Nous avions pub­lié récem­ment l’ar­ti­cle “Uni­ver­si­taires : une autre façon d’agir pour soutenir vos pairs en Turquie”, appelant au boy­cott de l’or­gan­isme turc chargé des échanges et de la recherche, et du choix des uni­ver­si­taires sus­cep­ti­bles de par­ticiper aux échanges, ou aux publications.

Une péti­tion a été lancée : Appel au boy­cott uni­ver­si­taire en Turquie


NE SOYEZ PAS COMPLICES DES CRIMES
DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR TURC

Contexte

En jan­vi­er 2016, 2 212 uni­ver­si­taires tra­vail­lant en ou sur la Turquie sig­naient une péti­tion appelant le gou­verne­ment turc à met­tre un terme à la guerre dans la région kurde, à rechercher une solu­tion paci­fique à la ques­tion kurde, irré­solue depuis des décen­nies,  et à autoris­er des obser­va­teurs inter­na­tionaux à suiv­re la sit­u­a­tion dans les vil­lages et villes détru­its par les forces de sécu­rité. Depuis, les sig­nataires, con­nus sous le nom d’Uni­ver­si­taires pour la paix  ont été soumis à des attaques vin­dica­tives et puni­tives ordon­nées par le prési­dent de la République, Recep Tayyip Erdoğan, et appliquées con­join­te­ment par le gou­verne­ment et les insti­tu­tions de l’enseignement supérieur.

Les Uni­ver­si­taires pour la paix ont été accusés de trahi­son pour avoir appelé le gou­verne­ment turc à met­tre un terme à la vio­lence con­tre ses pro­pres citoyens. Suiv­ant les instruc­tions du prési­dent, le gou­verne­ment, la police, le Con­seil de l’enseignement supérieur et les prési­dents d’université ont uni leurs forces pour faire pay­er un lourd trib­ut aux Uni­ver­si­taires pour la Paix. La cam­pagne de lyn­chage se pour­suit et s’est traduite par de nom­breuses mesures de rétor­sion : vagues d’enquêtes crim­inelles et admin­is­tra­tives, déten­tions, licen­ciements, annu­la­tions de passe­port et inter­dic­tions de sor­tie du ter­ri­toire, sup­pres­sion des droits à la retraite et exclu­sion du marché de tra­vail via une liste noire des numéros de sécu­rité sociale.

Suite au coup d’Etat man­qué de juil­let 2016 et à l’état d’urgence qui l’a suivi, les attaques con­tre les uni­ver­si­taires ont été éten­dues aux sus­pects de loy­auté au mou­ve­ment de Fethul­lah Gülen, un ex-allié du régime AKP qui s’était égale­ment ren­du com­plice de vio­la­tions des lib­ertés et stan­dards académiques en Turquie. À la date du 30 avril 2017, 5 295 licen­ciements uni­ver­si­taires étaient recen­sés. (Cette sit­u­a­tion démon­tre que le sys­tème uni­ver­si­taire turc est util­isé par le gou­verne­ment et ses alliés poli­tiques comme un lieu de patron­age et de repré­sailles, sous cou­vert d’activités scientifiques

Violations des standards internationaux de l’enseignement supérieur

La cam­pagne de lyn­chage con­tre les Uni­ver­si­taires pour la paix con­stitue une grave vio­la­tion des stan­dards inter­na­tionaux d’autonomie, de lib­erté académique et de pro­duc­tion de savoir non doc­tri­nal dans l’enseignement supérieur. Voici une liste, non-exhaus­tive, des vio­la­tions attestées:

  • Les prési­dents d’université encour­a­gent les enseignants-chercheurs et étu­di­ants à sur­veiller et dénon­cer les uni­ver­si­taires sus­pects de cri­ti­quer le gou­verne­ment, et notam­ment les sig­nataires de la péti­tion des Uni­ver­si­taires pour la Paix ;
  • Un jeune enseignant, Mehmet Fatih Traş, s’est sui­cidé après la révo­ca­tion de son con­trat par l’Université de Çukuro­va et le refus de ses can­di­da­tures dans plusieurs uni­ver­sités, au motif qu’il con­sti­tu­ait un dan­ger pour la sécu­rité nationale ;
  • Les graf­fi­ti sur les portes des enseignants-chercheurs, dis­cours de haine et men­aces crim­inelles con­tre les uni­ver­si­taires cri­tiques sont devenus des pra­tiques courantes, util­isées et tolérées sur les cam­pus et en dehors ;
  • Les étu­di­ants appor­tant leur sou­tien aux uni­ver­si­taires licen­ciés sont réprimés et exclus ;
  • Le Con­seil de l’Enseignement Supérieur (YÖK) et les prési­dents d’université col­la­borent avec l’Agence nationale du ren­seigne­ment et la police pour dress­er les listes des uni­ver­si­taires à licencier;
  • Les listes de licen­ciements sont approu­vées par le gou­verne­ment et le Prési­dent de la République, et appliquées par des décrets-lois d’urgence, sans pos­si­bil­ité d’appel;
  • L’organisation gou­verne­men­tale pub­liant les revues sci­en­tifiques (le Réseau académique et cen­tre d’information nation­al – ULAKBIM) a recom­mandé aux directeurs de rédac­tion de ces revues d’exclure les uni­ver­si­taires licen­ciés ou mis à pied des comités de rédac­tion et con­seils scientifiques.
  • Les organ­isa­teurs de col­lo­ques exclu­ent les Uni­ver­si­taires pour la Paix licen­ciés des col­lo­ques, sémi­naires et ate­liers, sous la men­ace du gou­verne­ment et des con­seils de l’enseignement supérieur, ou en accord avec ceux-ci.
  • Le Con­seil de la Recherche sci­en­tifique et tech­nologique de Turquie (TÜBITAK), con­trôlé par le gou­verne­ment a: (a) sup­primé les bours­es et refusé les deman­des de finance­ment des Uni­ver­si­taires pour la Paix; (b) révo­qué les bours­es des doc­tor­ants qui ont signé la péti­tion des Uni­ver­si­taires pour la paix pen­dant qu’ils étaient en séjour de recherche dans des uni­ver­sités hors de Turquie ; © obligé les doc­tor­ants bour­siers à com­mu­ni­quer le con­tenu de leur recherche, pour véri­fi­er que celle-ci ne por­tait pas atteinte aux intérêts nationaux ; (d) con­traint, en ver­tu d’un décret-loi d’urgence, les enseignants-chercheurs licen­ciés à retir­er leur nom des travaux financés dans le passé, pub­liés ou en cours d’évaluation; et (e) sus­pendu la pub­li­ca­tion de livres sur la théorie de l’évolution, alors qu’il appor­tait un sou­tien crois­sant à des pro­jets de « recherche » dou­teux qui promeu­vent le créationnisme.

Le boycott universitaire ciblé

Nous appelons donc toutes les insti­tu­tions de l’enseignement supérieur, les agences de recherche, les asso­ci­a­tions uni­ver­si­taires et pro­fes­sion­nelles et les uni­ver­si­taires en tant qu’individuels à boy­cotter le sys­tème d’enseignement supérieur turc. L’objectif du boy­cott uni­ver­si­taire est d’assurer que tous les licen­ciements soient révo­qués et que la per­sé­cu­tion des uni­ver­si­taires, exac­er­bée sous l’état d’urgence, prenne fin. Le boy­cott est ciblé con­tre les uni­ver­sités et insti­tu­tions de l’enseignement supérieur com­plices, de la manière suivante :

  • Déclar­er un mora­toire  sur TOUTES les futures col­lab­o­ra­tions avec le Con­seil de l’enseignement supérieur (YÖK) et le Con­seil de la recherche sci­en­tifique et tech­nologique de Turquie (TÜBİTAK).
  • Déclar­er un mora­toire sur TOUTES les col­lab­o­ra­tions avec les prési­dents d’université , qui n’ont pas seule­ment vio­lé la lib­erté académique et bafoué les normes inter­na­tionales de l’enseignement supérieur, mais aus­si agi comme des agents de ren­seigne­ment dans leur université.
  • Sus­pendre l’adhésion de tous les respon­s­ables du YÖK et de TÜBİTAK et de tous les prési­dents d’université (liste  ) aux asso­ci­a­tions pro­fes­sion­nelles et scientifiques.
  • Déclar­er un mora­toire sur toutes les futures col­lab­o­ra­tions de recherche avec tous les uni­ver­si­taires des uni­ver­sités com­plices.
  • Déclar­er un mora­toire sur la PARTICIPATION à tous les futurs col­lo­ques, ate­liers et sémi­naires financés et/ou co-organ­isés ou hébergés par le YÖK ou TÜBİTAK, ou toute uni­ver­sité com­plice en Turquie et ailleurs;
  • Déclar­er un mora­toire sur la TENUE ou l’ORGANISATION de tous les futurs col­lo­ques, ate­liers et sémi­naires dans toute uni­ver­sité com­plice en Turquie
Ce boycott ciblé  exclut: (a) les arrangements/accords conçus pour faciliter et rendre possible la mobilité étudiante: (b) les candidatures d’universitaires de Turquie à des postes de professeurs ou chercheurs invités, ou des engagements similaires, avec des universités hors de Turquie.

Uni­ver­si­taires pour la Paix — France,  Roy­aume-Uni, Allemagne

PETITION A SIGNER 
academicboycottofturkey.wordpress.comacademicboycottofturkey.net
contact : academicboycott@gmail.com
MULTILANGUAL : Arabic  |  Bengali  |  Bulgarian  | Chinese (Mandarin) | French | Finnish | |German | Greek |Hungarian | Italian |Japanese | Kurdish (Sorani) | Kurdish (Kurmanji) | Norwegian | Persian | Russian | Spanish |  Swedish | Turkish

Vous pou­vez lire tous les arti­cles de Kedis­tan con­cer­nant les uni­ver­si­taires en suiv­ant CE LIEN et la lutte et la grève de la faim que l’u­ni­ver­si­taire Nuriye Gül­men et enseignant Semih Öza­kça mènent en com­pag­nie de ses cama­rades enseignantEs ICI.

Image à la une : lire L’Université d’Ankara résiste aux purges !

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