C’est pas une de vos premières dames royales qui avait dit “s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche” ?
Paraîtrait que c’est d’actualité pour la Turquie. Votre ministre des étranges affaires viendrait sous peu commercer avec notre gouvernement. La brioche française va-t-elle bientôt remplacer le simit ?
Oui, je vous parle de cela parce que je dois me méfier des yeux et des oreilles désormais, pour ne pas me voir devenir la doyenne de Silivri. Alors, parlons baguette, brioche et chocolatines… et mondanités.
Quelle étrange affaire par excellence justement que ces plus de cinquante jours maintenant de prison pour le petit jeune journaliste dont certains journaux chez vous disaient encore il y a peu que c’était un “débutant”. Pour un débutant, le pauvre, il commence par ce que des “chevronnés” n’ont même jamais connu, tant ils chevronnent dans leurs fauteuils de rédaction pépère. Et comme les loups qu’on apprécient ici sont plutôt gris, lui, qui a l’air d’aimer la couleur, est mal tombé.
Toute la France, si j’ai bien compris, va être suspendue à l’encre du stylo du ministre et ses contrats… Vous savez au juste ce que votre ancien général breton propose à la Turquie ?
L’ancien président français ou ses ministres, d’habitude, avaient toujours des avions dans leurs manches… Mais peut être que c’est Erdoğan qui a des choses à vendre ? Quand il a marié sa fille cadette, il a fait entrer un “spécialiste de l’armement” dans le cercle familial. Et je crois savoir que la France veut armer ses drones… Ouais, mauvaise langue, mais j’ai lu ça dans votre Paris Match et aussi ailleurs.
Bon, “échange bureau moderne tout neuf, à peine servi, contre expertise militaire pas trop chère”, ça ferait une belle annonce.
Et, imaginez un instant qu’ils aient attendu tous les deux cette belle rencontre prometteuse pour en tirer les marrons… L’un décroche un contrat pour son gendre, l’autre passe en France pour le général breton qui a fait libérer un “journaliste” et fait remonter la cote descendante d’un jeune résident de l’Elysée français…
Voilà, je fais pas de politique, je vous ai dit.
Mon papotage est paraît-il parfois cynique, pour une dame de mon âge. CertainEs disent “démoralisant”.
Je ne voudrais pas laisser croire pourtant que je me moque de ce que subit le journaliste Loup Bureau dans nos chambres d’isolement pour “terroristes”.
D’abord parce qu’il est loin d’être seul à subir ce sort là, loin d’être seul à gâcher des semaines de sa vie, pour d’autres des années, simplement parce qu’il s/elles ont encore une conscience…
Peut être que si sa cage s’ouvrait, d’autres oiseaux pourraient s’en échapper ?
Et puis, une fois libéré, peut être se ferait-il porteur des voix de toutes celles et tous ceux qu’il laisserait derrière lui ? Si j’en juge par quelques uns de ses prédécesseurs, qui, quand ils ne se taisent pas, ne font que parler d’eux, je me questionne toujours un peu là dessus… Mais ce jeune a du cran, d’après ce que j’ai vu, et ils auront sans doute du mal à l’acheter…
Je papote, je papote, et pendant ce temps là il y a encore des personnes qui se font attraper, juger…
Bientôt, au téléphone, on ne va plus dire pour trouver prétexte à raccrocher “j’ai des dolma sur le feu”, mais j’ai un contrat sur le bureau…
English: “The Strange French Affair of the Wolf, the Simit and the General” Click to read