Esra a été condamnée à la perpétuité, et cela fait près de 14 ans qu’elle est en prison. Elle a d’abord été incarcérée à Izmir, dans la prison de type F, ensuite transférée à la prison d’Eskişehir.
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Esra, du fait de son identité trans, a subi de nombreuses fois, de la part des directions et administrations pénitentiaires, des maltraitances inhumaines, tortures et agressions. Elle a aussi été retenue en isolement pour son identité sexuelle.
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En décembre 2016, elle avait dénoncé les tortures, commencé une première fois une grève de la faim, mais avec l’intervention et le soutien des organisations de société civile, défenseurs des droits humains, droits des femmes et des personnes LGBTI, ses revendications avaient été acceptées, et elle avait mis fin à sa grève le 23 décembre 2016.
Actuellement, elle se trouve dans la prison de Denizli. Et encore une fois, Esra subit…
Et elle dénonce par une lettre écrite le 7 août, qu’elle a pu faire parvenir à sa tutelle…
Tout est arbitraire
“Je suis dans une cellule, ils appellent cela ‘chambre individuelle’ ” dit Esra. “Pour prendre l’air, j’appuie sur le bouton comme il faut et quand il est l’heure, ils m’insultent ‘pourquoi tu appuies pédé ?’ Je ne compte plus les insultes et humiliations.”
“Lorsque je demande à aller au service de santé, ils ne m’autorisent pas à y aller. Ils ne me donnent pas non plus mes traitements. Par exemple je n’ai pas accès à mon médicament contre l’asthme qui pourtant est d’une importance vitale. C’est la même chose pour mon traitement hormonal et mes neuroleptiques”
Esra, dans sa lettre, insiste beaucoup sur ses droits de communication violés. Elle souligne des retards systématiques sur son courrier, minimum 7 jours pour les courriers urgents, fax et recommandés. Quant aux lettres ordinaires, elles attendent ont au moins 20 jours avant de lui être données. Elle précise, “ils ne me fournissent pas à temps, les reçus d’envoi, pour que ces retards volontaires ne soient pas visibles”. Elle demande à l’occasion à la destinataire de cette lettre même, de vérifier, en comparant la date de la lettre et le cachet de la poste.
“L’administration fait obstacle à mon opération autorisée”
“Pour mon opération, j’ai déjà obtenu une décision favorable du tribunal et le ministère de Santé a réservé un budget. Toutes les démarches de justice sont terminées en ma faveur, mais l’administration de la prison fait obstacle.
Afin de me faire transférer vers une prison se trouvant à proximité d’un hôpital apte à réaliser l’opération, le ministère me demande un document prouvant que l’hôpital de Denizli ne fait pas ce type d’opération. En insistant beaucoup, j’ai réussi à obtenir le document demandé de l’Université de Pamukkale, attestant l’impossibilité d’intervention à Denizli. Mais l’administration de la prison a répondu au ministère qu’aucune attestation n’avait été reçue. Ils font ainsi de fausses déclarations.”
“lls empêchent mes démarches, en confisquant mes lettres et requêtes adressées au Procureur de la République, à la Direction Générale des établissements pénitentiaires.”
Elle est interdite de “promenade”, son droit à la communication est empêché, son traitement hormonal ne lui est pas donné. Ses plaintes écrites, adressées au Préfet sont confisquées par la direction de la prison qui la traite de “terroriste”, empêchant l’aboutissement des démarches. Elle explique dans sa lettre qu’elle est méprisée, humiliée, insultée, et continuellement sous pression psychologique, elle dit : “Mes droits sont confisqués. Tous mes droits… De communication, à l’accès aux médicaments, mais surtout mon droit à la Vie. Je n’ai plus d’autres solution que de mettre ma vie en question et d’entamer une grève de la faim.”
Si vous souhaitez être solidaire, voici la page facebook de soutien à Esra (en turc) :
Trans Kadın Esra ile Dayanışma İnsiyatifi