Dimanche 27 août s’est tenue au cen­tre cul­turel de Der­sim à Paris, une com­mé­mora­tion pour Nubar Ozanyan, impor­tant com­man­dant de la guéril­la TİKKO, tombé le 14 août 2017, en com­bat­tant Daesh au Rojava.

Une cen­taine de per­son­nes étaient présentes pour écouter l’hom­mage ren­du à Nubar Ozanyan, organ­isé par l’or­gan­i­sa­tion Par­ti­zan. L’é­mo­tion des par­tic­i­pants était pal­pa­ble. Après une déc­la­ra­tion de respon­s­ables de Par­ti­zan, des représen­tants du MLKP (autre par­ti d’ex­trême gauche turque) et du KCK (branche poli­tique du PKK) ont pris la parole.

Tous ont salué la mémoire de Nubar Ozanyan, et souligné l’im­por­tance de l’u­nité dans la lutte au Roja­va con­tre Daesh et en Turquie con­tre le régime total­i­taire d’Er­doğan. La céré­monie s’est con­clue par la dif­fu­sion d’une petite biogra­phie du combattant.

Une dernière com­mé­mora­tion aura lieu à Lyon le 03/09, à 14h au cen­tre Mésopotamie.

TİKKO est la branche armée du TKP/ML, le Par­ti com­mu­niste de Turquie/­marx­iste-lénin­iste. Cette organ­i­sa­tion révo­lu­tion­naire maoïste, inter­dite en Turquie, a été fondée en 1972 par İbrahim Kay­pakkaya, une des fig­ures majeures de l’ex­trême gauche turque et kurde. Il a notam­ment affir­mé le droit à l’au­todéter­mi­na­tion du peu­ple kurde, en l’in­clu­ant dans les luttes révo­lu­tion­naires du TKP/ML.

La courte biogra­phie ci-dessous est tirée du com­mu­niqué de l’or­gan­i­sa­tion YDG-France et com­plétée par l’ar­ti­cle de ANF.

Nubar Ozanyan

Mem­bre dis­tin­gué du TKP/ML et com­man­dant de la guéril­la TİKKO, Nubar Ozanyan (nom de guéril­la Orhan Bakır­cıyan) a com­bat­tu en Turquie, en Pales­tine, en Arménie, au Kur­dis­tan avant de finir par tomber en mar­tyr au Roja­va. Né en 1956 dans une famille arméni­enne de Yoz­gat, il perd sa mère très tôt et grandit dans la pau­vreté. Après avoir ter­miné l’é­cole pri­maire de Karagözyan, c’est à Tıbre­vank qu’il ren­con­tre le cama­rade Arme­nak Bakır­cıyan grâce à qui il développe ses idées révo­lu­tion­naire, et rejoint le par­ti avec Hrant Dink, Manuel Demir, Nubar Yalım et d’autres  révo­lu­tion­naires arméniens. A par­tir de ce moment et jusqu’à sa mort il voue sa vie au Par­ti, à la lutte con­tre l’in­jus­tice et à la guerre pop­u­laire. Grand sportif il devient cham­pi­on de Turquie d’haltérophilie, mais sera chas­sé de l’équipe nationale du fait de son appar­te­nance à la com­mu­nauté arménienne.

Après le Coup d’E­tat de 1980, c’est en France, à Paris, qu’il pour­suit la lutte, vivant tou­jours dans la pau­vreté que réserve l’ex­il à tous les migrants et réfugiés. Il y est un mil­i­tant act­if de la con­fédéra­tion du YDG en Europe l’ATİK. Il joue des rôles d’ar­rière plan dans un film de Bel­mon­do avec ses cama­rades pour pay­er les dettes du local de l’or­gan­i­sa­tion. Il fait par­ti de ceux qui ont occupé le dernier étage de la Tour Eif­fel pour pro­test­er con­tre les mas­sacre au Kur­dis­tan d’I­rak, et assure un temps la pro­tec­tion du cinéaste Yıl­maz Güney.

Fin des années 80 il devient com­man­dant et instruc­teur de la TİKKO auprès des cama­rade du Front Pop­u­laire de Libéra­tion de la Pales­tine dans les camps de la Bekaa au Liban et com­bat à leur côté. Accor­dant une impor­tance par­ti­c­ulière à l’é­tude de la théorie marx­iste — lénin­iste — maoïste il se fait con­naitre pour ses analy­ses, ses réflex­ions et son tra­vail intel­lectuel. Con­nais­sant plusieurs langues, son tra­vail de tra­duc­tion a été très utile au développe­ment du Parti.

En 91 il est envoyé par le Par­ti pour com­bat­tre en temps que com­man­dant TİKKO au Karabagh pour défendre le peu­ple arménien, mar­qué par le géno­cide de 1915, con­tre les dif­férentes attaques, notam­ment de groupes liés à la Turquie. Il rejoint ensuite la Turquie où il y organ­ise l’arme­ment de la guéril­la, les pas­sages clan­des­tins et toutes les mis­sions que lui donne le Par­ti. Lorsqu’en 2013 le Par­ti prend la déci­sion de rou­vrir un camp dans les mon­tagnes du Kur­dis­tan d’I­rak, il se porte volon­taire pour ce pro­jet. Per­son­nal­ité très respec­tée par le PKK et les cadres de toutes les organisations
révo­lu­tion­naires turques, il y joue un rôle act­if dans l’u­nion des forces révolutionnaires.

En 2015 à la tête d’un groupe de com­bat­tants il passe au Roja­va pour la for­ma­tion du Batail­lon Inter­na­tion­al­iste de Libéra­tion où il entraîne des dizaines d’in­ter­na­tionaux. Il y est aimé pour son humour, ses cri­tiques mais surtout pour son car­ac­tère hum­ble. Il n’hésite pas à don­ner son arme à un jeune français qui en était fasciné, il offre les uni­formes neuf qui lui étaient réservés aux nou­veaux arrivants, il récupère les chaus­settes dont ne se ser­vaient plus les autres. Mal­gré son âge il con­tin­ue de tenir ses tours de garde et sert le thé aux jeunes pen­dant les for­ma­tions. Il se dis­tingue entre autre lors de la cam­pagne de Siluk et sur le front de Raqqa. C’est le 14 août 2017, à l’âge de 61 ans, qu’il tombe mar­tyr avec 3 blessés autour de lui, un sarde, un iranien et un cana­di­en. Son amour du peu­ple l’au­ra porté dans de nom­breux pays, et il l’au­ra trans­mis à de nom­breux cama­rades de part le monde. Toute sa vie durant il n’au­ra rien eu à lui, ni mai­son, ni vête­ment, il a tout don­né à ses cama­rades, aux peu­ples du Moyen Ori­ent qu’il aimait par dessus tout. Jamais la cul­ture dégénérée du cap­i­tal n’au­ra su le salir, jamais sa volon­té révo­lu­tion­naire n’au­ra faib­li, jamais sa fidél­ité au Par­ti n’a flanché et jamais il n’a cessé d’aimer et de lut­ter pour le
peuple.

Loez

Image à la une : “Les com­bat­tantEs du peu­ples sont immortelLEs”


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Loez
Pho­to-jour­nal­iste indépendant
Loez s’in­téresse depuis plusieurs années aux con­séquences des États-nations sur le peu­ple kurde, et aux luttes de celui-ci.