mière­ment, une struc­ture con­fédérale n’a pas pu être instau­rée dans une fédéra­tion. Il n’a pas eu des pour­par­lers sur la con­sti­tu­tion d’I­rak, et pour faire avancer des réso­lu­tions de crise.
Deux­ième­ment, les forces poli­tiques qui com­posent la fédéra­tion kurde, n’ont pas pu dépass­er les prob­lèmes entre elles et n’ont réus­si à attein­dre l’u­nion poli­tique, pour devenir une entité fédérée. Les mésen­tentes à Bag­dad, la non entente des mou­ve­ments poli­tiques kur­des en Irak, le fait qu’ils ne fassent pas fonc­tion­ner leur par­lement, on amené ce par­lement presque a une dissolution.

Par ailleurs, une fail­lite économique est subie, le pou­voir d’achat de la pop­u­la­tion a bais­sé, et il est ques­tion d’une grande dépen­dance. Ils n’ont même plus les moyens de pay­er les salaires des pesh­mer­gas. Com­ment alors, dans une région si déchirée, allons-nous mesur­er la volon­té du peu­ple pour l’indépen­dance ? Le fait de résoudre les prob­lème dans ce chaos, d’établir une sta­bil­ité et la prospérité et d’aller vers un référen­dum est une chose, met­tre en jeu une volon­té poli­tique  dans l’at­mo­sphère de chaos en est autre.

Le sujet, du “pourquoi ce référen­dum” est attire l’at­ten­tion et crée le doute. Un référen­dum est un moyen démoc­ra­tique pour met­tre à la lumière du jour une volon­té. Mais pour faire cela d’une façon démoc­ra­tique, il est néces­saire d’avoir une société sta­ble, une ambiance sta­ble et des mécan­ismes qui fonc­tion­nent. C’est seule­ment de cette façon là que la volon­té d’un peu­ple peut être avérée. La crise poli­tique et sociale exis­tant dans le Sud, n’est pas vrai­ment oppor­tune pour un référen­dum. C’est comme une par­tie de pok­er. Cela peut être inter­prété comme une approche pour forcer toutes les forces en réac­tion, pour qu’elles se “désis­tent” de leur reven­di­ca­tion d’indépen­dance. Il n’est pas pos­si­ble de savoir à l’a­vance, où ira la réac­tion du peu­ple. C’est une poli­tique curieuse, et dan­gereuse. Le référen­dum n’est pas arrivé dans l’ac­tu­al­ité de ce besoin. Aus­si, dans quelle mesure, les résul­tats du référen­dum, peu­vent-ils réelle­ment faire dis­paraitre la crise exis­tante ? dis­ons que la volon­té du peu­ple est mise en lumière, et il revendique l’indépen­dance. Cette volon­té d’indépen­dance peut être amenée vers un Etat indépen­dant et ceci veut dire se con­damn­er. Si ce pas est entamé, com­ment l’E­tat peut-il être fondé mal­gré la poli­tique menée jusqu’au­jour­d’hui et le chaos dans les fon­da­tions ? Il n’y a aucun sens, à ce qu’une poli­tique qui n’ar­rive même pas créer une fédéra­tion, qui n’ar­rive pas mon­tr­er le tal­ent de se ren­dre indépen­dant même au sens fédéral, mène la volon­té d’indépen­dance exprimée par le peu­ple vers un Etat indépen­dant. Les mou­ve­ments qui déclar­ent qu’ils fer­ont un référen­dum, ne sont pas disponibles eux-mêmes pour cela. Ils sont dans une posi­tion où ils ne peu­vent pas le faire. Le référen­dum n’est pas alors, la solu­tion de la crise. Nous pou­vons dis­cuter cela sous dif­férents angles. Le référen­dum est une sit­u­a­tion à mul­ti­ples prob­lèmes. Et pourquoi ce référen­dum est-il mis pré­cisé­ment dans l’or­dre du jour, à ce moment, et dans ces con­di­tions… c’est le sujet d’une sérieuse discussion.

- Alors pourquoi un référendum ?

Pre­mière­ment, les sit­u­a­tions chao­tiques, crises et déchire­ments poli­tiques ne sont pas oppor­tunes pour un référen­dum. Secun­do, une démarche préal­able est néces­saire auprès des kur­des dans d’autres par­ties du Kur­dis­tan, pour que les dif­férents milieux qui ont des approches et ten­dances très dif­férentes, puis­sent dis­cuter du référen­dum. Aller vers un référen­dum sans pren­dre le sou­tien de tous les kur­des est une approche prob­lé­ma­tique. Et pour finir, en prenant en compte la sit­u­a­tion régionale et inter­na­tionale, insis­ter, con­tre tout le monde, quel genre de poli­tique est-ce là ?

Le pays auquel on fait le plus con­fi­ance sont les Etats-Unis, et ils ne l’ac­ceptent pas. Les pays de la région ne l’ac­ceptent absol­u­ment pas, excep­té l’Is­raël. Ni l’U­nion Européenne, ni la Russie ne l’ap­prou­vent. Pourquoi sommes nous ren­trés dans un proces­sus de référen­dum qui n’est pas accep­té par les forces de la région ? Soit tu pos­sèdes une force très grande et tu es prêt à met­tre en dynamique ta volon­té, et tu te prononces mal­gré tout, “je vais vers le référen­dum”… Mais ceci est un sérieux prob­lème et crée une sérieuse con­fu­sion dans les têtes.

Les résul­tats du référen­dum sont impor­tants pour ces aspects. Si l’indépen­dance ne sort pas des urnes, qui don­nera des comptes pour cela ?Je dis cela pour le par­ti au pou­voir actuelle­ment : qui va ren­dre des comptes ? Com­ment encais­sera-il [le par­ti au pou­voir] les résul­tats ? A‑t-il une idée sur ce que cela veut dire ? Si un tel résul­tat sort des urnes, ils doivent tous démis­sion­ner. Il faut qu’ils arrê­tent la poli­tique. Si le résul­tat est l’indépen­dance, tu entres sous la respon­s­abil­ité de trans­former cette déci­sion en un Etat. Lorsque le peu­ple revendique l’indépen­dance, tu ne peux pas dire, ‘je ne peux pas instau­r­er un Etat’. Dans quelle poli­tique trou­ve-t-il une place, le fait d’ex­pos­er une telle volon­té du peu­ple, tout en sachant que les forces régionales et inter­na­tionales pren­nent tous une posi­tion [défa­vor­able], donc en sachant qu’un tel Etat ne sera pas recon­nu ? De quelle approche poli­tique stratégique peut-il être ques­tion ? Il y a un prob­lème sur ce sujet. Il faut alors deman­der réelle­ment : Qu’est-ce que ce référen­dum ? Et où vont con­duire les résul­tats de ce référen­dum ? Si ce moment con­tin­ue, il y aura des résul­tats que per­son­ne ne recon­naî­tra, aucune force ne sera en osmose. Le Kur­dis­tan sud, qui actuelle­ment ali­men­té par les forces inter­na­tionales et régionales, arrivera au point de fail­lite. C’est là un pas fait en avant sans pren­dre en compte tout cela.

- Quelle est la rai­son du fait que les forces kur­des, qui sont celles qui devraient avancer ensem­ble en pri­or­ité, avan­cent pour dif­férents agen­das d’une façon détachée l’une de l’autre ? Pour vous, quels doivent être l’or­dre du jour et l’ob­jec­tif pri­or­i­taires des Kurdes ?

Entre les Kur­des, des lignes poli­tiques et idéologiques dif­férentes exis­tent depuis longtemps. Cha­cune de ces lignes ont des ordres du jour qui leur sont adap­tés. Il ne faut pas refuser cela, mais les con­di­tions actuelles nous met­tent devant l’oblig­a­tion d’a­vancer ensem­ble mal­gré les dif­férences. C’est pour cela, qu’il faudrait réu­nir les agen­das autant que pos­si­ble, ou arriv­er au point qui per­me­tte d’a­vancer ensem­ble. Main­tenant cela est devenu une néces­sité. Les Kur­des vivent une sit­u­a­tion qui a rarement ren­con­trée dans l’his­toire. Depuis toute l’His­toire, les Kur­des n’ont pas pu trou­ver une telle occa­sion. Les résul­tats de la crise du Moyen-Ori­ent et la lutte et la résis­tance que les Kur­des ont menée leur ont don­né une grande ouver­ture. Les Kur­des sont entréEs dans l’or­dre du jour mon­di­al et la ques­tion kurde est devenu un sujet inter­na­tion­al. C’est une con­quête importante.

La fédéra­tion du Kur­dis­tan du Sud, la sit­u­a­tion au Roja­va, con­fédéra­tion en Syrie du Nord, la lutte menée au Rojhi­lat dans le Kur­dis­tan du Nord, ont placé la réal­ité kurde devant les yeux du monde. La pos­si­bil­ité que les Kur­des gagne est très forte. Mais les forces régionales et inter­na­tionales hési­tent encore à par­ler du statut kurde et elles tien­nent sous leur main, la pos­si­bil­ité d’in­stru­men­talis­er les Kur­des d’une cer­taine façon. Par con­séquent, les Kur­des qui ont une grande chance de vic­toire, sont devant un grand risque d’échec. Alors, ce qu’il faudrait, plutôt que d’a­vancer avec des agen­das dif­férents, pour des ordres du jour dif­férents, ce serait de réalis­er l’u­nion des Kur­des qui représen­terait les Kur­des dans leur glob­al­ité, dans laque­lle cha­cun peut s’or­gan­is­er, s’ex­primer dans son envi­ron­nement démoc­ra­tique. Mais, ce qui ne se fait pas , c’est bien cela.

Le fait que le Con­grès Nation­al ini­tié par le KNK, soutenu par le KCK, et que nous faisons pro­gress­er, revi­enne dans l’ac­tu­al­ité est dû à une telle con­sid­éra­tion. C’est à dire que nous l’avons réal­isé, dans une sit­u­a­tion où il est ques­tion d’une grande con­quête et à la fois d’un impor­tant risque de perte, pour créer une union kurde, et créer des ordres du jour com­muns, plutôt que d’a­vancer à tra­vers des ordres du jour dif­férents. Mais on n’y arrive pas tout à fait. Cha­cun com­pose son agen­da, dans un cli­mat poli­tique défi­ni par ses pro­pres forces et lim­ité par les forces avec lesquelles il est en relation.

Par exem­ple dans le Kur­dis­tan de l’Est, il y a un grand silence. Ce silence est plutôt dû à l’at­ti­tude de cer­tains mou­ve­ments là-bas, qui font mine de sor­tir de temps à autre mais qui, en réal­ité, ne font rien. Mais une attente [de réac­tion] existe aus­si. Ils se com­por­tent, avec un atten­tisme, qui dit ‘la crise du Moyen-Ori­ent pour­rait peut être créer une occa­sion pour nous aus­si’. Ils con­di­tion­nent leur poli­tique à cela. Dans cet endroit, ils font la poli­tique et se pla­cent, selon des cal­culs sur l’ou­ver­ture d’un chemin qui pour­rait être ouvert par les évo­lu­tions inter­na­tionales ou régionales, plutôt que d’adopter une poli­tique basée sur l’U­nion kurde, et la force kurde. Et cela revient à jouer le rôle de roue de sec­ours de la poli­tique des forces régionales et inter­na­tionales. Ce style de poli­tique ne fait rien gag­n­er aux Kurdes.

De l’autre côté, lorsque nous regar­dons au Kur­dis­tan du Sud, plutôt que de rassem­bler les forces et les vic­toires, et de les pos­i­tiv­er en poli­tique, ils ten­tent de s’ex­primer avec des voies qui ne cor­re­spon­dent pas à l’époque, sous pré­texte de faire des pas poli­tiques, et sans se souci­er de leur pro­pre sit­u­a­tion de crise et de chaos. Ce ne sont pas des poli­tiques qui ten­dent vers l’u­nion qui s’ex­pri­ment. L’une est l’at­tente d’une issue poli­tique qui s’ex­primerait à tra­vers les forces extérieures. L’autre veut ouvrir le chemin par des approches poli­tiques qui ne sont qu’ag­i­ta­tion et pro­pa­gande. On avance cen­tré sur soi, sur une par­tie. Le fait qu’un mou­ve­ment basé sur un par­ti, sur sa seule force poli­tique, avance selon son seul désir, est, dans cette péri­ode, très dangereux.

Le fait de tomber dans le filet de la poli­tique régionale et inter­na­tionale que cha­cun a trans­for­mé en une qua­si ten­tac­ule de soi-même, sous le nom d’or­dre du jour “d’indépen­dance”, qui prend comme principe le déchire­ment, la sépa­ra­tion, est une approche dan­gereuse. Cet ordre du jour doit être dépassé.

Si les Kur­des avaient réus­si à instau­r­er des unions, s’ils avaient réus­si à créer les envi­ron­nements démoc­ra­tiques pour avancer ensem­ble, s’ils avaient trou­vé le moyen de préserv­er l’indépen­dance organ­i­sa­tion­nelle, idéologique et poli­tique. Ils n’en seraient pas là… …Nous pen­sons que cela doit être dépassé. Pour cela, au lieu d’une approche qui prend comme principe une par­tie, ou soi ‑même, il faut adopter une approche qui se base sur le prob­lème des Kur­des, con­cer­nant la “patrie”, et l’u­nion. Le Kur­dis­tan est un tout ; il faut une approche qui prend cette glob­al­ité. Secun­do, le Kur­dis­tan est divisé. Sans instau­r­er l’in­tégrité, et l’u­nion de cet ensem­ble, nous ne pou­vons pas met­tre en sécu­rité les parties.

Les men­tal­ités qui veu­lent pren­dre pou­voir tout en refu­sant cette glob­al­ité, sont plutôt ceux qui veu­lent pour­suiv­re les accords Sykes-Picot. Com­ment con­tester Sykes-Picot, et dans le même temps, accepter comme légitime la divi­sion faite par Sykes-Picot et faire de la poli­tique à par­tir de là, pro­duire des solu­tions… Tu dois d’abord pro­duire des solu­tions dans, au sens général, l’u­nion kurde, et au pays des kur­des, auprès du peu­ple uni kurde, pour que les par­ties puis­sent pro­duire des solu­tions libres sous un tel para­pluie. Sinon, il ne peu­vent pas pro­duire des solu­tions. C’est pour cela que les ordres du jour basés sur des par­tis séparés peu­vent con­duire à des résul­tats dan­gereux et chaque par­tie peut per­dre gros.

- Que faut-il alors faire ?

Il faut, à min­i­ma, instau­r­er l’u­nion des Kur­des et sécuris­er les con­quêtes. Avec la force des con­quêtes, mis­es en sécu­rité, défendre l’u­nion et l’in­tégrité du Kur­dis­tan basé sur les qua­tre par­ties, et à la fois, instau­r­er une assur­ance qui met en avant l’au­tonomie et le statut de cha­cune des par­ties. Et le chemin juste pour cela passe par l’u­nion des Kur­des. Une Union kurde basée sur une poli­tique qui prend comme principe la lib­erté des Kur­des et la réso­lu­tion démoc­ra­tique, doit être fondée. C’est avec ces réso­lu­tions poli­tiques que cette union peut se for­mer, et avancer en com­mun, que les Kur­des peu­vent obtenir enfin les plus grandes conquêtes.

- Cer­tains milieux expri­ment qu’ils sou­ti­en­nent le référen­dum au Kur­dis­tan Sud. Pourquoi ces milieux ressen­tent-ils le besoin d’une telle expres­sion ? Pour vous, est-ce possible ?

Dans le Kur­dis­tan Sud, bien que tout soit clair et vis­i­ble, le PDK utilise en con­tinu le men­songe. Ils déclar­ent que les Nations-Unies sou­ti­en­nent le référen­dum, que la Turquie le sou­tient… Je ne sais pas exacte­ment pourquoi ils dis­ent de telles choses, mais les Nations-Unies ont fait leur déc­la­ra­tion offi­cielle. Ils ont dit que le tim­ing du référen­dum n’é­tait pas bien choisi. Ils en ont même par­lé dans leurs réu­nions. Il lui ont demandé [à Barzani] lorsqu’il s’est ren­du aux Etats-Unis, et quand les représen­tants sont venus pour les pour­par­lers, de reporter le référen­dum. Les forces européennes ont demandé la même chose. Quand Barzani s’est ren­du en Europe en délé­ga­tion, il n’a pas reçu beau­coup de mar­ques d’in­térêt. Mais leurs pro­pres médias, allons savoir pourquoi, écrivent sans cesse que les Etats-Unis, l’Eu­rope et même la Turquie sou­ti­en­nent le référen­dum. Le Prési­dent de la République turque a fait une déc­la­ra­tion, il a dit “Ils paieront le prix !”. Cette parole, n’est pas une chose à pren­dre à la légère. Ils n’ont pas dit qu’ils étaient pour un report, mais qu’il étaient con­tre. Et là, il y a quelque chose d’in­téres­sant, c’est la psy­cholo­gie d’or­phe­lin. C’est comme si en créant le sen­ti­ment de “quelques uns nous sou­ti­en­nent”, qu’ils essayent de se pro­téger de la solitude…

Si la Turquie sou­tient le référen­dum, pourquoi alors, dans la démarche de la démoc­ra­ti­sa­tion de laTurquie, n’y a‑t-il rien pour la ques­tion kurde ?

C’est à dire que quelques uns insis­tent, pour mon­tr­er la Turquie comme si elle n’é­tait pas hos­tile aux Kur­des, comme une amie des Kur­des. Cela n’est pas vrai. Le régime poli­tique en Turquie, le gou­verne­ment d’Er­doğan sont hos­tiles envers les Kur­des. et cette hos­til­ité n’est pas seule­ment envers les Kur­des au Nord, mais aus­si envers les Kur­des du Roja­va. Elle est tournée con­tre les Kur­des du sud, et des Kur­des du Rojhi­lat. Il [Erdoğan] crie partout qu’il n’ac­cepterait pas de statut kurde. Alors, quand on dit “la Turquie sou­tient le référen­dum”, on peut avoir des doutes. Si un enne­mi des Kur­des, des assas­sins de Kur­des soute­nait ce référen­dum, on pour­rait dire qu’un référen­dum ne peut apporter rien de bien pour les Kur­des. Mais je ne veux pas dire cela. Je ne dis pas que le KDP garde des rela­tions avec la Turquie et, tient ouvert la porte pour des mas­sacres des Kur­des. Mais je veux dire qu’ex­onér­er la Turquie, de cette façon là, n’est pas accept­able. Pour tout cela, je ne pense pas que la Turquie sou­tiendrait quoi que ce soit qui serait favor­able pour les Kur­des. Nous ne pou­vons pas nous atten­dre à ce que la Turquie accepte  même dans l’op­por­tunisme de la poli­tique actuelle. Par exem­ple il ne serait pas juste non plus de penser comme ceci : pren­dre ce paysage comme si la Turquie mon­trait un pseu­do sou­tien, pour lut­ter con­tre le PKK en bloc avec les forces du Sud, c’est à dire le PDK à la tête.

Finale­ment l’ac­cep­ta­tion de l’indépen­dance des Kur­des est une chose au delà ce cela, une sit­u­a­tion stratégique. Accepter l’indépen­dance des Kur­des, veut dire, l’ac­cep­ta­tion de la ques­tion kurde dans le Nord, au niveau de l’E­tat turc. Et il n’est pas pos­si­ble que la Turquie accepte cela. Je ne pense pas que nous arriverons à cette étape. Ni poli­tique­ment, ni tac­tique­ment, la Turquie ne parviendrait à un tel point, et surtout dans une phase comme celle-là. Dans cette phase, le gou­verne­ment de l’AKP a une seule poli­tique : que le Kur­des n’aient pas le moin­dre droit dans le Moyen-Ori­ent, que les Kur­des n’ob­ti­en­nent pas le moin­dre statut, et même, si c’est néces­saire, dans des endroits où des pos­si­bil­ités se mon­trent, pren­dre des risques, et inter­venir pour les liquider.

Pour cela, exprimer que les turcs ont accep­té ce référen­dum est une très mau­vaise propagande.


Español:  Entrvista con Riza Altun de la KCK a propósi­to del refer­én­dum de inde­pen­den­cia haga clic para leer Roja­va Azadî 

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Lire aus­si :
Un référen­dum pour quoi faire…

 

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