La pre­mière audi­ence du procès de Nuriye et Semih se tenait aujour­d’hui à Ankara. Rap­pelons que les deux enseignantEs licen­ciéEs en grève de la faim depuis le 9 mars 2017 ont été placés en garde à vue le 22 mai 2017 et empris­on­néEs le 23 mai.

Le Tri­bunal a pris une seule déci­sion, d’ailleurs en leur absence : la con­ti­nu­ité de leur incar­céra­tion. La prochaine audi­ence se déroulera le 28 sep­tem­bre prochain, au tri­bunal situé dans le cam­pus de la prison de Sin­can, à Ankara.

Voici quelques détails…

Nuriye et Semih n’ont pas été amenés devant les juges. La Direc­tion de la Sécu­rité d’Ankara a infor­mé le tri­bunal par écrit et argu­men­té leur absence par un “manque de per­son­nel suff­isant, risque de provo­ca­tions, risque de délit de fuite.” Notons que Nuriye et Semih, au 190e jour de leur grève de la faim à ce jour, tous les seuils cri­tiques étant dépassés, ne peu­vent plus être autonomes, marcher, voire parler.

Rap­pelons aus­si que pen­dant leur incar­céra­tion, suite à la détéri­o­ra­tion de leur état de san­té, Nuriye et Semih avaient été hos­pi­tal­iséEs, courant juin. Leurs avo­cats avait sol­lic­ité le Tri­bunal con­sti­tu­tion­nel pour leur libéra­tion immé­di­ate. Le Tri­bunal avait refusé cette requête, “Il n’y a pas de sit­u­a­tion urgente qui atteint leur exis­tence physique et psy­chique qui néces­sit­erait une inter­ven­tion immé­di­ate.”

Une peine de prison jusqu’à 20 ans est demandée à l’en­con­tre de Nuriye et Semih, pour “appar­te­nance à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste et armée”, “pro­pa­gande pour organ­i­sa­tion ter­ror­iste” et “con­tra­ven­tion à la loi sur les man­i­fes­ta­tions et rassemblements”.

Le réquisi­toire pré­cise que les man­i­fes­ta­tions et actions des accusés seraient menées sur l’or­dre “de l’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste” et qu’elles ne peu­vent donc être con­sid­érées comme des actions de recherche de droits, et ajoute “En prenant en compte le fait qu’ils ont scan­dé pen­dant les actions des slo­gans liés à l’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste, la résis­tance active qu’ils ont mon­trée aux forces de sécu­rité, lors des arresta­tions, il s’avère que les actions en ques­tion ont été réal­isées à l’ini­tia­tive de l’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste DHKP‑C, et que les sus­pects mènent des activ­ités au sein du DHKP‑C

Suite à cette déc­la­ra­tion du Pro­cureur, les avo­cats en avaient cette fois appelé à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui avait été sol­lic­itée via un rap­port de 30 pages et 77 para­graphes, extrême­ment détail­lé. La déci­sion de la CEDH est tombée début août : ce fut égale­ment un refus, au motif que “leur arresta­tion ne présente pas de dan­ger vital”, et Nuriye et Semih étaient invités à met­tre un terme à leur grève de la faim.

Mal­gré les inter­dic­tions et blocages, une foule s’é­tait massée aujour­d’hui devant le Palais de jus­tice. Organ­i­sa­tions de société civile, femmes et hommes poli­tiques, représen­tants de syn­di­cats, intel­lectuelLEs et artistes… La com­pagne de Semih, Esra Öza­kça, égale­ment en grève de la faim était égale­ment présente.

Esra Öza­kça

Avant le procès, il a été inter­dit au groupe de sou­tien de faire une con­férence de presse, tout comme aux avo­cats présents devant le tri­bunal, venus pour la défense de Nuriye et Semih.

Rap­pelons égale­ment que le 12 sep­tem­bre dernier, tous les avo­catEs de Nuriye Gül­men, Semih Öza­kça, et Acun Karadağ, ont été mis en garde-à-vue, lors d’une large opéra­tion. Suite à cette vio­la­tion du droit de la défense, les Bâton­niers des Bar­reaux de dif­férentes villes, comme Ankara, Antalya, Adana, Van, Sakarya etc.. se sont présen­tés au tri­bunal comme avo­cats de la défense. C’est un acte his­torique dans l’his­toire des mobil­i­sa­tions du bar­reau turc.

Acun Karadağ, en remar­quant que les avo­cats étaient mis en garde-à-vue le 12 sep­tem­bre, a demandé un délai sup­plé­men­taire pour pré­par­er la défense.

Me Murat Yıl­maz : “La non présen­ta­tion de Nuriye et Semih à leur procès est une démon­stra­tion de  peur.” En faisant référence au manque de preuves dans le dossier, il a pré­cisé que Nuriye et Semih n’avaient pas besoin de se défendre et a demandé l’ac­quit­te­ment et leur libéra­tion immédiate.

Nous souhaitions trois min­utes d’in­ter­ven­tion, pour par­ler de la mise garde-à-vue de nos 18 con­frères et con­soeurs. De nom­breux-Ses avo­catEs, y com­pris moi, avons reçu des coups de pied.” “1130 juristes avaient demandé à être présents lors de cette audi­ence. Nous voulions faire une con­férence de presse avec la présence de plus de 100 avo­catEs”.

Murat Timur, Bâton­nier du Bar­reau de Van a pré­cisé que de nom­breux licen­ciements injustes ont été effec­tués par des décrets. “Nuriye et Semih sont devenus l’e­sprit de toutes celles et ceux qui ont subi ces injus­tices. Nous somme ici pour cette rai­son. Ne perdez pas de vue votre con­science. Vous avez un grand devoir, car ces per­son­nes que vous jugez, sont des per­son­nes qui vont pas à pas vers la mort.

Veli Küçük Bâton­nier du Bar­reau de Adana, a exprimé que “La tolérance aux voix dif­férentes est une richesse” et a pré­cisé “Mes clients sont pris comme cible car ils tien­nent tête à la cul­ture d’asservisse­ment.

Zafer Kazan Bâton­nier du Bar­reau de Sakarya, et Polat Balkan, Bâton­nier du Bar­reau de Antalya ont demandé égale­ment la libéra­tion des accusés. Polat Balkan “Il est néces­saire de réveiller à nou­veau le sen­ti­ment de jus­tice dans l’opin­ion publique.”

Mais on retien­dra la façon dont la police a réprimé, comme c’est devenu l’habi­tude, la foule qui attendait en man­i­fes­tant, et a molesté un cer­tain nom­bre de per­son­nes. (aujour­d’hui à 13h30).

Vous trou­verez ici une pho­to prise par télé­phone, ain­si que des dessins du dessi­na­teur Tarık Tol­u­nay qui ont cir­culé via les réseaux sociaux.


Eng­lish: “It was sup­posed to be Nuriye and Semih’s first hear­ing…” Click to read

Traductions & rédaction par Kedistan. Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
Kerema xwe dema hun nivîsên Kedistanê parve dikin, ji bo rêzgirtina maf û keda nivîskar û wergêr, lînk û navê malperê wek çavkanî diyar bikin. Spas.
Translation & writing by Kedistan. You may use and share Kedistan’s articles and translations, specifying the source and adding a link in order to respect the writer(s) and translator(s) work. Thank you.

 

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.