Reyan Tuvi, journaliste, photographe et réalisatrice documentariste, revient avec un nouveau film sur l’occupation de Kobanê, “Pas de place pour les larmes”.
Nous connaissons Reyan, par son film documentaire de 2014 “Jusqu’à ce que le visage de la Terre soit le visage de l’amour !” où elle parle de la Résistance Gezi de 2013. Le film prend son nom d’un poème d’Adnan Yücel, dont vous trouverez une traduction dans cet article.
Jusqu’à ce que le visage de la Terre soit le visage de l’amour !
“Jusqu’à ce que le visage de la Terre soit le visage de l’amour !” n’était pas le premier film de Reyan. Elle a réalisé “Offside”, en 2010, un documentaire sur deux réfugiés nigérians Taju et Rachid dont les chemins se sont croisés en Turquie, leur combat pour survivre, et qui parle aussi de leur ami Festus Okey. Festus, ou de son surnom “Okute” lui aussi réfugié africain, partage avec Taju et Rachid une passion pour le foot. La mort d’Okute, tué en garde-à-vue, secoue la vie des deux amis.
Vous pouvez visionner en suivant ce lien, une vidéo (en anglais) concoctée par le Festival de film suisse, Visions du Réél dans laquelle Reyan parle de son film “Offside”.
Pas de place pour les larmes
Gözyaşına Yer Yok / No place for tears
Point zéro de la frontière Turquie-Syrie. Côté Syrie, Kobanê, et côté turc le village de Maheser, des lieux de vies dont les habitants se sont liés par des relations familiales et d’amitié qu’ils ont tissées depuis des siècles.
Ces voisins, séparés par une frontière, subissent toutes les conséquences de la guerre, et lorsque Daesh occupe Kobanê, la population civile traverse la frontière et se réfugie côté Turquie. Certaines familles trouvent asile dans les camps de réfugiés, d’autres sont accueillies au village de Maheser.
Ce documentaire propose une observation de longue haleine, et raconte la vie des personnes qui espèrent sous l’ombre de la guerre, le jour où elles retrouveront leur proches, sains et saufs, et retourneront dans leur ville, leur maison. En attendant, elles se soutiennent mutuellement, et luttent pour reconstruire leur vie. Dans cette lutte, la solidarité est primordiale, et il n’y a pas de place pour les larmes.
Gözyaşına Yer Yok est film fort, qui entrelace amour, espoir et résistance.
Kobane, ville devenue mythique du Rojava, située à la frontière turco-syrienne, a subi le siège des milices de Daesh qui profita des divisions introduites par la Turquie et de la guerre civile en Syrie profonde. Daesh a bombardé la ville avec de l’artillerie lourde et l’a séparée du reste du Nord Syrie, avec la complicité tacite de la Turquie à ses frontières. La riposte kurde dura quatre mois, durant lesquels sans relâche les forces kurdes de l’YPG (acronyme de Unités de protection du peuple) tentèrent par des contre-offensives coûteuses en combattants de reprendre Kobane, ville quasi détruite, quartiers par quartiers. Durant les combats, de nombreuses familles ont cherché refuge en Turquie proche. De l’autre côté de la frontière, la solidarité s’est organisée, en dépit des interdits turcs. No Place for Tears est un témoignage fort sur les valeurs de la population kurde de Kobane et sur le courage des habitants du village de Maheser qui ont abrité leurs voisins.
Reyan Tuvi a filmé avec empathie la détresse de ceux qui endurent les épreuves de cette guerre. Une parfaite description de cette résilience, qui donne accès à l’un des évènements majeurs de l’histoire récente au Moyen Orient, qui apportera une pierre pour consolider les fondations du Rojava.
Réalisation : Reyan Tuvi | Année : 2017 | Durée : 84′ | Langue : kurde et turc | sous titrages : turc, anglais | montage Thomas Balkenhol | Son : Sinan Kesgin | Production : Reyan Tuvi
Gözyaşına Yer Yok, a participé à de différents festivals. Il a obtenu une mention spéciale du prix inter-religieux, au festival de film Visions du Réel qui s’est déroulé en avril dernier à Nyon en Suisse. Ce prix est décerné aux oeuvres qui “mettent en lumière des questions de sens et d’orientation de la vie”.
Le documentaire de Reyan Tuvi, sera bientôt au Festival de Douarnenez !
Yüksekova, ville ferraille un article de Reyan Tuvi, en français.