Con­tre la répres­sion, le patri­ar­cat et la guerre: une cri­tique marx­iste de la lutte des femmes au Roja­va, pub­liée le 21/04/2017 sur Co-oper­a­tive Economy.

Il s’ag­it là, de la tra­duc­tion d’une cri­tique marx­iste de la lutte des femmes au Roja­va faite par Nina Berg­er, qui est parue pour la pre­mière fois en alle­mand dans Rev­o­lu­tion­ary Marx­ism 47, en sep­tem­bre 2015. Source : Arbeit­er Macht.

Note de publication préalable de Kedistan :

A not­er que cette “cri­tique” de 2015 sem­ble ne tou­jours pas tenir compte du car­ac­tère “social­iste, écol­o­giste et lib­er­taire” et “com­mu­nal­iste” des proces­sus en cours au Roja­va, ni même de l’a­ban­don cri­tique de l’idée d’E­tat-nation kurde, opéré pour­tant depuis 1993 par Öcalan, et qui reste un “pas­sage obligé” pour beau­coup de marx­istes “canal his­torique”. La car­ac­téri­sa­tion de 3e voie s’ap­pli­querait donc au refus d’en­vis­ager clas­sique­ment “un état social­iste” qu’il faudrait faire “dépérir”, et cacherait la mise au pilori du “com­mu­nal­isme écoso­cial­iste  lib­er­taire”, déjà car­ac­térisé par les marx­istes ortho­dox­es améri­cains de “réformisme com­pat­i­ble avec le main­tien du cap­i­tal­isme”, dans les polémiques qui les opposèrent en leur temps avec Mur­ray Bookchin. Le terme même de “con­fédéral­isme démoc­ra­tique”, qui recou­vre aujour­d’hui tous ces con­tenus sem­ble ici peser de peu de poids… alors même que la place des femmes en est indissociable.


Durant des années, le mou­ve­ment révo­lu­tion­naire en Syrie a eu comme réponse une cer­taine apathie et une immo­bil­ité de la part des mou­ve­ments et par­tis de la gauche occi­den­tale. À l’été 2014, un revire­ment inouï eut lieu. Depuis lors, beau­coup d’at­ten­tion a été don­née à la lutte du peu­ple kurde au Roja­va, aus­si dit Kur­dis­tan ouest [1].

À mesure que la résis­tance des com­bat­tants de la ville de Kobanê, dans le Kur­dis­tan ouest, deve­nait un sym­bole mon­di­al de l’au­tonomie et des droits des femmes, la com­mu­nauté inter­na­tionale kurde a lancé un grand mou­ve­ment de sol­i­dar­ité. Quelles en étaient les orig­ines, qu’est-ce qui a été accom­pli jusqu’i­ci et quelles sont les per­spec­tives pour le futur de ce mou­ve­ment ? Pour répon­dre à ces ques­tions, nous allons ten­ter d’analyser la sit­u­a­tion actuelle. Nous fer­ons la lumière sur cer­tains détails spé­ci­fiques de la vie des femmes kur­des en rela­tion au mou­ve­ment de libéra­tion kurde, et les idéolo­gies qui les sous-tendent.

Réalisations à ce jour

Il est clair que la guerre de libéra­tion du Roja­va a apporté d’énormes pro­grès pour les femmes, iné­galés dans le Proche et Moyen-Ori­ent. Le 5 novem­bre 2014, le gou­verne­ment du Can­ton Autonome de Cizîrê a émis le décret nº22 stip­u­lant l’é­gal­ité des hommes et des femmes vis-à-vis des salaires, des statuts pro­fes­sion­nels, des lois d’héritage et du droit de com­para­ître en tant que témoin au tri­bunal. Le décret inter­dit la polyg­a­mie ain­si que le mariage des jeunes femmes sans leur pro­pre con­sen­te­ment. Ce décret et l’ex­ten­sion des droits soci­aux et démoc­ra­tiques peu­vent con­tribuer à une con­sol­i­da­tion des trans­for­ma­tions que nous avons vues au Roja­va. Si elles per­durent, elles seront un excel­lent mod­èle pour les autres régions du Moyen-Orient.

Sans la par­tic­i­pa­tion active de mil­liers de femmes dans les forces d’au­to-défense des YPJm sans la for­ma­tion de con­seils des femmes et la représen­ta­tion des femmes à tous les niveaux de la vie poli­tique et dans tous les domaines de la vie publique, ces développe­ments n’au­raient pas pu voir le jour.

Un bref historique de la révolution

Passés inaperçus auprès du pub­lic inter­na­tion­al, au milieu de la guerre civile syri­enne, les Kur­des du Roja­va ont établi leur pro­pre sys­tème poli­tique [2]. Ils ont pris le con­trôle des villes et vil­lages de la région kurde du nord de la Syrie, le long des fron­tières avec les régions kur­des de la Turquie, dans trois can­tons séparés géo­graphique­ment : Afrîn, Kobanê et Cizîrê.

La guerre civile syri­enne, qui sévis­sait dans d’autres zones du pays et qui avait déjà provo­qué la perte de cen­taines de mil­liers de vies, était restée assez éloignée de la zone kurde de la Syrie jusqu’à l’été 2013. L’ac­cu­sa­tion selon laque­lle il y avait eu un accord avec le régime d’As­sad est con­testée par les Kur­des, et les Kur­des ne se sont pas non plus alliés à l’Ar­mée Syri­enne Libre (Free Syr­i­an Army, FSA) qui s’est battue con­tre Assad. Au Roja­va, ils voulaient établir une soi-dis­ant « Troisième Voie » [3]. Cela impli­quait égale­ment que les asso­ci­a­tions kur­des s’ab­ste­naient de soutenir la lutte des forces démoc­ra­tiques et pro­gres­sistes à l’en­con­tre du régime d’As­sad. Il ne s’agis­sait pas là seule­ment d’un prob­lème pour la révo­lu­tion syri­enne, mais aus­si pour le futur du Rojava.
À par­tir de juil­let 2012, les Kur­des ont com­mencé à con­stru­ire leur autonomie. Ils ont ouvert des écoles kur­do­phones dont le gou­verne­ment essaye d’empêcher la pro­liféra­tion en Turquie, toutes les ten­ta­tives se voy­ant réprimées par des opéra­tions poli­cières mas­sives. Ils ont aus­si inau­guré une uni­ver­sité et mis en place leur pro­pre sys­tème judi­ci­aire et les struc­tures des con­seils qui font office d’or­ganes locaux et régionaux de l’au­to-admin­is­tra­tion. C’est impres­sion­nant, vu le fait que les forces d’oc­cu­pa­tion dans les zones kur­des, que ce soit en Turquie, en Iran, en Irak ou en Syrie, ont opprimé les Kur­des et renié leur iden­tité pen­dant près d’un siè­cle. 2,5 mil­lions de Kur­des, d’Arabes, de Turk­mènes, d’Ar­méniens et de Tchétchènes vivent ensem­ble dans cette zone. Ces groupes eth­niques ont aus­si de nom­breuses reli­gions différentes.

Les Kur­des se sont organ­isés, ils ont rassem­blés des forces dans 16 par­tis dif­férents et ont fondé le « Haut Con­seil Kurde » comme organ­i­sa­tion fédéra­trice. Ils ont réus­si à abrit­er les 1,2 mil­lions de per­son­nes provenant des villes syri­ennes d’Alep et de Damas qui ont été trans­for­mées en champs de guerre, ain­si que les Yézidis d’I­rak, qui ont fui vers les can­tons kur­des sécurisés. Les Kur­des du Roja­va ont réus­si à inté­gr­er toutes ces per­son­nes mal­gré l’embargo qu’ils subis­sent de la part de l’É­tat turc et du Gou­verne­ment région­al du Kur­dis­tan d’I­rak (KRG) à l’Est. C’est un fait sans pareil.

L’auto-organisation comme clé

Les femmes ont pris un rôle de pio­nnières, tout comme les femmes l’avaient fait lors des révoltes du Print­emps arabe. Les Kur­des et les autres minorités nationales ont organ­isé des con­seils qui n’in­clu­aient que par­tielle­ment les Arabes, qui ont générale­ment une meilleure sit­u­a­tion économique. Il y a des struc­tures de com­munes allant du niveau des quartiers jusqu’au Con­seil du peu­ple du Kur­dis­tan-Ouest. De nom­breux groupes de pro­fes­sion­nels, des asso­ci­a­tions de femmes et de jeunes, ain­si que des minorités eth­niques et religieuses envoient leurs pro­pres délégués.

Par­al­lèle­ment, des con­seils de femmes ont été for­més. Les femmes kur­des ont mon­tré que l’au­to-organ­i­sa­tion n’aide pas seule­ment à se pro­téger des attaques extérieures, mais que c’est aus­si un moyen de se défendre con­tre les struc­tures patri­ar­cales au sein de nos pro­pres sociétés. Toutes les formes d’op­pres­sion des femmes sont dis­cutées lors des réu­nions du con­seil des femmes, et le fruit de ces dis­cus­sions est ensuite propagé dans la société. Le privé devient poli­tique, et la majorité de la pop­u­la­tion kurde sou­tient ce système.

Cette organ­i­sa­tion poli­tique est basée sur le fait que la libéra­tion des femmes n’a jamais été un sujet que les femmes poli­tique­ment con­scientes ont voulu remet­tre à après la révo­lu­tion. Les pro­grammes poli­tiques du PKK et de son par­ti-sœur le PYD [4] citent explicite­ment l’op­pres­sion des femmes comme la con­tra­dic­tion fon­da­men­tale et l’ob­sta­cle prin­ci­pal sur le chemin de la démoc­ra­tie. Les accom­plisse­ments des femmes au Roja­va ne peu­vent être dis­so­ciés des luttes poli­tiques des femmes kur­des. « La révo­lu­tion au Roja­va est d’abord et avant tout la révo­lu­tion des femmes », dit un slo­gan d’Ö­calan [5].

En cette péri­ode cri­tique, que nous décrirons en détail un peu plus loin, il est dif­fi­cile de sures­timer ces accom­plisse­ments. Dans une sit­u­a­tion de guerre per­ma­nente, il est essen­tiel pour chaque par­tie et chaque peu­ple de se servir d’une grande part de ses ressources pour se défendre – jusqu’à 70 % dans le cas du Roja­va selon esti­ma­tions. Cela sig­ni­fie égale­ment que les pou­voirs qua­si-éta­tiques des can­tons reposent sur les lead­ers poli­tiques, en par­ti­c­uli­er avec le PYD et les Forces de défense du peu­ple, et pas seule­ment avec les « con­seils » et la « base ». Cela est inévitable jusqu’à un cer­tain point. Mais il est égale­ment clair que le PYD, comme force poli­tique prin­ci­pale, détient un rôle cen­tral en ce qui con­cerne le développe­ment et les pro­grès futurs, et les lim­ites pos­si­bles à la libéra­tion des femmes et à la com­préhen­sion de la révo­lu­tion. Avant de nous dédi­er à ces ques­tions, nous allons dis­cuter de la sit­u­a­tion des femmes et pas seule­ment des struc­tures poli­tiques au Roja­va, ain­si que de la divi­sion socié­tale tra­di­tion­nelle du tra­vail au Kurdistan.

L’oppression des femmes

De la même manière que les femmes kur­des dans les ter­ri­toires con­trôlés par la Turquie, les femmes kur­des syri­ennes sont soumis­es à de mul­ti­ples oppres­sions. Cela rend leur engage­ment et leur rôle act­if dans l’or­gan­i­sa­tion des struc­tures démoc­ra­tiques encore plus admirable. Elles se bat­tent au front, dans les com­man­dos et elles par­ticipent à la pro­duc­tion économique. Il n’y pra­tique­ment aucun endroit au Roja­va où il n’y a pas de femmes.

Les femmes ont été les actri­ces prin­ci­pales des mou­ve­ments soci­aux au Moyen-Ori­ent, et ce depuis leurs débuts. Tan­dis que les femmes se retrou­vaient dans des posi­tions encore plus pré­caires après la prise de pou­voir des islamistes rad­i­caux dans d’autres pays, les femmes du Roja­va ont pu s’en pro­téger – sauf pour l’at­taque de l’É­tat islamique sur Kobanê à la fin de l’été 2014. Tout comme les femmes kur­des en Turquie, les femmes kur­des au Roja­va et dans les autres zones de la Syrie où des Kur­des vivent – dans les villes, par exem­ple – ont été soumis­es à une oppres­sion mas­sive. Cette oppres­sion a été menée par l’É­tat cen­tral, raciste et répres­sif, qui a refusé d’ac­corder aux Kur­des leurs droits de base comme par­ler leur langue mater­nelle ou obtenir la citoyen­neté syri­enne. Les Kur­des ont aus­si été forte­ment défa­vorisés com­paré à la pop­u­la­tion arabe. Après la chute de l’U­nion sovié­tique, le régime d’As­sad s’est bat­tu con­tre l’Oc­ci­dent de toutes ses forces. Les aspi­ra­tions kur­des à une indépen­dance ont été défendues corps et âme.

Les cir­con­stances ont ren­du plus dif­fi­cile pour les femmes kur­des de se libér­er de l’op­pres­sion patri­ar­cale à laque­lle elles ont été soumis­es par-dessus le marché. Une autre chose qui est spé­ci­fique à la sit­u­a­tion des femmes kur­des est la struc­ture des familles, dans une région qui a tou­jours été défa­vorisée poli­tique­ment et économique­ment. Bien que le PKK décrive ses struc­tures famil­iales comme étant « féo­dales », elles cor­re­spon­dent égale­ment à une « forme de pro­duc­tion asi­a­tique », comme c’é­tait le cas à l’époque de l’empire ottoman.

La mis­ère et l’im­puis­sance dans les zones kur­des ont aidé à main­tenir les struc­tures patri­ar­cales en place. Mal­gré cela, les con­di­tions d’ex­is­tence des femmes kur­des vari­ent grande­ment et la sit­u­a­tion de vie ain­si que la posi­tion sociale au sein de la société kurde y jouent tou­jours un rôle. Beau­coup de fac­teurs ont un impact, comme être proche d’une ville ou à la cam­pagne, venir d’une famille de petits fer­miers ou de grands pro­prié­taires ter­riens, leur affil­i­a­tion de classe ou encore s’ils sont des IDP (per­son­nes déplacées intérieure­ment). Tous ces fac­teurs font une dif­férence sig­ni­fica­tive quant à la charge de tra­vail qu’une femme a, et quant à ses con­di­tions matérielles et financières.

Au même moment, l’op­pres­sion nation­al­iste, raciste, sex­iste et poli­tique des États occu­pants est une réal­ité pour toutes les femmes kur­des [7]. De pair avec l’op­pres­sion patri­ar­cale, cela dépeint un tableau effroy­able. En général, pour la société kurde aus­si bien que l’arabe, il y a une sépa­ra­tion stricte des roy­aumes mas­culins et féminins. Les tâch­es domes­tiques et de soin sont des corvées féminines, tan­dis que le tra­vail salarié, les prob­lèmes publics et le con­tact avec les autres sont le domaine des hommes. Il va sans dire qu’il ne s’ag­it pas là d’une divi­sion juste du tra­vail en ter­mes de charge de tra­vail. En par­ti­c­uli­er dans les zones rurales, où les gens sont à la lim­ite de la sub­sis­tance, les femmes por­tent le plus de poids. Elles n’ont sou­vent aucun droit et aucun dis­posi­tif de pro­tec­tion sociale. Il est clair que les struc­tures pré­dom­i­nantes sont de nature patriarcales.

Les valeurs traditionnelles

La vision tra­di­tion­nelle con­sis­tant à éval­uer le statut d’une femme selon son nom­bre d’en­fants per­siste. Pour­tant, porter des enfants est d’un grand risque pour les femmes, sachant que le sys­tème de san­té est très insuff­isant. Les femmes sont for­cées de tra­vailler pour pas grand-chose, de don­ner la vie et de vivre sans autonomie per­son­nelle. Comme c’est la cou­tume partout au Kur­dis­tan et au Moyen-Ori­ent, les femmes sont mar­iées jeunes, devenant par­fois la deux­ième ou la troisième com­pagne d’hommes beau­coup plus vieux. « L’hon­neur » d’un homme et de la famille réside tra­di­tion­nelle­ment dans la « vir­ginité » et la « pureté » des femmes. Ce sont là des car­ac­téris­tiques pré-cap­i­tal­istes de l’op­pres­sion des femmes, selon laque­lle la femme n’est pas un libre pro­prié­taire de biens, mais quelqu’un qui est con­sid­éré comme une marchan­dise elle-même. Cela s’ex­pose par le fait qu’elle a un prix : la dot, ou prix de la fiancée.

On empêchait les filles d’aller à l’é­cole ou d’ap­pren­dre un méti­er [8], le mariage était l’u­nique futur pos­si­ble. Les mariages for­cés et arrangés sont mon­naie courante, ain­si que les vio­lences. La vio­lence survient surtout au sein des familles et les auteurs en sont les pères et les hommes en général. Au lieu de s’élever con­tre leurs pro­pres oppresseurs, les hommes kur­des repro­duisent l’op­pres­sion économique et poli­tique qu’ils ont subie de la main de l’É­tat en opp­ri­mant leurs femmes et leurs enfants. En plus de cela, le reste de la société défend encore l’idée que l’hon­neur de la famille repose essen­tielle­ment sur le con­trôle d’un homme sur sa femme et ses enfants.

Ce phénomène est large­ment répan­du dans le monde musul­man, il prend cepen­dant sa source dans les bases économiques de la société, ses struc­tures et ses dépen­dances en découlent. Reli­er cela à la reli­gion en igno­rant les autres fac­teurs sous-jacents peut men­er à des sen­ti­ments anti-musul­mans. Les familles tra­di­tion­nelles kur­des ne lais­sent pas leurs femmes avoir de rela­tions avec un autre homme que leur mari. Si une femme enfreint cette règle, elle heurte l’hon­neur de la famille qui est désor­mais con­sid­éré comme « souil­lé ». De plus, il n’im­porte pas que le con­tact sex­uel soit con­sen­tant ou non, ce qui veut dire que, dans le cas d’un viol, c’est la femme qui est fau­tive. Ça a été un grand prob­lème en Turquie, quand les sol­dats turcs ont agressé sex­uelle­ment des femmes kur­des. Les femmes n’ont pu par­ler de ces actes et les ren­dre vis­i­bles qu’après une longue lutte. Toute­fois, encore aujour­d’hui, une agres­sion sex­uelle peut avoir pour con­séquence que les hommes d’une famille tuent une femme afin d’éviter leur pro­pre mort sociale. Même les lois ne peu­vent pas grand-chose con­tre cela.

Con­nais­sant ces con­di­tions, il est remar­quable que les femmes kur­des se soient défaites du poids de ces tra­di­tions et qu’elles aient osé faire les pre­miers pas vers l’au­to-organ­i­sa­tion, en étab­lis­sant même des con­seils de femmes. Dans des sociétés où l’hon­neur a un grand impact sur les vies indi­vidu­elles des gens, ces développe­ments ne peu­vent être vus que comme faisant par­tie d’une force poli­tique et sociale plus forte qui fait s’or­gan­is­er les femmes en tant que com­bat­tantes et qui ren­force leur con­science poli­tique. Le PKK et le PYD offrent une idéolo­gie anti-patri­ar­cale aux femmes, mais aus­si une alter­na­tive à la vie de per­son­ne exploitée au foyer.

La déci­sion pour les femmes de devenir actri­ces dans la sphère publique implique qu’à un moment, les pres­sions exer­cées sur les femmes afin qu’elles restent à la mai­son, entre autres, soient exposées. Dans les régions kur­des de Turquie, cela s’est pro­duit comme con­séquence de la lutte con­tre l’ar­mée turque, quand de nom­breuses femmes se sont retrou­vées en posi­tion de seules garantes de leurs enfants après la mort ou l’ar­resta­tion de leur mari. Cela les a for­cées à chercher du tra­vail en dehors de la mai­son et les a oblig­ées à avoir une vie publique. La lutte poli­tique dans le mou­ve­ment de libéra­tion kurde a aus­si amené la ques­tion de la libéra­tion des femmes à l’or­dre du jour.

On peut induire de cela que des con­di­tions sim­i­laires avaient cours au Kur­dis­tan syrien. L’op­pres­sion par les mains du régime d’As­sad a une orig­ine dif­férente des attaques par l’ar­mée turque au Kur­dis­tan du Nord, mais Assad avait égale­ment peur des aspi­ra­tions d’indépen­dance et il a soumis la pop­u­la­tion kurde à une répres­sion mas­sive. Des mil­liers de femmes ont rejoint le PKK comme guérilleras. Cela témoigne du fait que les struc­tures famil­iales étaient si oppres­sives que les femmes en ont fui mas­sive­ment. Surtout depuis les con­flits poli­tiques comme celui de Ser­hildan ou la guerre avec le KDP du Kur­dis­tan du Sud, de plus en plus de femmes ont mon­tré leur volon­té poli­tique de se battre.

Idéologie

Dans l’idéolo­gie du PKK, et ce depuis le début, la libéra­tion nationale est liée à la libéra­tion des femmes. Cepen­dant, durant les pre­mières années, cette prob­lé­ma­tique était com­plète­ment sub­or­don­née au « prob­lème prin­ci­pal » : la réso­lu­tion de la ques­tion nationale.

Par la suite, la libéra­tion des femmes a été revu comme étant le cœur du prob­lème, rem­plaçant l’op­pres­sion nationale. Pour pouss­er cette réflex­ion plus loin, une idéolo­gie a été for­mulée et dévelop­pée, non seule­ment par Öcalan, mais aus­si par des meneuses guer­ril­léras. Cette idéolo­gie jus­ti­fie la con­cen­tra­tion sur les femmes dans le cadre plus général de la lutte de libéra­tion kurde. Son but n’é­tait pas seule­ment l’in­té­gra­tion des femmes dans la lutte, il a été claire­ment dit que, sans les femmes, la lutte dans son inté­gral­ité n’est pas du tout possible.

Afin de soutenir cette idéolo­gie, l’ex­is­tence d’un précé­dent « matri­ar­cat » dans la Mésopotamie antique – c’est-à-dire dans la région kurde – a été établie [9]. Le matri­ar­cat a été déchu de son pou­voir par le patri­ar­cat mon­tant, prenant le con­trôle de l’aug­men­ta­tion de ressources socié­tales. L’asservisse­ment des femmes et les traits car­ac­téris­tiques négat­ifs tels que l’égoïsme, l’iné­gal­ité, l’in­jus­tice et l’ab­sence de lib­erté remon­tent aux orig­ines du patri­ar­cat, et sont asso­ciés à la mas­culin­ité et à la néga­tiv­ité. L’émer­gence des États et du cap­i­tal­isme porte les mêmes connotations.

Des valeurs féminines ?

L’har­monie, la paix, la lib­erté et la démoc­ra­tie sont attribuées aux femmes comme étant des valeurs féminines clas­siques. Les com­pé­tences sociales en découlent égale­ment. Par leur rôle majeur dans le matri­ar­cat passé, les femmes sont vues comme les por­teuses naturelles du « social­isme ». Quant le patri­ar­cat a pris le dessus, non seule­ment les femmes furent opprimées et réduites à la soumis­sion, mais ça a finale­ment été le des­tin de tout le peu­ple kurde.

La péri­ode antérieure où la société était dom­inée par les femmes est dépeinte comme un âge d’or, dont le sou­venir doit jouer un rôle dans l’éveil de la nation kurde. La « révo­lu­tion néolithique des vil­lages » est conçue comme la rai­son pour laque­lle l’hu­man­ité ressent un pro­fond désir de vie naturelle et en lib­erté. Le mythe selon lequel les femmes sont plus con­nec­tées à la nature et en savent par con­séquent davan­tage à pro­pos des mys­tères de la vie, par leur capac­ité à don­ner la vie, est devenu un thème cen­tral dans nom­bre de textes d’Ö­calan ain­si que dans le mou­ve­ment des femmes kurdes.

La dis­cus­sion à pro­pos du matri­ar­cat et des femmes est forte­ment liée à la biolo­gie. Des car­ac­téris­tiques qua­si-naturelles sont attribués aux hommes comme aux femmes [10]. Les femmes ressen­tent une respon­s­abil­ité naturelle de pren­dre soin des enfants, une chose que les hommes doivent appren­dre. Les femmes sont car­ac­térisées comme étant paci­fistes, tan­dis que les hommes sont caté­gorisés comme belliqueux. Les femmes ont égale­ment de meilleures straté­gies de réso­lu­tion des con­flits, non pas parce qu’elles per­fec­tion­né ces attrib­uts sous la con­trainte d’une société hos­tile, mais aus­si grâce à des prédis­po­si­tions biologiques supposées.

Le rôle des femmes dans la lutte est si cen­tral parce que la société kurde, d’après Öcalan, voudrait retourn­er à ses racines de l’an­ci­enne Mésopotamie, c’est-à-dire au matri­ar­cat. L’op­pres­sion du peu­ple kurde et des femmes kur­des ne peut donc être vain­cu que par une vision de la libéra­tion dans laque­lle les deux fac­teurs sont mutuelle­ment dépen­dants. Sans révolte des femmes, le Kur­dis­tan ne peut être libéré. Le rôle de la femme kurde, qui avait tou­jours été celui de sub­or­don­née jusque-là, est donc devenu très impor­tant. Les femmes sont assignées au rôle de pionnières.

La cas­sure rad­i­cale avec l’im­age que la société avait des femmes – une image créée par les forces d’oc­cu­pa­tion et par les struc­tures de clan autant que par la reli­gion, qui a tou­jours jus­ti­fié les rela­tions oppres­sives – a con­duit a une con­tra­dic­tion pro­fondé­ment ancrée qui a des con­séquences con­sid­érables pour le mou­ve­ment des femmes. D’un côté, cette con­tra­dic­tion est intime­ment con­nec­tée à l’énorme engage­ment dont les femmes font preuve, de l’autre côté, elle attache involon­taire­ment les femmes à leurs rôles traditionnels.

D’un point de vue cri­tique, bien sûr, la référence mythique ne peut être cau­tion­née. Il faut égale­ment dire explicite­ment que, aus­si impor­tant que soit le rôle décisif des femmes dans la lutte pour la libéra­tion, ces attrib­uts essen­tial­isés leur impose d’énormes fardeaux [11]. La con­sol­i­da­tion de l’im­age des femmes est non seule­ment prob­lé­ma­tique en soi, mais cela con­stitue égale­ment un frein dans la lutte de libéra­tion, et un endur­cisse­ment des con­di­tions extérieures par de puis­sants opposants pour­rait être con­sid­éré comme la preuve d’un manque de patri­o­tisme des femmes.

Le manque d’une analyse de classe

Les théories d’Ö­calan ne font pas d’analyse de la société kurde et elles ne pla­cent pas non plus la lutte kurde dans le con­texte poli­tique des États exis­tants dans le monde. Toute­fois, la révo­lu­tion syri­enne a ouvert les portes au pro­jet du Roja­va et lui a servi de catal­y­seur. Et les change­ments, quels qu’ils soient, qui ont lieu dans le mélange poli­tique syrien auront des con­séquences sur celui-ci. De plus, se pose la ques­tion de savoir pourquoi le social­isme n’est pas au som­met de l’or­dre du jour du mou­ve­ment des femmes, si le social­isme est désigné comme étant un trait imma­nent aux femmes. Il s’ag­it là d’une énorme faib­lesse, et poten­tielle­ment fatale, du pro­gramme du PKK/PYD. Leur com­préhen­sion du social­isme est prise à par­tir de la « vision » d’une « troisième voie » entre le cap­i­tal­isme et le social­isme, où les coopéra­tives jouent un rôle-clé dans le « social­isme » du PKK, mais pas l’in­ter­ven­tion d’É­tat ni la nation­al­i­sa­tion, comme ce serait le cas avec le réformisme social-démoc­rate tra­di­tion­nel. Il n’ap­pa­raît pas dans le pro­gramme de société libre de l’é­conomie de marché ou avec une économie démoc­ra­tique et plan­i­fiée. Sans l’ex­am­in­er davan­tage, le mod­èle est délégitimé dès le départ, accom­pa­g­né d’une cri­tique du stal­in­isme (social­isme d’État).

L’at­tri­bu­tion de car­ac­téris­tiques sociales et biologiques aux femmes con­solide encore plus leur rôle de mères. Les femmes sont vues comme des édu­ca­tri­ces et des for­ma­tri­ces de per­son­nal­ité pour les enfants, les trans­met­teuses d’une cul­ture par l’en­seigne­ment de la langue, de la musique, des habi­tudes ali­men­taires, de la morale et des valeurs. Mal­gré l’op­pres­sion de la cul­ture kurde, l’idée que les femmes sont pro­fondé­ment con­nec­tées à la tra­di­tion et qu’elles doivent en être les défenseures est une épée à dou­ble tran­chant. Pour ce qui est de la trans­mis­sion de la cul­ture, on par­le là d’une cul­ture forte­ment patri­ar­cale qui est actuelle­ment passée de mère en fille, une cul­ture dans laque­lle elles sont empris­on­nées et con­damnées à la con­di­tion d’esclave, avec la men­tal­ité qui y est asso­ciée. Les femmes peu­vent-elles se débar­rass­er de ce rôle seule­ment par l’ac­qui­si­tion d’une nou­velle idéologie ?

Culture et nation

Au-delà des attri­bu­tions biologiques infondées sci­en­tifique­ment, la divi­sion du tra­vail est un autre point qui trou­ve sa rai­son dans la pro­tec­tion de la cul­ture kurde face aux États oppresseurs. Cepen­dant, c’est pré­cisé­ment l’at­tri­bu­tion de cer­taines respon­s­abil­ités aux femmes qui con­solide leur rôle tra­di­tion­nel. Les femmes doivent d’abord se libér­er de leur sub­or­di­na­tion aux hommes, et elles ont besoin d’une base économique pour cela. Une trans­for­ma­tion exclu­sive­ment idéologique n’au­ra sim­ple­ment pas lieu ou sera immé­di­ate­ment ren­ver­sée par les réac­tion­naires si elle ne se base pas sur l’indépen­dance économique des femmes.

Heureuse­ment, la cri­tique de la famille est acérée, elle est com­prise comme étant « la forter­esse prin­ci­pale et la plus sta­ble de l’homme » [13], « la plus petite cel­lule dans la struc­ture de dom­i­na­tion sociale », « la tombe de la femme » et « un puits sans fond » [14]. Et pour­tant, par­al­lèle­ment, elle est aus­si vue comme un foy­er de la cul­ture kurde, qui doit être préservé. Le rôle des struc­tures famil­iales con­tem­po­raines n’est pas analysé fon­da­men­tale­ment comme une fonc­tion préser­vant les rela­tions patri­ar­cales et cap­i­tal­istes et comme étant le lieu du tra­vail domes­tique privé, non rémunéré et prin­ci­pale­ment féminin. Le rôle de la famille pour un nou­veau Kur­dis­tan a été réin­ter­prété et a subi une réforme, mais il n’est pas ques­tion­né dans ses principes.

Famille et salariat

Aucune ques­tion n’est posée sur ce dont auraient besoin les femmes et les hommes pour laiss­er der­rière eux les struc­tures famil­iales rigides et oppres­sives. De même, pas de ques­tion­nements sur les bases économiques qui doivent être réor­gan­isées, y com­pris pour les tâch­es ménagères en général faites gra­tu­ite­ment par les « femmes au foy­er ». Il n’y a pas non plus d’idées con­crètes pour de nou­velles formes de coex­is­tence, ni de piste pour des fonde­ments économiques qui rendraient cette coex­is­tence pos­si­ble. La libéra­tion des rôles de genre et leur dépasse­ment ne peut être effec­tuée de façon dic­ta­to­ri­ale, d’une façon décon­nec­tée de nou­velles per­spec­tives, de nou­velles deman­des et de con­cepts tran­si­tion­nels. Avec les con­di­tions de vie qui découlent du cap­i­tal­isme, les femmes ont une nou­velle tiré la courte paille. L’op­pres­sion des femmes ne sera pas abolie, mais seule­ment adap­tée aux nou­velles demandes.
Öcalan, le PKK et le PYD n’ont claire­ment pas de con­cept per­me­t­tant la libéra­tion des salariés, qui est pour­tant au cœur de la théorie marx­iste pour la libéra­tion des femmes. Bien que la « mise au foy­er » des femmes soit dénon­cé par le cap­i­tal­isme comme la méth­ode la plus bru­tale d’ex­clu­sion de l’é­conomie pour les femmes, il manque une théorie, un pro­gramme ou même juste des deman­des sur com­ment les femmes kur­des pour­raient se libér­er de ce dilemme. La par­tic­i­pa­tion à la vie publique et, avant ça, la par­tic­i­pa­tion au proces­sus de pro­duc­tion, con­stituent le « sec­ond pili­er » de l’au­to-déter­mi­na­tion des femmes.

Mal­gré le manque, idéologique­ment par­lant, d’une analyse et d’un pro­gramme, de nom­breuses coopéra­tives de femmes ont été fondées au Roja­va. Le but est d’im­pli­quer les femmes dans l’é­conomie et de leur per­me­t­tre s’é­manciper finan­cière­ment. Les coopéra­tives ont le vent en poupe dans des branch­es économiques comme celles de la farine, du lait, du fro­mage et de la pro­duc­tion tex­tile ain­si qu’en agri­cul­ture. Il n’y a presque aucune grande entre­prise privée, les firmes privées qui exis­tent n’ont pas plus de 15 à 20 employés. Ce sont les quelques firmes qui ont survécu aux attaques de la guerre civile syri­enne. Il nous faut ajouter que les pro­prié­taires ter­riens privés con­trô­lent env­i­ron 20 % du ter­ri­toire au Roja­va. Il y a beau­coup de petits fer­miers, et l’oli­garchie kurde ne peut être con­sid­érée comme une force déci­sive dans le paysage poli­tique. Plusieurs mil­liers d’hectares de ter­res de l’É­tat ont été don­nés à des fer­miers sans terre. Les out­ils et les machines néces­saires ont égale­ment été don­nés gra­tu­ite­ment. Par­mi les nou­veaux pro­prié­taires ter­riens, nom­breux sont ceux qui cul­tivent leur terre en faisant par­tie d’une coopérative.

Toute­fois, le fait que les développe­ments au Roja­va n’aient un futur qu’avec l’éven­tu­al­ité que la révo­lu­tion syri­enne réus­sisse mon­tre claire­ment que la faib­lesse rel­a­tive des grands pro­prié­taires ter­riens et des cap­i­tal­istes pour­rait en réal­ité n’être que tem­po­raire. Dans le cas d’une « paci­fi­ca­tion démoc­ra­tique » venant d’au-dessus, la sit­u­a­tion pour­rait chang­er rapidement.

Alignement stratégique

En principe, la coopéra­tive peut être un moyen d’in­té­gr­er davan­tage les femmes dans la pro­duc­tion, et ce de façon plus per­ma­nente. C’est aus­si un moyen de ral­li­er la pop­u­la­tion rurale à une trans­for­ma­tion social­iste de l’é­conomie. Mais cela vient avec cer­taines con­di­tions. La coopéra­tive, l’en­tre­prise autonome, est encore une forme de pro­priété privée pro­duisant pour un marché. Elle ne peut devenir le véhicule d’une tran­si­tion que si elle est inté­grée à une stratégie qui implique l’étab­lisse­ment d’un gou­verne­ment de tra­vailleurs et d’a­gricul­teurs. Pour faire cela, la révo­lu­tion démoc­ra­tique doit être ren­due per­ma­nente et elle doit être con­nec­tée à la réal­i­sa­tion d’une trans­for­ma­tion social­iste. La libéra­tion des femmes ne sera durable que dans le cadre d’une telle stratégie.

Glob­ale­ment, le pro­jet du Roja­va a un car­ac­tère révo­lu­tion­naire exem­plaire, surtout pour ce qui est des avancées pour les femmes. Il peut servir de mod­èle aux autres même si, jusque-là, l’é­man­ci­pa­tion a été incom­plète. Oui, les femmes ont été impliquées dans les réformes et les insti­tu­tions démoc­ra­tiques. Mais la libéra­tion économique com­plète est encore lente, car la ques­tion de la pro­priété ne peut être résolue pour le moment, à cause de la guerre et de l’embargo. Les raisons idéologiques du pro­jet du Roja­va et de sa libéra­tion des femmes sont con­tra­dic­toires et doivent être soumis­es à une cri­tique marx­iste. Cela s’ap­plique non seule­ment à la ques­tion de l’o­rig­ine de l’op­pres­sion des femmes, mais aus­si à la cri­tique incom­plète qu’ils pro­posent de l’in­sti­tu­tion famil­iale. Il est impor­tant, tout par­ti­c­ulière­ment, que le pro­gramme de libéra­tion sociale de la femme tra­vailleuse inclue une « social­i­sa­tion » du tra­vail domes­tique. Seule­ment ain­si pour­ra-t-on faire de la famille autre chose que la « tombe de la femme ». Cette approche fait défaut au Rojava.

Mal­gré cela, les développe­ment ayant lieu au Roja­va ont apporté un énorme ren­force­ment des femmes. La ques­tion du genre est omniprésente au Roja­va grâce aux struc­tures organ­i­sa­tion­nelles très fortes des femmes. Cela s’ex­prime aus­si par les unités d’au­to-défense et les coopéra­tives de femmes. Une bonne base a été mise en place, à par­tir de laque­lle les struc­tures patri­ar­cales peu­vent être com­bat­tues sans compromis.

Le des­tin futur de la libéra­tion des femmes au Roja­va dépen­dra en par­ti­c­uli­er de si le nou­veau gou­verne­ment arrive à faire face à l’É­tat islamique et au régime d’As­sad. En d’autres ter­mes, cela dépend finale­ment du devenir de la révo­lu­tion syri­enne. Deux­ième­ment, cela dépen­dra aus­si de si la pro­gres­sion démoc­ra­tique au Roja­va peut être con­nec­tée à une trans­for­ma­tion sociale des autres zones kur­des et de tout le Moyen-Ori­ent, de manière à éradi­quer les racines socié­tales de l’op­pres­sion des femmes. Pour que cela arrive, il faut un plus grand sou­tien inter­na­tion­al de la lutte des femmes, du pro­jet du Roja­va et de la révo­lu­tion syrienne.


Notes de bas de page
(1) Zeller, Christian: Kobanê: Symbol of resistance and struggle for self-determination, in: Emancipation, 4, No. 2, 2014, p. 5
(2) Flat, Anja / Ayboga, Ercan / Knapp, Michael: Revolution in Rojava, p. 23
(3) http://kurdistan.blogsport.de/2014/04/
(4) Flat, Anja: Women in the Kurdish Guerilla, 2007, p. 48
(5) Civaka Azad Infoblätter: Focus: Revolution of women in Rojava (Nordsyrien), issue 6 / November 2013
(6) Brauns, Nikolaus / Kiechle, Brigitte: PKK, perspectives of the Kurdish freedom struggle, 2010, p. 220
(7) Flach, Anja: Women in the Kurdish Guerrilla, 2007, p. 29
(8) Ibid., P. 33
(9) PJA (Partiya Jina Azad [Free Women’s Party]), Free Women’s Party: Program; 2002, p. 66 f.
(10) Brauns, Nikolaus / Kiechle, Brigitte: PKK, perspectives of the Kurdish freedom struggle, 2010, p. 244
(11) Ibid., P. 245
(12) PJA (Partiya Jina Azad, Free Women’s Party), program; 2002, p. 14
(13) Ibid., P. 30
(14) Ibid., P. 71

 


Traduction Merhaba Hevalno. Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
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